Point du Ramingao à Roquebrune Cap-Martin

VOIE ANTIQUE DE NICE (NIKAIA) A MONACO (MONOIKOS)

Ces deux cités existaient plusieurs siècles avant notre ère.

Si l’on suppose que les liaisons maritimes étaient très utilisées entre les deux implantations, on peut penser également qu’il existait une liaison par voie de terre à partir de l’époque où une neutralité relative était observée par les tribus qui occupaient les enceintes de la façade maritime des hauteurs.

La région entre Nice et Monaco comporte en effet de nombreuses enceintes celto ligures dont l'ouvrage de Georges Bretaudeau () donne une description et des plans détaillés

Sur d’anciennes cartes on voit des tronçons de voies nommées « Via Aurelia » mais il y a  lieu d’être prudents sur cette dénomination, car les toponymes ont pu se transmettre par tradition où  être repris à l’époque moderne

 Le professeur Pascal Arnaud (), a fait paraître un article général sur « les voies, routes et sentiers dans les Alpes Méridionales à l’époque impériale » qui mentionne les travaux de E. Desjardins et W.Kubistchek

Il critique également cette appellation de Via Aurelia en opposition avec le Via Julia, dans un article de Nice Historique () à propos de  l’œuvre du Docteur Baréty,( voir plus loin l’étude du tracé proposé par le Docteur Baréty)

La voie héracléenne  est citée par les auteurs antiques tels que Polybe. Son tracé a fait l'objet de diverses hypothèses. Etait-elle une voie mythique ou l'appellation d'un ensemble de voies ? Allait-elle jusqu'en Italie, ou bien était-ce une voie entre Nikaia et Monoikos vers l'est et Nikaia vers Antipolis et au delà à l'ouest.

Etant donné la difficulté de traverser certains obstacles naturels, il vaut mieux se borner à énoncer des passages possibles ou probables d'une voie que l'on pourrait plutôt qualifier de voie phocéenne hypothétique.

Trois  obstacles naturels majeurs conditionnent le tracé d’une éventuelle liaison entre Nice et Monaco. Ce sont les falaises du Cap Roux au droit de Eze, le Cap Estel à l’est de Eze et les falaises de la Mala en aval des Pissarelles à Cap d’Ail à l’est du vallon de Saint Laurent

Entre Nice et Eze, une hypothèse de tracé pourrait être: Nice (NIkaia), à partir d’un point situé vers la porte Pairolière, Rue Bonaparte, chemin du Mont Alban, Col de Villefranche, Col des quatre chemins par le chemin du Vinaigrier, Col nord du Mont Leuze, Plateau de la Justice, Col d'Eze, le pied de Eze village, chemin de la Barmassa, nord de la Brasca Costa Plana (chemin dit romain), parc des mini-bolides,  sud du cimetière de Cap d’Ail les Salines à Monaco.

Pour la partie à l’est de Costa Plana, on pourrait formuler l’hypothèse que le chemin dit romain  de Monaco à la Turbie par l’ouest de la Tête de Chien a utilisé l’emprise de cette voie préromaine présumée. A ce sujet on peut consulter le dossier: voie presumee romaine la turbie monaco

Cependant aucun témoignage ne vient pour l’instant étayer cette hypothèse qui s’appuie sur des considérations de logique.

Le plus ancien monument pouvant éventuellement servir de repère est le gibet de Eze datant du Moyen Age qui domine le plateau de la Justice.

Des chapelles anciennes se trouvaient autour du Col de Villefranche qui sont notées sur un plan de Canestrier, mais il ne donne malheureusement pas ses sources.

L’hypothétique tracé proposé dans ce dossier est en cohérence avec le plan de Bourcet  de 1764 () pour la partie située entre Nice et Eze village. On peut objecter que le tracé du XVIIIème siècle est très loin dans le temps de l’antiquité romaine ou préromaine, mais sauf évènement géologique ou politique grave, ou peut estimer que pour des moyens de transport restés stables les emprises antiques ont pu être conservées à quelques aménagements de détail près.

