Les gibets étaient souvent installés en dehors des villages près d'un lieu de passage, bien visibles des passants et des habitants du village pour servir à l'édification des gens. Il y a aussi dans les textes anciens des mentions de pendaison sans localisation des gibets.
En étudiant les archives, on trouve des anecdotes relatives à certains gibets.
Au hasard des textes on trouve parfois des références aux gibets, par exemple dans un acte de prise de possession par un évêque de la juridicion de Gattières le 3 juillet 1358, il est fait obligation de dresser des fourches (36) page 11.
Nelly Nussbaum (38) cite l'ouvrage de Pierre Jean Gayrard : Draguignan 2000 ans d'histoire où il est mentionné " En 1388, un voleur multiple est pendu par le col aux fourches royales. La pendaison se faisait en public place du Marché, puis le cadavre était rependu pour un maximum de visibilité sur un haut lieu au bord de la grand route: les Fourches, actuel col de l'Ange"
Dans le dictionnaire de Larive et Fleury (22), page 715, à propos du terme fourche on trouve la définition suivante « Fourches patibulaires, piliers de pierre supportant une grande traverse en bois à laquelle, avant 1789, on pendait les criminels. Le nombre des piliers variait suivant le rang du justicier : les ducs en avaient 8, les comtes 6, les barons 4, les châtelains 3. Le gibet de Montfaucon,(voir gravure), élevé au XIIIème siècle entre la Villette et les Buttes Chaumont, à Paris, et détruit en 1760, avait 16 piliers. Fourches caudines - défilé de la Campanie en Italie, près de Caudium où les Samnites firent passer une armée romaine sous le joug en 321 avant JC. »
Selon Larive et Fleury (22) page 998, le pilori était un poteau où l'on attachait le condamné en lui mettant un carcan au cou pour l'exposer à la vue du public.
Gilles Henry ()indique de son côté: " A Paris cet appareil barbare existait dès 1165 et se trouvait à côté du puits d'un certain Lori bourgeois de la ville. Comme il comportait une tour, où les malheureux étaient exposés on parla bientôt de tour du puits de Lori puis ensuite de pilori"
M. H. Bouillet (4), page 1399 donne la définition suivante du mot potence « instrument qui sert au supplice de la pendaison. Il différait du gibet en ce que ce dernier ne servait qu'à accrocher le cadavre des suppliciés qui y restaient exposés. Dans plusieurs localités on lui donnait le nom de « justice ». Il y avait autrefois des potences dans plusieurs endroits de Paris..le supplice de la potence était réservé aux bourgeois et aux manants. Il fut aboli en France le 21 janvier 1790 ».
Les termes associés à un lieu de justice sont souvent : pilon, pilone di giustizia, fourche, fourque, forche.
Le mont Fourche à Eze qui concerne la zone doit son nom au terme « fourca » qui signifie potence. L'expression « pendon de fourca » signifie « gibier de potence ».
D'autres expressions sont construites à partir du mot fourca. Voir Pierre Gauberti (3).
J.M.Ricolfis (28), cite l'emploi du terme « pilon » dans les endroits et aux dates suivants :
ADAM = archives départementales des Alpes Maritimes
RM = registre des mutations
INS = registre des insinuations notariales
CC = registre des mutations de Castagniers Colomars
Ricolfis (28) propose pour le terme pilon la définition suivante « oratoire rustique, petite construction, isolée ou faisant partie d'un chemin de croix, faite d'un pilier en pierre, surmontée d'une niche qui contient une statuette (Christ en croix, Vierge, saint particulier) et est recouverte d'un petit toit à double pente surmonté d'une croix. Il y a parfois sur le devant une petite console ou un anneau de fer pour attacher ou poser des bouquets de fleurs ».
Mais Ricolfis se limite aux pilons en tant qu'oratoires. Il cite également dans le même ouvrage, page 489, pour le terme forche ou assimilé :
Cependant, certains lieudits comportant le mot fourche ou assimilé peuvent avoir une origine différente, par exemple : camp des fourches, mille fourches.
