Grand Chemin de Monaco à Roquebrune Cap-Martin

VIEUX CHEMIN DE LA CAYOLLE A DALUIS EN 1795


Mise à jour mars 2018

 

Cette note a été établie le 26 floréal an 3 (15 mai 1795) par Aréna adjudant général chef de brigade et Florence Le Fort officier du Génie (). Le rapport complet comprend  les trajets suivants :

1 - Route de Nice à Grasse

2 - De Grasse à Entrevaux

3 - Route d’Entrevaux à Colmars

4 - Route de Colmars à Barcelonnette

5 - Route de Barcelonnette à Entrevaux par Guilhaume

6 - Route d’Entrevaux à Nice par Gillette

Voir aussi les dossiers intenet sur les autres tronçons

 

L’orthographe a été modernisée sauf pour les noms propres. Entre parenthèses sont  indiqués le nom actuel, et les commentaires

Cette transcription est un extrait du chapitre 5

" Après le col on descend à Esteing ( Estenc) par un chemin en zig-zag assez rapide. A la sortie du col du côté  de la vallée d’Esteing (Estenc) on trouve une partie de rocher à peu près de 50 toises qui a besoin d’être travaillé. Cette descente est au N est du col. On laisse à main droite le lac d’Allos( Allos) et à main gauche le cul de sac  du vallon d’Esteing où le Var pourrait prendre sa source quoiqu’elle parte réellement du lac suivant le dire d’une infinité de voyageurs qui ont fait des observations et des habitants du pays.

Note : Roubaudi () page 123 donne les indications suivantes   "Le Var prend sa source au territoire d’Allos à la base d’une montagne appelée Lou Serre de Camaion ou la Caillole ; nous avons déjà dit que c’est le Mons Cemenus, Cema ou Acema de Pline, le mont Camelio ou Cemelio de Giustiniani ou encore le mont Salvius de Biondo. Ce fleuve sort de deux  fontaines, l’une située  au pied d’un roc appelé la Bauma, l’autre au-dessous d’une prairie nommée Pralong, l’une et l’autre à peu de distance du hameau d’Astenck"

 

A une heure de là on trouve le bois de la Braise (Braisse) à la droite du col de la Sanguinière (Sanguinière) et la gauche du vallon de la Sestrière (Sestrière) qui aboutit à Saint Dalmas (Saint Dalmas le Selvage) C’est par cette gorge que les ennemis peuvent intercepter nos communications. On pourrait établir un poste sur le col de la Sanguinière proche le bois de la Braise (Braisse) ou dans quelque village voisin. Il réussirait facilement à leur en imposer.

Au col de la Mouttière (Moutière) sur la gauche et plus loin que le col de la Sanguinière  en face la vallée de Fourte (Fours)  sur le revers de la montagne à l’est se trouve la source de la rivière de Tinée (Tinée) qui a son embouchure proche de Saint Martin du Var (Saint Martin du Var)

Du village d’Esteing (Estenc) qu’on laisse sur la droite du var à Entraunes (Entraunes) il y a  pour 5/4 d’heure de marche. On traverse trois fois le Var sur trois ponts à la distance d’1/4 d’heure l’un de l’autre. Ils sont construits de plusieurs arbres joints  ensemble par un lien au milieu.

En face d’Entraunes situé sur la gauche du Var  en descendant vers son embouchure on trouve de l’autre côté à l’ouest le col des Champs (col des Champs) et plusieurs crêtes qui viennent aboutir à ce village ; A 1 heure et demi d’Entraunes en côtoyant la rive gauche du Var, on trouve à l’ouest la petite rivière de Liaubac (quartier la Bérarde ?) qui descend par le vallon de la gauche du col des Champs.

Il y a également un chemin qui vient de Colmars au col des Champs et de là à Saint Martin (Saint Martin d’Entraunes)

D’Entraunes à Saint Martin il y a pour 1h ½ de marche. On laisse Saint Martin sur la droite du Var. Il y a un pont en bois qui y communique. Le chemin est assez beau et traversé par plusieurs petits ruisseaux qui descendent des montagnes de gauche. Pour la facilité des communications il est nécessaire  de le réparer en différents endroits où il y a le plus d’urgence. A 1 heure de Saint Martin on trouve le village de Sainte Marie , (non localisé, serait à mi chemin entre Saint Martin et Villeneuve) situé sur la même crête que celui-ci ; Il y a également un pont en bois qui sert de communication. A la droite de Sainte Marie est situé le vallon de Rioux Sala (ravin en amont du ravin d’Enaux ?), d’où descendent de la crête du col de Robière (Puy du Pas Roubinous ?) plusieurs petits ruisseaux.

A une heure de là on trouve Villeneuve. Le chemin est assez beau de Villeneuve à Guilhaume (Guillaumes); il y a pour une heure ½ de marche. Sur la gauche de ce village on voit la roche de Cée (Tête de Méric ?) et l’on trouve le village de Chateauneuf et le vallon du même nom d’où descend un petit ruisseau. On traverse à la sortie de Guilhaume la rivière de Tuebi (Tuebi) qui prend sa source au nord au bas du col de la Croix (col de Crous) et une autre branche au NN est au pied du mont Joy (Démant ?) Entre ces deux branches de ruisseau est la roche du mont Neigre (Cime Nègre) ; à ¼ d’heure de là est un petit torrent qui descend des montagnes de gauche. A une demi-heure de Guilhaume on trouve le pont Robert (pont des Roberts) bâti en bois. Le chemin est pierreux ; il a besoin de quelques réparations.