Entre Eze et Costa Plana (parc des mini bolides à Cap d’Ail) aucun tracé de chemin ne figure sur la plan de Bourcet. Il mentionne une voie entre Eze et La Turbie que l’on peut suivre encore partiellement, mais ce parcours semble illogique pour aller de Eze à Monaco , même au XVIIIème siècle. Sans vouloir contester le travail remarquable de Bourcet, on peut se demander si ce tronçon de voie était déjà désaffecté au XVIIIème siècle, ce qui parait étonnant, ou s’il a été oublié sur le plan.

Cependant sur la carte de Millet de 1747 () on distingue bien à l’est de Eze deux voies , l’une qui rejoint la Turbie et l’autre Monaco.

Sur la carte dite « carta geograffica dimonstrativa del contado di Nizza con trincieramenti esequiti nel l’anno 1742 », on voit nettement une voie se dirigeant de Eze vers le Turbie et une autre allant directement vers Monaco.

Sur la carte au 1/5000 ème de 1970, la voie dans le secteur Plateau de la Justice Mont Leuze est dénommée Via Aurelia. Ceci est mentionné seulement à titre d’information et ne peut être considéré comme un brevet d’authenticité.

Sur la carte de Alb. Beaumont du milieu du XVIIIème siècle la route est qualifiée de « chemin de Gênes »

Sur la carte de Canale de 1817 () ayant servi à la définition des limites entre Eze et la nouvelle Commune de la Trinité, la voie est dénommée antica strada di Genova, par opposition à la Grande Corniche créée au début du siècle et qu’il nomme strada di Genova.

De Nice au col de Villefranche cette voie était commune avec la route de Nice à Villefranche.

Dans son plan de 1825 Rancher la nomme « ancienne route de Gênes » à l’est du col.

Le tracé proposé par le docteur Baréty en 1909 () d’une voie qu’il appelle aurélienne sur son plan, semble ne pas tenir compte des obstacles majeurs énoncés plus haut.

En effet en partant de Nice vers l’est le tracé qu’il suggère passe par le col de Villefranche, descend vers le fond de la rade de Villefranche, passe par les hauteurs de Beaulieu suit la rive droite du vallon de Saint Michel où le rejoint un chemin qui vient du col des quatre chemins, mais ne semble pas tenir compte du passage du Cap Roux. Dans la baie de Eze il remonte vers Eze village, pour redescendre vers le port abri de Saint Laurent mais parait passer trop au sud pour éviter les falaises des Pissarelles. Ce tracé, mis à part la question des obstacles naturels, représente de grands différences d’altitude.

A partir du milieu du XVIIIème siècle on possède un certain nombre de cartes plus ou moins fiables établies dans plusieurs cas en liaison avec la guerre de succession d’Autriche, mais il serait intéressant d’avoir des documents beaucoup plus anciens, pour étayer l’hypothèse présentée ici.

Bibliographie

 

Arnaud Pascal – voies routes et sentiers dans les Alpes méridionales françaises à l’époque impériale – atti del Covegno Bordighera 30 novembre – 1 dicembre 2000, édité par IISL en 2004

Arnaud  Pascal - Nice Historique oct déc 2004 N°4, page 217

Baréty docteur Alexandre – les voies romaines dans les Alpes Maritimes depuis la Roya jusqu’au Var – Nice Historique N°4 oct déc 2004 page 216

 

Bourcet – plan B 58 W – archives du CEPAM CNRS – Sophia Antipolis

Brétaudeau Georges –Les enceintes des Alpes Maritimes – éditions IPAAM 1996

Canale Giocchino - plan numéro 01 Fi 007 intitulé « copia del tipo formato dal signor Gioacchino  Chianale ... indicante i respettivi territorii dei commune d'Eza e Trinita Vittorio »

Millet (Chevalier) – carte des retranchements faits pour la deffense du Comté de Nice par l’armée combinée d’Espagne et de France, dans le mois de septembre 1747