Point du Ramingao à Roquebrune Cap-Martin

CHOLERA NICE 1865-1866

Mise à jour janvier 2020

 

Plaque commémorative apposée dans l'église du Voeu à Nice

EN 1866 LA STATUE MIRACULEUSE DE NOTRE DAME DES GRACES PATRONNE DE LA VILLE ET DE LA REGION NICOISE A ETE ERIGEE  PAR SOUSCRIPTION PUBLIQUE EN RECONNAISSANCE DE DEUX MIRACLES QUI LES AVAIENT SAUVEES DU CHOLERA EN 1832 ET 1862

Cholera de 1865-1866

 

L’épidémie a surtout sévi à Marseille, Toulon et la Seyne, mais le spectre du fléau a suscité beaucoup d’agitation et d’émotion à Nice et provoqué ce qu’on appelle en langage moderne des « fake news » et des réactions de « complotisme », bien qu’apparemment il n’y ait peu de cas déclarés à Nice sauf notamment en ce qui concerne des gens fuyant Toulon et la Seyne et en transit vers l’Italie, et dans les prisons

Aline Martinet (), page 293 et suivantes, a fait une étude détaillée sur le sujet à partir de documents officiels, (voir ci- dessous)

D’après ce qui suit il semble que les rumeurs de choléra à Nice aient commencé à se propager vers fin Aout 1865

.

Des rapports ont été faits en 1866 sur l’origine du choléra à Marseille (Ci-contre entête du rapport), pour faire le point sur l’origine du fléau antérieure à l’arrivée de bateaux provenant du Moyen Orient. Certains pensaient que la contamination s’était faite par des personnes venant d’Alexandrie

Mais d’après une lettre publiée le 8 septembre 1865 dont figurent des extraits ci-dessous il semble qu’il y ait eu des cas à Arles de septembre à décembre 1862.

A Marseille le nombre de cas est resté relativement stable en septembre et début octobre alors qu’à Toulon et la Seyne l’augmentation brutale du nombre de cas en septembre a provoqué un mouvement de panique

On peut voir d’après les articles du Journal de Nice que la population a été assez régulièrement informée de l’état exact de la situation ce qui n’a pas empêché les fausses nouvelles de se propager jusqu’en Novembre 1865 alors que l’épidémie à Marseille et Toulon a cessé vers  début octobre 1865

Cependant il y a eu tout de même une rétention d’information car le Journal de Nice n’a pas informé ses lecteurs, sauf erreur, de cas de choléra qui se sont produits à la prison de Nice.

Il y a eu une recrudescence de l’épidémie en 1866, et il semble que le Journal de Nice se soit bien appliqué à informer la population.

Mais il y a eu encore des cas signalés en 1867 en Méditerranée occidentale.

 

L’épidémie à Marseille

 

Il n’y aurait pas eu de cas enregistré de malades ni de décès après le 16 octobre 1865 à Marseille.

Dans le rapport mentionné ci-dessus il est indiqué « j’ai tenu à relater des faits de choléra antérieurs à la prétendue importation d’Egypte pour démontrer l’existence à Marseille d’un choléra grave, mortel à forme asiatique, avant même son développement à l’état épidémique à Alexandrie… le choléra existait à Marseille plus de dix jours avant les premiers arrivages d’Alexandrie (11 et 15 juin)… »

 

Extraits du Journal de Nice

 

Lundi 5 juin 1865

 

Le paquebot des Messageries Impériales est parti d’Alexandrie pour Marseille le 2 juin à 7 heures du soir…le retour à Marseille aura lieu probablement, dans la soirée du 7 courant

(Pas de remarque particulière. Dans le rapport de 1866, le paquebot Stella, arrivé à Marseille le 11, sera mis en cause pour la transmission du choléra)

 

Jeudi 22 juin 1865

 

Le transport à vapeur le Rhône a mouillé ce matin en rade de Toulon. Ce navire quoique se trouvant dans les meilleures conditions sanitaires, a été mis en quarantaine…le Rhône  ramène 912 passagers de Chine et de Cochinchine (le canal de Suez a été ouvert en 1867). Pas de remarque particulière. Est-il passé par le Cap de Bonne Espérance ?

 

Lundi 26 juin 1865

 

S.E. Omar Pacha et sa suite sont arrivés jeudi par le paquebot Quirinal (Pas de remarque particulière)

 

Mercredi 28 juin 1865

 

Une dépêche télégraphique que nous avons reçue d’Alexandrie à la date du 22 juin constate que la santé du personnel de la Compagnie de Suez en cette ville est très bonne. Aucun cas de choléra ne s’est manifesté dans l’isthme.