Après avoir traversé le pont on arrive à ½ heure de là par la droite du Var au hameau des Champs (Cante ?) Avant d’être arrivé à ce village on trouve la rivière du même nom  qui descend par le vallon ; Le grand … de la Crisse de Forciau (Fourciao ) du mont Saint Honoré (Saint Honorat) et de la... Du village des Champs à celui  …il y a une heure de marche. On trouve entre ces deux points  deux ruisseaux dont le premier descend du val Saint Mathieu. Cette partie de chemin est escarpée, pierreuse ; Elle a besoin de quelques réparations ; En sortant de Daluis on trouve le vallon du même nom d’où descend une petite rivière entre les deux crêtes du mont saint Honoré et celle de la montagne de Para Grossa (Pierre Grosse)

A partir des indications des deux officiers et de la carte de Cassini des essais de reconstitution du tracé ont été faites.

Sur la carte de Cassini on voit un chemin en rive gauche du Var depuis l’ancienne frontière  puis en rive droite il passe le vallon de Fistonnière   et de nouveau en rive gauche  en arrivant à Entraunes.

On peut penser que le chemin pénétrait dans Entraunes en traversant le Var au pont (reafait depuis) en face de la chapelle San Bastien et Roche, traversait le village par la Grand Rue où l'on peut lire des dates du XVIIIème siècle et resortait du village par le pont de la Rouguière (refait depuis)

D’après la carte au 1/25000 ème et les indications des officiers le tracé du chemin en aval d’Entraunes pourrait être le suivant : bornes 32, 25, 31 en rive droite puis 31, 30, 307, 29, 28, 27, 26, 25. Saint Martin se trouve en rive droite entre les bornes 26 et 25.

En aval de Saint Martin le chemin passait donc peut être en rive droite par les bornes : 25, 24, 23, 23a, 22, 21, 167, 20, 19, 18, 17, 166, 164, 163, 162, 161, avec traversée en rive gauche juste en amont de Guillaumes

Sur la carte de Cassini, on voit à partir de Villeneuve un chemin en rive gauche et un en rive droite avec un pont en aval de Villeneuve et un en amont de Guillaumes pour repasser en rive gauche. En aval de la borne 161 le chemin suivait sur quelques dizaines de mètres la rive droite, mais le pont n’a pas été localisé. Un endiguement avait été fait sous le règne de Charles Albert. Cet endiguement a été repris depuis à l’époque moderne.

Le chemin entrait dans le village par la porte voutée au nord de celui-ci, dite porte de France

Sur une plaque on peut noter que la route carrossable est arrivée à Guillaumes en 1874.

En aval de Guillaume le chemin reste en rive gauche jusqu’au pont des Roberts pour repasser en rive droite. Il passait au pied de Notre Dame de Buyei, ancienne chapelle à la borne 117. Sur la façade on voit la date d’une restauration (1865).

Il passait ensuite à la borne 125 avant de traverser le Var. Le pont est nommé Roberts par Cassini.

On voit sur sa carte un chemin qui part en rive gauche vers l’aval dans la direction du col de Roua.

Peut être cette voie a-t-elle été incomplète et améliorée au moment de l’exploitation des mines, dont celle qui se trouve en rive gauche juste après le pont des Roberts qui aurait été exploitée en 1822-1823 puis abandonnée. Le pont des Roberts actuel a remplacé un ancien pont routier juste en amont, mais sous le pont actuel on observe deux piles, une en rive droite et une en rive gauche avec un accès aménagé par un escalier à la pile rive gauche. Ces piles en pierre sont bien appareillées et rejointoyées. S’agit-il de l’ancien pont ? Après la borne 13 le chemin passait au hameau de Camps, nom utilisé par Cassini, (Champs par les officiers) aujourd’hui Cante. Près de Cante, le chemin traverse le vallon que Cassini nomme Gaula  et les officiers Champs.

En amont du pont moderne on observe des traces d’habitat  sur un petit terrain plat, avec un petit canal en terre en rive gauche. Dans les broussailles on reconnaît des traces de cerisiers et de pieds de vigne.  Mais la carte de Cassini indique le hameau en rive droite

En aval la carte de Cassini montre la traversée du vallon de Saint Martin. Il pourrait s’agir du vallon de Barthéou.

De gauche à droite:

vues du chemin en amont de Bertheou et canal en rive droite du vallon

On peut suivre le chemin en amont du pont et après le passage en rive droite on croise un canal qui débouche au niveau de la route côté aval du pont. Après on ne peut le suivre. Sur un panneau situé au pont de Barthéou il est indiqué que la route a été créée en 1878. Sur la carte au 1/25000ème on reconnait l’ancien chemin sur un tracé pointillé qui rejoint la route actuelle au pont de la cote 748. En aval de Daluis aucun chemin n’est indiqué mais la carte est de mauvaise qualité.

Un ancien four à chaux se trouve en bordure de route.

Le chemin vers Puget Théniers par Daluis présentait l’avantage de passer à une altitude maximum en aval de Guillaumes de moins de mille mètres, alors que le chemin par le col de Roua passait à près de mille trois cents mètres ce qui l’hiver pouvait être beaucoup plus handicapant.

Bibliographie

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

Aréna et Florence Le Fort, Mémoire sur la reconnaissance des communications de l’Armée d’Italie avec celle des Alpes, faite en vertu des ordres du général en chef Kellermann en date du 26 floréal  troisième année de la République.

Collection du Ministère de la Défense, SHD, département de l’armée de Terre, 1 VD 34, art 4 sect 1, parag 5, C1, N° 37

Roubaudi Louis - Nice et  ses environs - 1843 - Paris Turin - consultable sur Internet