Le mot « Justice » est aussi utilisé.
Ce gibet se présente sous la forme d'un pilier massif en pierres maçonnées de 1,10m X 1,10 m de section environ et 2,50m de haut, (voir photo et plan).
Le deuxième pilier a disparu. Cependant un rocher situé à 3 mètres de distance du pilier côté sud pourrait avoir servi d'assise au second pilier. Des blocs de pierre sont répandus près de ce rocher.
Il figure sur un plan de Bourcet ci joint sous la dénomination "justice d'Eze".
Charles Alexandre Fighiera () page 102 mentionne un assassinat en 1768 d'un voyageur par un certain Musso et que celui-ci fut pendu. Il est probable que ce fut au gibet d'Eze.
Louis Cappatti () page 408 indique qu'un gênois commit un assassinat près de la chapelle Saint Pierre à la Turbie le 10 aout 1781 et qu'il fut pendu aux fourches patibulaires d'Eze
Il se trouve au quartier Carcais, au bord d'une falaise qui domine le quartier du Val de Ville et le village à l'est. Voir Pierre Gauberti (20) pages 222 et 225). Le mot Carcais n'a rien à voir avec le gibet mais voudrait dire : lieu où se pratique le foulage des pailles.
Le texte de Gauberti est le suivant « Au nord du village, sur la montagne voisine et au nord des grottes de la Sié, s'élevait le gibet où étaient pendus les condamnés à mort, au Moyen Age, lorsque Peille avait le droit de justice.
Les deux tronçons de piliers de la potence sont encore visibles. J'ai pu les reconstituer tant bien que mal, trois mètres de distance les séparent, leur épaisseur atteint 0,90m et la hauteur était au moins de 3 mètres. Les sommets étaient reliés par une solide traverse en bois, et le tout constituait l'appareil complet des fourches patibulaires que les seigneurs hauts justiciers avaient le droit d'élever dans les campagnes.
Le gibet est connu dans le pays sous le nom de « las forcas » en dialecte ancien et « li fourcailh » en dialecte actuel.
Toutefois en de nombreux cas moins graves, le pilori suffisait. Il était vraisemblablement construit dans le village même, mais la tradition n'en fait pas cas »
« Escale à Peille, Via ferrata du village médiéval de Peille. Le tribunal et le gibet.
Le tribunal de Peille ou palais du Juge Mage est un important édifice, de style roman, de trois niveaux sur caves. Au nord, la façade principale du palais comporte deux grandes portes en pierres de taille dont l’une est bâtie en arc surhaussé, et l’autre en plein cintre. De part et d’autre de ces deux portes existaient initialement deux larges fenêtres anciennement comblées par une maçonnerie.
Au premier étage se trouvent deux élégantes fenêtres géminées ; selon les archives, un balcon en arceau, maintenant disparu, aurait permis au magistrat de signifier ses sentences à la foule rassemblée sur la place de « la Colla ».
Au Moyen Age, depuis les fenêtres du tribunal de Basse et Haute Justice de la cité consulaire de Peille, le Juge Mage pouvait s’assurer de la bonne exécution de ses sentences de mort en observant directement le gibet édifié sur la ligne de crête de la Barme de la Sié.
Sur le lieu du supplice, à l’aplomb de l’imposante falaise, deux piliers en pierre étaient érigés, distants l’un de l’autre d’environ 3 mètres pour une hauteur sans doute équivalente, en considérant la fonction de cette construction. Les sommets des deux piliers devaient logiquement supporter une poutre en bois où étaient disposées par le bourreau les cordes des condamnés.
Gibet et lieu de supplice ont été appelés « I forcai », les fourches patibulaires pour les peillasques »). (Voir photo et plan)
Il se trouve au mont Justicier près des carrières romaines. (voir photo et plan). Il se compose de deux piliers cylindriques dont l'un est réduit à l'état de moignon.