 

Mercredi 26 juillet 1865

 

Les dernières nouvelles d’Egypte annoncent la décroissance très marquée de l’épidémie de choléra qui a surtout sévi à Alexandrie et au Caire et qui n’a pas épargné la colonie européenne...

 

Mercredi 2 aout 1865

 

Lettre du Comte Raoul de Buisson intitulée « le choléra en Afrique et en Asie »

Il fait une description terrible du choléra notamment à Djeddah en Arabie saoudite

 

Mercredi 9 aout 1865

 

Nous apprenons que le gouvernement pontifical pour le port de Civita Vecchia vient d’établir une quarantaine de sept jours, applicable aux navires venant du Levant et de quatre jours pour  les navires venant de Marseille (Le Novelliste)

 

Jeudi 10 aout 1865

 

…Le service sanitaire de Marseille sur l’avis de l’administration, a reçu du Gouvernement l’autorisation de prendre  directement et d’office toutes les mesures qu’il peut trouver utiles dans l’intérêt de la santé publique  y compris les quarantaines

 

Vendredi 11 aout 1865

 

Le Ramazan (ramadan) : le choléra suit pas à pas la marche des pèlerins musulmans…

Article violent signé par le Comte de Buisson

 

Dimanche 20 aout 1865

 

Le Courrier de Marseille publie une « hygiène préservatrice du choléra »…

 

Samedi 26 aout 1865

 

Marseille : Quoique le choléra n’ait pas visité la France, il y a causé une certaine émotion…expériences faites par le Docteur V.Burcq  sur l’action préservatrice et curative du cuivre…

 

Dimanche 27 aout 1865

 

Marseille …Cette maladie ne s’est déclarée d’une manière soutenue qu’à dater du 23 de ce mois et jusqu’à ce jour 25 aout, 296 décès cholériques ont été constatés…

 

Lundi 28 aout 1865

 

Marseille : Bulletin des décès du 25 aout : décès 48 dont 21 cholériques

 

Mercredi 30 aout 1865

 

Marseille : Bulletin des décès du 26 aout : décès 60 dont 28 cholériques

 

Jeudi 31 aout 1865

 

Marseille : on a constaté  dans la journée du 27, 60 décès dont 19 cholériques

 

Vendredi 1er septembre 1865

 

D’après la Gazette du Midi, dans la journée du 28, on a constaté à Marseille 60 décès dont 32 enfants et sur le total de 30, 16 cholériques dont 5 enfants… le fait rassurant  est celui que constate un docteur en médecine chargé du Service des cholériques à l’hôpital de la Conception. Depuis cinq ou six jours les malades soignés à cet hospice guérissent quoique gravement atteints dans la proportion de 8 sur 10…

 

Samedi 2 septembre 1865

 

A la suie du dernier bulletin, nos lecteurs (à Nice)  trouveront quelques conseils d’hygiène…

Marseille, journée du 29 aout… décès cholériques 57 sur lesquels 7 enfants

30 aout : 55 décès dont 23 cholériques… dans La Sentinelle de Toulon le nombre de décès du 30 aout était de 5…

…Par ce qui précède on voit que Nice n’est pas la seule ville où  les malveillants, les alarmistes et les poltrons signalent l’invasion du fléau qui frappe Marseille

 

Dimanche 3 septembre 1865

 

Marseille: Bulletin des décès du 30 aout 64 décès dont 35 cholériques sur lesquels 8 enfants

 

Lundi 4 septembre 1865

 

Marseille : Dans la journée du 1er septembre 1865, l’Etat Civil a enregistré 64 décès dont 24 enfants. Sur ce nombre ont été déclarés 24 cholériques

 

Mercredi 6 septembre 1865

 

D’après le Novelliste : Marseille, bulletin du 2 septembre décès 61 dont 31 cholériques sur lesquels 5 enfants

 

Samedi 9 septembre 1865

 

Marseille : bulletin des décès du 5 septembre  71 décès dont 11 cholériques

 

Mercredi 13 septembre 1865

 

On lit dans le Novelliste de Marseille : L’Etat Civil avait enregistré le 10 septembre à midi et demi 56 décès dont 33 cholériques

 

Jeudi 7 septembre 1865

 

A 2 heures 10, à Marseille, l’Etat Civil avait inscrit 65 décès dont 24 cholériques

 

Vendredi 8 septembre 1865

 

Marseille : Dans la journée du lundi 4, l’Etat Civil a enregistré 76 décès dont 23 enfants.