Certains auteurs parlent à propos de la chapelle Saint Roch voisine, du quartier « anghissa » à rapprocher de l'angoisse éprouvée par les prisonniers avant leur mort. Ce quartier semble se trouver en fait un peu plus à l'est et pourrait aussi bien se rapporter à la difficulté que présente la voie romaine à l'ouest du ravin de Fontdivine.
Ce
Selon Christophe Meuret (Nice Matin 11 décembre 2016), il y aurait des restes de gibets à Draguignan et Figanières dans le Var
On peut se demander si tous les gibets étaient dressés de façon permanente ou bien si dans certains cas ils étaient montés seulement au moment d'une exécution.
Gérard Lavayssière (25) mentionne « La rue des Pontis n'a pas bonne réputation. D'un côté se trouvait le tribunal, de l'autre le gibet et le pilori ». Par ailleurs on peut voir mentionné sur des plans anciens, la pointe des pendus au sud de l'anse de la fosse, et au sud de la vieille ville.
Il se trouvait au lieudit « les fourques » à l'est de Cabris. Sur un plan du XVIIIème siècle signalé par Pierre Jacques du Castel (10) Le lieudit était nommé « los fourco ».
Ricolfis (28) cite l'emploi de Forcas à Contes en 1665, et Fourches en 1866. De son côté, J. B. Martel (25) page 188, note " en deçà du Paillon, sur le versant de Chateauneuf, il y a un endroit appelé encore Las Forcas, où l'on pendait les prétendus coupables "
Justice de Castellar (06500) Photo ci-contre détail du plan de Bourcet Ce gibet se trouvait vers le sud du village peut être dans le secteur du lieudit "la Vigne" |
Justice de Gorbio (06920)
Ce toponyme apparait sur une carte de la bibliothèque de Cessole à Nice, Nb11, de juin 1745 et pourrait s'appliquer à un ancien emplacement de gibet.
Il apparait aussi sur une carte de Bourcet B 58 NE
Photos ci-dessus de gauche à droite carte de 1745 et détail, plan de Bourcet, extrait du plan au 1:25000 ème
L’emplacement pourrait correspondre au promontoire de la Serva 43°46’46.54 N, 7°27’11.52 E sous toutes réserves
Il en est fait mention par Benjamin Arino (37) page 6, à l'occasion d'une pendaison qui eut lieu en 1361 devant le castrum à la suite d'un procès qui eut lieu à Thiéry
A Roquebillière, une potence a été édifiée avec pendaison en effigie d'un malfaiteur en 1814
Selon l'abbé Bonaventure Salvetti (30) page 124, il se trouvait sur le plateau du Drach ou du Drac en aval du village dont on s'approche par une route près de la caserne des pompiers.
On raconte la même histoire à Sauze selon Louis Cappati ) page 408
Selon Gérard Chanut (12) pages 36 et 37« Sous la Restauration, les exécutions par pendaison avaient lieu sur la grève au lieudit La Fous ; les nobles subissaient un autre traitement. Aujourd'hui, du bourreau de Nice, il ne reste que son jardin « l'ouort o lou jardin dou boia » qu'on peut voir au-delà du mur d'enceinte bordant la rue Malonat » Le même auteur cite un texte de Joseph Giordan (21) pages.90 et 91, où l'on peut lire que l'on menait le pauvre diable à « la fourca de la Fous », près de l'embouchure du Paillon.
Henri Sappia (31) page 2, note " on exposait les coupables au pilori à la porte saint Antoine, au bout du Pont Vieux. C'est par un escalier qu'on accédait en ville par cette porte ; un escalier qui, un peu élargi existe aujourd'hui encore. Pierre Michel et Jean de Paris, condamnés à mort en 1408, avant d'être conduits au supplice, furent exposés, bien garrottés, au pilori de la porte saint Antoine où débouchait le Pont Vieux"
Le bourreau Guillaume Alexandri élève en 1410, la potence, à la pointe du col du Mont Boron, pour y exécuter cinq malheureux coupables de Monaco, condamnés à mort pour crime de piraterie. Outre son salaire on lui paye le prix de deux poutres qu'il dut ajouter à la potence (pro precio duarium trabium positis in furchis de novo in loco Montis Bonosii prope mare ubi fuerunt impensi quinque ex piratis castri de Monigo).