Le vénérable M Négrel-Féraud (voir note) nous adresse de Roquevaire la note que voici… « Je n’ai quitté Paris qu’au début de l’épidémie en France et dans la Capitale. Arrivé à Arles j’ai pu suivre toutes ses phases. Le choléra y a commencé le 1er septembre 1862 et le dernier décès, au nombre de 249, a eu lieu le 4 décembre. 3 décès seulement dans la classe riche, 65 dans la classe moyenne, 181 dans la classe pauvre »

(Suivent un certain nombre de conseils)

 

Dimanche 10 septembre 1865

 

Marseille : l’Etat Civil enregistre dans la journée d’hier mercredi 6 septembre 56 décès dont 20 cholériques

 

Lundi 11 septembre 1865

 

Marseille : bulletin des décès du 8 septembre 72 décès dont 34 cholériques sur lesquels 5 enfants…

Un nombre assez considérable de pèlerins de la Mecque étaient arrivés récemment à Marseille venant d’Alexandrie et se dirigeant vers Tunis, on avait répandu le bruit en ville que ces passages avaient été admis à la libre pratique et séjournaient momentanément à Marseille. Nous sommes en mesure d’affirmer  qu’il n’en est rien. Tous ces pèlerins de la Mecque  ont été maintenus au Lazaret. Aucun cas de choléra parmi ces passagers.

Toulon : le nombre de décès enregistré le 8 est de 9

 

Mercredi 13 septembre 1865

 

On lit dans le Novelliste de Marseille : l’Etat Civil avait enregistré le 10 septembre à midi 56 décès dont 33 cholériques

(Plainte sur le mode de vidange des citernes, égouts…)

 

Jeudi 14 septembre 1865

 

Marseille : l’Etat Civil  a enregistré pour la journée du 10 septembre 60 décès dont 35 cholériques

Toulon : l’Etat Civil a enregistré hier Dimanche 8 décès dont 3 cholériques

 

Vendredi 15 septembre 1865

 

(Conseils au sujet du choléra par le docteur Lubanski, membre du  Conseil d’hygiène publique du Département)

 

Samedi 16 septembre 1865

 

Toulon : l’Etat Civil a enregistré hier Lundi 40 décès dont 26 cholériques

Marseille : bulletin des décès du 12 septembre : 94 décès dont 37 cholériques

 

Dimanche 17 septembre 1865

 

Marseille : bulletin des décès  du 13 septembre : 75 décès dont 38 cholériques sur lesquels 9 enfants

 

Lundi 18 septembre 1865

 

Lettre du docteur Wahu ancien médecin chef de l’hôpital militaire de Nice

… Je trouve dans le numéro du 13 septembre du Journal de Nice les quelques lignes suivantes : «  une lettre que l’on nous adresse, demande que vous vous fassiez l’écho des justes doléances  de son signataire au sujet du mode de vidange… »

La réclamation élevée par le signataire de la lettre précitée me semble tellement opportune en raison de l’existence non loin de nous d’une épidémie qui d’un moment à l’autre peut s’étende jusqu’ici, surtout si on lui facilite l’accès par l’oubli des mesures convenables de l’hygiène publique… de toutes les causes du développement du choléra, la plus active est sans conteste l’infection produite par les gaz qui se dégagent des fosses d’aisance… déjà en octobre 1860 dans un feuilleton du Messager de Nice, j’ai publié la cause de la salubrité en demandant que l’on prit à Nice quant à la vidange des fosses d’aisance, des habitudes semblables à celles qui depuis longtemps sont en vigueur dans toutes les grandes villes de France

 

Mercredi 20 septembre 1865

 

Un correspondant demande à savoir pourquoi on a cessé à la gare des fumigations désinfectantes auxquelles étaient soumis les voyageurs arrivant des localités ravagées par l’épidémie, cette mesure préventive ayant produit un excellent effet sur la population vivement alarmée par l’invasion des migrants marseillais et toulonnais

Réponse : cette fumigation était dangereuse

On mande de Marseille que l’Etat Civil a enregistré dans la journée  de samedi dernier 92 décès dont 59 cholériques

Dimanche 17 : 78 décès dont 55 cholériques

 

Jeudi 21 Septembre 1865

 

Marseille : l’Etat Civil a enregistré dans la journée de mardi 87 décès dont 52 cholériques…dont 17 enfants.

(Arrêté du Maire de Marseille sur la salubrité)

… Invitons les propriétaires de ces maisons  à blanchir à la chaux toutes les parties de leur immeuble qui en seraient susceptibles…

(Suit un récapitulatif des décès cholériques 309)

Toulon: Hier  Dimanche, l’Etat Civil  a  reçu 84 déclarations de décès dont 75 cholériques.

…Un grand nombre de magasins sont fermés et on évalue à 30000 le nombre de nos concitoyens qui sont allés chercher un refuge dans les campagnes ou les Communes voisines.

La Seyne : … le choléra a brusquement fait son apparition dans cette localité… samedi dernier le nombre de décès s’est élevé à 40, ce qui a causé une panique générale parmi les ouvriers de la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée. Ces braves gens, en proie à une frayeur mortelle, ont pris les uns la clé des champs, les autres se sont jetés dans les wagons du chemin de fer sans trop savoir vers quel point ils se dirigeaient

 

Vendredi 22 septembre 1865

 

Le choléra est-il contagieux ? Document du Docteur Meyoffer

… C’est par les déjections des individus  affectés par le choléra qu’a lieu la propagation de cette maladie, sinon toujours du moins dans la majorité des cas…

Lettre d’A.G off.

…Il est bien à souhaiter que la lettre du docteur Wahu soit prise en considération…puisque le sulfate de fer uni à la poussière de charbon est un moyen si facile et si heureux pour neutraliser les émanations infectantes…

(Doléances de riverains notamment du Barri Long à Nice)

…Mr le Maire a pris toutes les mesures nécessaires pour garantir la population de Nice du contact dangereux de cette masse d’ouvriers émigrants qui nous viennent journellement de Toulon et de la Seyne… Des moyens gratuits  de transport sont mis à leur disposition pour  faciliter leur départ immédiat jusqu’à la frontière.

… Jusqu’à présent le Ciel nous a préservés du fléau… Nous appelons là-dessus l’attention des journaux anglais qui persistent à nous gratifier du choléra.

 

Samedi 23 septembre 1865

 

Lettre du docteur Wahu

… J’ai vu samedi dernier extraire de l’eau du Paillon sur le quai Masséna en face de la rue Paradis pour l’arrosage des jardins publics. Or je me demande si une atmosphère imprégnée d’émanations de l’eau savonneuse et puante du Paillon est chose bien salubre.

(Suivent des réflexions sur les égouts… sur le lavage du linge au bord de la mare de l’embouchure du Paillon…le ruisseau de la boucherie)

Lettre de Mr Henry de Toulon

…La ville a un aspect assez morne.

… Hier soir un des jeunes élèves de la Faculté de Montpellier accourus sur la demande de la Ville pour soigner les malades, me disait que dans la journée plusieurs cas occasionnés par la peur, s’étaient manifestés, et à son avis il n’y avait guère d’espoir de guérisons, la terreur neutralisant l’effet des remèdes…

… Je reviendrai à Nice  au milieu d’ouvriers piémontais, au milieu d’émanations…si je reviens victorieux, je vous ferai connaître mon préservatif

Signé A Henry (voir note)

Lettre du Dr Lubanski de Paris :

…Au premier signal de l’épidémie je quitterai tout pour être à mon poste.

Le Journal écrit : Nous revenons aujourd’hui sur le problème de la vidange

L’article préconise la poudre désinfectante de couperose (voir note) ou sulfate de fer

Il signale l’allumage de grands feux à Marseille suggérée à Nice

Marseille : L’Etat Civil a enregistré  dans la journée d’hier mercredi 65 décès dont 38 cholériques

Arles : émigration de personnes notamment des employés du chemin de fer

Sur ce point de la ligne on n’a constaté que six décès cholériques

Tarascon et Beaucaire  sont jusqu’à présent exempts du fléau. Des cas isolés ont été constatés dans la ville d’Avignon

Toulon : Le 19 l’Etat Civil a enregistré 59 décès dont50 cholériques

 

Dimanche 24 septembre 1865

 

Le fléau qui ravage la presque totalité du rivage méditerranéen nous épargnera-t-il ? Nous en avons la pleine confiance. La mort a frappé il est vrai successivement quatre des migrants de Toulon et de la Seyne dont deux enfants en bas âge, arrivés malades à la gare  mais cela ne dit pas que le choléra soit entré… aucun habitant n’a été atteint… sages et énergiques mesures de précaution ordonnées par le chef  de notre édilité