A propos de piraterie, nous ajouterons que le duc Amédée VIII. ordonnait, par les patentes de 1431, de construire des piloris dans les endroits mêmes où les juges siégeaient, (« pilloretos construere in suis officciis »), pour punir immédiatement les blasphémateurs et les exposer ainsi au pilori en leur présence ; Cet arrêté d'Amédée VIII est confirmé par Charles III en 1515, et conservé dans les lois et constitutions du roi Charles Emmanuel III du 7 avril 1770 »).
Sur un plan de Guillaume Borriglione de 1595 on peut voir un gibet avec un pendu en rive droite du Paillon près de la mer.
Dans un texte de 1815 on peut lire un cas d'exposition aux fourches patibulaires de deux têtes; mais le lieu n'est pas précisé. Voir à ce sujet: fontaine de Jarrier
Gibet de Tende (06430)
Dans un document de l’office de tourisme de Tende au sujet de la place de l’ancienne maison de Curie, il est indiqué : « Un des premiers tribunaux ayant existé au XIIème siècle en Europe. Le nom en patois tendasque de la placette, place du Traou signifierait place de l’échafaud »
Daniel Petite (28) page 149, mentionne le quartier des fourches au niveau des Meillères en contre haut de la route de Saint Paul de Vence, mais aucune référence historique n'a été trouvée relative à ce toponyme. Notons cependant que la position pourrait avoir été favorable à l'emplacement d'un gibet.
Cet endroit est maintenant à l'intérieur d'une propriété privée et n'est donc pas accessible;
Jadis la Communauté de la Colle sur Loup faisait partie de la Viguerie de Saint Paul.
Le 25 avril 1709 a eu lieu une assemblée générale de la Viguerie pour la nomination d’un Receveur de la Viguerie. Ce document figure dans les archives de Saint Paul
Etaient présents le Premier Consul de Saint Paul et les représentants des Communautés du Broc, de Gréolières, Saint Jeannet, Coursegoules et Bezaudun
Etaient absents bien qu’ayant été convoqués les représentants de Villeneuve, Cagnes, Saint Laurent, le Puget, la Gaude, Carros, Tourrettes, Mauvan, et Vallettes.
Courmes n’est pas mentionné
Ce document nous donne donc la liste des Communautés faisant partie de la Viguerie. La Colle sur Loup n’est pas nommée car cette Communauté faisait alors partie de Saint Paul
La Baronnie de Vence n’est pas mentionnée dans ce document
Sur la Carte générale de la France N° 168 de Cassini il est noté probablement par erreur Viguerie de Grasse
Michel Bourrier (7) page 82, cite des cas de pendaison « au gibet de Villars, devant la porte du château -vers l'actuelle rue du Barri ».
Gibet de Sallagriffon (06910)
Le mot vient du latin Patibulum, qui devient en italien moderne Patibolo. Sur la carte on peut voir un croquis de ce gibet au sud-ouest du village.
La présence de ce gibet implique que le Seigneur de Sallagriffon bénéficiait du droit de Haute Justice. Si l’on trouve des vestiges ce devrait être peut-être dans le secteur de la cote 791 ou 749 ou 729, bien en vue pour servir à l’édification des gens.
Les oratoires dans le secteur étaient-ils en rapport avec le gibet ?
Cette construction existait encore il y a 80 ans environ ; des gamins par plaisanterie auraient pendu un mannequin à la poutre qui existait encore. Cette potence se trouvait place de l'église sur le côté nord à peu près à hauteur de la montée du pontil, selon Madame Henques rencontrée sur place et dont la famille était à Bouyon depuis plusieurs générations.