Marseille : bulletin du 20 septembre : 63 décès dont 58 cholériques

…parmi les divers moyens… prendre simplement le matin une cuillerée à bouche d’huile d’olive

Mr Aranson…prétend que le choléra provient d’un excès d’acide oxalique…il administre pour cela  des sels tels que le bicarbonate de soude

Toulon : les derniers renseignements sur l’état sanitaire de la ville sont de nature à beaucoup diminuer les craintes

 

Lundi 25 septembre 1865

 

Avis que Mr le Maire a fait placarder sur les murs de Nice… Considérant … qu’aucun symptôme d’épidémie ne se soit encore manifesté parmi les habitants…  (Suit le rappel des règlements de police et le détail de 7 articles)

 

Lundi 25 Septembre 1865

 

A Marseille les choses se passent autrement qu’à Toulon. S’il y a des défections elles disparaissent dans le mouvement de la population.

Le soir, la ville est littéralement emplie de feux… Signé A Henry

Marseille bulletin du 23 septembre  58 décès dont 52 cholériques

Toulon : décès le 23 septembre illisible

 

Mercredi 27 septembre 1865

 

Nice rappel de l’arrêté du Maire

Marseille bulletin des décès du 23 septembre 57 décès dont 35 cholériques (contradiction avec le 25)

Aix : la situation sanitaire de notre ville n’a nullement souffert jusqu’à ce jour des atteintes épidémiques

 

Jeudi 28 septembre 1865

 

Marseille : Dans la journée de Dimanche l’Etat Civil a enregistré 57 décès dont 26 cholériques…

Toulon : Le choléra continue ses ravages…

La Gazette du Midi a annoncé que l’on avait constaté à Nice plusieurs cas de choléra. Un journal de Paris a enregistré la mauvaise nouvelle sans en indiquer la véritable source. Il l’a mise sur le compte d’un prétendu correspondant

Une personne intéressée à savoir la vérité a expédié un télégramme à Mr Lordereau Commissaire Central à Nice.

Voici la réponse du Commissaire Central : Démentez formellement, pas un seul cas.

Nous lisons dans le courrier parisien du Figaro « jamais la ville de Nice n’a joui d’un climat plus sain à ce point que malgré l’apparition du choléra les décès ont diminué d’un tiers…Vous prenez une ville où il meurt en moyenne vingt-cinq personnes par jour, vous introduisez adroitement le choléra et le nombre quotidien des morts est réduit à dix-sept… » (Extrait d’un article persiffleur d’Henri Rochefort)

… Ils publient, les fils de Guillaume Tell, chaque matin un bulletin sanitaire sur lequel Nice figure comme dans la causerie de ce trop spirituel Henri Rochefort avec une moyenne de 20 à 25 cholériques par jour… Autrement dit, n’allez pas à Nice,  où l’on meurt comme des mouches…

 

Vendredi 29 septembre 1865

 

Nice: Mr le Maire vient de publier un arrêté sur la vidange des fosses d’aisance

Marseille : une souscription est ouverte…en faveur  des victimes de l’épidémie cholérique

Le bulletin des décès du 23 septembre porte 63 décès dont 25 cholériques

Toulon : le fléau continue ses ravages…souscription ouverte

 

Samedi 30 septembre 1865

 

Marseille et Toulon : on allume des buchers pour purifier l’air.

Marseille : l’Etat Civil de Marseille a enregistré dans la journée d’hier 26,  61 décès dont 26 cholériques

Arles: la situation est redevenue critique

Nîmes: deux décès cholériques

Montpellier : quatre ou cinq sporadiques

Toulon : le chiffre des décès dans la journée d’hier est le plus élevé que nous ayons à enregistrer à ce jour

 

Dimanche 1er octobre 1865

 

(Lettre de reconnaissance au Maire de Nice)

Toulon: …Silence de la Presse parisienne sur la déplorable situation de Toulon…hommage à l’attitude énergique de l’édilité toulonnaise

Marseille : bulletin des décès du 29 septembre : 57 décès dont 33 cholériques

 

Lundi 2 octobre 1865

 

Nice : action préventive de la Société de Secours mutuel de ND de l’Assomption

Marseille : Depuis quelques jours déjà, l’épidémie  qui pendant deux mois a sévi sur notre ville, parait entrer dans la période de décroissance

Bulletin des décès du 20 (?) septembre 52 décès dont 24 cholériques

Aix : le calme le plus parfait continue à régner dans notre ville

Toulon: la diminution du fléau est peu sensible

Solliès Pont : 12 décès…Notre population de 3000 habitants se trouve réduite par l’émigration à 4 ou 5 cents

Arles : la ville est déserte

Nîmes : un décès cholérique

Avignon : la ville est préservée

 

Mercredi 4 octobre 1865

 

Quelques journaux de l’étranger et un journal de Paris s’appliquent à répandre le bruit que le choléra sévit à Nice

(Protestation de Léon Pilatte, Pasteur de l’église évangélique de Nice)

Marseille: A la date du 1er octobre  il n’y a plus de choléra dans les régiments.

Toulon : Mr le Docteur Burcq vient à son tour  combattre le redoutable fléau.

 

Jeudi 5 octobre 1865

 

Quelques journaux parisiens ont avancé que le choléra avait fait son apparition à Nice…assertion fausse en tous points

Marseille : l’Etat Civil  a enregistré pour la journée d’hier 28 décès dont 20 cholériques

Toulon : les deux dernières journées  sembleraient annoncer que nous sommes entrés dans la période de décroissance

Solliès Pont : les nouvelles sont un peu plus rassurantes

 

Vendredi 6 octobre 1865

 

Marseille : le dernier bulletin enregistre 20 décès cholériques…l’épidémie tend à disparaître

Arles : 12 décès dont 5 cholériques

Toulon : le chiffre des décès cholériques le 2 octobre est de 27…le fléau semble entrer dans une phase décroissante

 

Samedi 7 octobre 1865

 

Marseille : la confiance renait. L’Etat Civil a enregistré pour la journée de mardi 45 décès dont 20 cholériques

Toulon : le 3 octobre l’Etat Civil a enregistré 25 cholériques. Depuis trois jours les fuyards commencent à revenir en ville et plusieurs d’entre eux ont succombé, frappés par le fléau.

Hyères : Des correspondances d’Hyères indiquent qu’il y a eu dans cette ville du 20 au 30 septembre 14 décès cholériques constatés d’abord sur des personnes arrivées de Toulon et de Solliès Pont.

 

Dimanche 8 octobre 1865

 

On parle d’une dépêche électrique  arrivée de Nice annonçant que des cas de choléra se sont déclarés hier dans la garnison de Nice… Nous comptons sur la droiture qu’aura la Direction du Novelliste pour voir notre confrère démentir. Notre bulletin  de l’Etat Civil en est la preuve parlante…. Le choléra n’est pas à Nice… Nous défions les malveillants et les incrédules d’en suspecter la sincérité.

Marseille: L’Etat Civil a enregistré dans la journée de mercredi 10 décès cholériques. La ville d’Arles…tombe en terre de l’épidémie

Toulon: le nombre de décès dans la journée du 4 octobre est de 14. Nous apprenons que notre administration municipale  se propose de prendre des mesures pour ajourner le retour des émigrés

 

Lundi 9 octobre 1865

 

Démenti du Novelliste, pas de choléra à Nice

 

Mercredi 11 octobre 1865

 

Lettre (violente) du Comte R.de Brisson :…l’origine de ce fléau, on en convient à présent, doit être attribuée au fanatisme musulman…hécatombe de milliers de moutons en Arabie…

Nous avons vu employer le chloradine (voir note) et toujours ce remède a réussi, mais celle qui bien souvent vient des Indes, qu’on trouve en Angleterre et non celle que l’on contrefaçonne en France

Toulon : le chiffre des décès de la précédente journée a déçu notre espérance…populations chassées depuis un mois revenues imprudemment.

Marseille : Envoi d’un secours de 7000 f pour Marseille et de 3000 f pour Arles

 

Jeudi 12 octobre 1865

 

Il est singulier de voir avec quel acharnement Nice est attaquée chaque année…par des journaux de Paris et de la province… et qui se font l’écho de certaines feuilles anglaises… Dernièrement encore le journal la France qui est à peu près le seul journal qui sache le fond des choses… a dû relever la gazette du Midi à propos de plusieurs cas de choléra … qui auraient été constatés à Nice.

Nous lisons dans la sentinelle toulonnaise : l’état sanitaire des villes et villages de notre Arrondissement tend chaque jour à rentrer dans l’état normal.

 

Vendredi 13 octobre 1865

 

A peine le choléra s’était-il manifesté à Marseille et à Toulon que le bruit se répandit et fut propagé par certains journaux qu’il s’était déclaré à Nice…l’Administration municipale n’hésite plus à déclarer qu’il n’y a pas, qu’il n’y a jamais eu la moindre trace d’épidémie à Nice

 

Samedi 14 octobre 1865

 

(Persiflage de Mr Henri Rochefort sur le choléra à Nice): Ainsi donc le choléra à Nice est d’une nature toute particulière, il embaume, il conserve, ailleurs il tue, là il guérit…

La Seyne : cette ville commence à être rendue à sa physionomie particulière

 

Mercredi 18 octobre 1865

 

Lettre de Mr Caunière : (observations générales sur le choléra)

 

Jeudi 19 octobre 1865

 

Marseille : noble et énergique attitude de l’autorité municipale en face du mal… Le maire Mr Bernex s’est trouvé à la hauteur de ses paternelles fonctions

Toulon : notre malheureuse ville commence à être un peu plus animée… Que les courageux élèves (de Montpellier)  reçoivent le témoignage de notre reconnaissance

 

Dimanche 22 octobre 1865

 

La Seyne : l’état sanitaire est très satisfaisant

 

Samedi 4 novembre 1865

 

Le service des épidémies recevra une organisation plus complète

 

Samedi 11 novembre 1865

 

…article de la Gazzetta Genovesa : Des lettres de Nice rapportent que le choléra continue à faire de nombreuses victimes dans cette ville

Réponse : …Si nous avons eu à la suite de l’invasion successive des ouvriers italiens fuyant Marseille, Toulon, la Seyne, et se rendant en Piémont quelques cas cholériques, jamais la maladie n’a pris dans notre ville un caractère alarmant

 

Samedi 18 novembre 1865

 

On écrit de Marseille le 14 novembre au Messager du Midi : Nos journaux constatent le grand mouvement de reprise qui se manifeste dans les affaires après la fin de l’épidémie.

Si nous croyons le Courrier de Lyon, l’état sanitaire du chef-lieu des Alpes Maritimes a obligé le Roi de Bavière à ajourner son voyage… Lyon est très proche de Genève et l’on sait que les journaux de l’Helvétie continuent à mystifier leurs hôtes dans un intérêt bien senti en poussant des sanglots sur Nice nécropole

 

Vendredi 20 juillet 1866

 

Nous lisons dans la Sémaphore de Marseille : Depuis quelques jours on s’entretenait dans notre ville de cas de choléra sporadique… Il est à craindre aujourd’hui qu’il n’en soit pas malheureusement ainsi…

Mardi 17 juillet : 57 décès dont 21 cholériques, Mercredi 18 : 56 décès dont 27 cholériques

La Direction de la Santé délivre depuis avant-hier des patentes brutes (voir ci-dessous)

 

Lundi 3 septembre 1866

 

Le choléra est–il à Nice ?

Oui et non répondrons nous. Nous avons eu des cas de choléra sporadiques…c’est  cette apparition irrégulière et par soubresauts de la maladie qui jusqu’à présent…nous a laissés nous-mêmes dans le doute de savoir s’il était utile ou non  de faire connaitre les faits.

… Samedi invasion soudaine du choléra dans une maison située au Jardin Public…

Le nombre des décès cholériques  à Nice depuis le 15 juillet premier jour d’apparition de la maladie jusqu’u 1er septembre est de 34 ; celui du 1er au 3 est de 4 soit 38 pour la saison d’été. Aujourd’hui 3 septembre aucun cas n’a été signalé.

… si, contre toutes nos prévisions, il se montrait de nouveau parmi nous, nous nous ferions un devoir de continuer à tenir le public au courant de la vérité vraie

 

Dimanche 30 septembre 1866

 

Le Times de Londres dans son numéro du 24 septembre, publie sous le titre « le choléra de Nice » la lettre suivante qui lui a été adressée par Mr Adolphe Lacroix Consul d’Angleterre à Nice.

… Il est évident que l’alarme à ce sujet est très grande à Nice. C’est pourquoi je sens qu’il est de mon devoir de prendre quelques mesures pour satisfaire l’esprit public. Je pense que le but sera parfaitement atteint en établissant par l’entremise de votre journal un état exact du nombre des décès qui ont eu lieu depuis le 25 juillet, premier jour de l’apparition du choléra à Nice jusqu’à aujourd’hui 19 septembre…je me suis procuré à cet effet aux sources les plus authentiques les chiffres suivants :

Du 25 juillet au 31 juillet il y a eu 37 décès dont un seulement cholérique

En aout 146 décès dont 20 seulement cholériques

Du 1er septembre à ce jourd’hui 19 inclusivement : 77 décès dont 17 cholériques.

… j’ajouterai que l’état sanitaire actuel de la ville de Nice est particulièrement bon

Signé Adolphe Lacroix

… Nous espérons que ce document officiel fera tomber à plat les impostures que l’on débite à l’étranger

Signé A Alziary de Roquefort

 

Lundi 15 octobre 1866

 

Lettre plaisante d’Alphonse Karr pour soutenir le Journal de Nice contre les calomnies sur la ville notamment à propos du choléra.

 

Samedi 15 juin 1867

 

Des cas de choléra ont été signalés à Rome

 

Mercredi 3 juillet 1867

 

Cas de choléra à Catane en Sicile

 

Vendredi 6 septembre 1867

 

Le Courrier de Marseille du 2 septembre publie l’avis suivant…disparition presque complète du choléra à Tunis et diminution à Livourne et à Gênes…mesures sanitaires à Marseille

 

Mercredi 18 septembre 1867

 

Une épidémie cholériforme s’est déclarée à la Tour Saint Louis (Marseille)….

 

Le choléra dans la Maison de Correction du port de Nice

 

Aline Martinet (), indique :

 « …en octobre 1865, les prisonniers de la Maison de Correction sont les premières victimes du choléra du fait de l’insalubrité qui règne dans l’établissement … »

… « A la fin du mois d’octobre, dix détenus sont atteints du choléra et quatre y ont succombé …»

… « La Maison de Correction du port de Nice est donc régulièrement désinfectée, avec du chlorure d’oxyde de sodium, mais celui-ci est loin de résoudre le problème du choléra… »

… « Comme en 1835, l’ensemble des prisonniers de la Maison de Correction, sont dirigés vers l’ancien bagne de Villefranche… »

… « A la fin du mois de novembre 1865, tous les détenus retournent à la Maison de Correction pour y passer l’hiver. »

… « Une nouvelle épidémie de choléra en 1866… Le 10 aout 1866 un prisonnier de la Maison de Correction meurt à l’hôpital…le 14 aout, c’est l’affolement… quelques cas isolés se sont déclarés dans la ville de Nice pendant le mois d‘aout…

 

Les patentes

 

Dans le numéro 235 de février mars 2019 du journal le Sourgentin, on peut lire page 9 à propos de la peste :

Au XVIème siècle  est apparu l’usage des patentes devenues obligatoires au XVIIème siècle

La patente « brute », terme d’origine italienne (de l’italien brutto, laid mauvais) qui signifie mauvais lorsque le port de départ ou ses alentours sont atteints de peste

La patente « soupçonnée » ou « touchée » : des rumeurs d’épidémie circulent en ville ou alors le port est en relation directe avec une région où sévit la peste

La patente nette : quand figure la phrase, « la santé est bonne », cela signifie qu’il n’y a pas de peste.

La patente redevient nette  quarante jours après la disparition de la maladie

 

Remarque 

 

 On voit que d’après l’article du journal du 9 aout 1865, que la quarantaine n’était pas forcément de quarante jours

 

Notes :

 

Chlorodyne : médicament breveté inventé par le Dr John Collis Brown médecin de l’armée anglaise contre le choléra

Couperose ou couperose verte, nom donné au sulfate de fer au XIXème siècle

Négrel-Féraud : cette famille était originaire de Roquevaire

Population de Marseille en 1865 de l’ordre de 300000 habitants, Toulon environ 84000 en 1861 et 77000 en 1866, La Seyne environ 11000

Docteur Lubanski a travaillé sur l’hydrothérapie et a publié un document sur le sujet en 1852

Docteur Mehoffer a publié une étude sur le choléra et les moyens de s’en préserver et a publié sur ce sujet un document en 1847

Docteur Wahu  a travaillé sur la prophylaxie du choléra  et a publié un document sur le sujet  en 1847

Docteur Burck a participé à un dictionnaire sur les sciences médicales en 1822

A.Henry était correspondant du Journal de Nice

 

Bibliographie

 

Martinet Aline – Mourir au bagne entre promiscuité et choléra - Nice Historique juillet décembre 2018 consultable sur Internet