Ce nom se rapporte peut-être à un ancien gibet mais le terme pilon en italien a deux sens, soit pilon de justice (pilone di giustizia), soit oratoire (pilone di devozione). Comme il y un oratoire au col il s'agirait plutôt de la seconde hypothèse, à moins de trouver des références historiques déterminantes.
Ce plateau est cité sous ce nom par le capitaine Wagner (33) page 186. Localement ce nom était donc en usage à cette époque. Ce lieudit est près du fort Saint Roch sous le Barbonnet. Roger Gnech de Sospel a fait des recherches mais dans aucun cadastre ne figure ce nom.
Par contre, dans la lutte contre les vaudois, un bûcher aurait été dressé à cet endroit pour les brûler comme hérétiques. Sur le cadastre actuel, ce lieudit est connu sous le vocable de « crémaia », ce qui est assez explicite. Un toponyme comprenant le mot « justice » ne concerne donc pas seulement un lieu où s'élevait un gibet.
Ce terme pourrait correspondre au lieudit de l'emplacement d'un ancien gibet. Charles Botton (4)), spécialiste de l'histoire de Breil, consulté à ce sujet, n'a pas retrouvé de toponyme correspondant, à sa connaissance. Le terme semble donc tombé en désuétude depuis longtemps. Sur des documents anciens du XVIIIèmesiècle, le lieudit est mentionné sous ce nom par Roberto Capaccio (11) page373, à propos des retranchements de la guerre de succession d'Autriche « regione detta Forche d'Eza, si sono pur anco fatti dei trincieramenti alle forche d'Eza, e questi si trovavano nelle falde del monte, sovra il quale esiste Saorggio, quali proteggevano la granda strada e la salita per essa, ed il ponte esistento di rimpetto, che traversa il fiume, e custodivano parimente il vallone di Bendola per la reggione suddetta, è forzi l'unico sito, per quale l'inimico piu facilmente potrebbe ascendere al coperto, formarsi le sue trincere per battere il castello di Saorggio » .
Une position de ces retranchements a été localisée, et éventuellement celle d'un ancien gibet dans les environs de la croix de mission de la fin du XIXèmesiècle en aval du village, en bordure de l'ancienne route royale et d'où l'on voit très bien l'ancien pont sur la Roya dont il ne reste que les culées et le départ de la voûte. Cet emplacement en bordure de l'ancienne route et très visible depuis le village, correspondrait bien au désir de bien faire voir les pendus aux passants.
Le village est construit sur une arête. En amont et très visible du village se trouvait « il fortino », construit par la République de Gênes dont dépendait Triora de 1260 au XVIIIème siècle. Il a été transformé en cimetière à la fin du XIXème siècle. Selon Francesco Ferraironi (15) page22, « Dentro il fortino, nel passato, si eseguivano le sentenze capitale per impiccagione. Nel secolo XVII la triste operazione si eseguiva mezzo km. Più in alto, sopra una prominenza detta ancor oggi Il monte delle Forche o solo il monte, come si deduce dalla forca che ivi restava in permanenza e segnata nella pittura del Vinzoni 1771 ».
A propos de ce tableau de Vinzoni, il pourrait s'agir d'une gravure faisant partie des archives d'état de Turin.
Sur d'anciennes cartes, l'emplacement du gibet était qualifié de « Locum Iustitiae ».
On peut se poser la question de savoir si les procès avaient lieu à Gênes et les sentences exécutées près des villages où avaient eu lieu les crimes.
Enzo Bernardini (2) page 209, cite un lieudit « costa delle forche », car destiné à l'exécution des condamnés à mort. Cet endroit se trouve près du village de Mendatica, dans la haute vallée de l'Arroscia à l'ouest de Pieve di Teco en Ligurie. Près de cet endroit se trouve une chapelle sainte Marguerite.
Ce nom est cité par Enzo Bernardini (2) page 194. Le terme signifie en français « place du gibet ».
Dans la localité d'Argeleu, à environ 1kilomètre au sud de l'habitat, sur un mamelon près du torrent de la Nervia, il y a un groupe de maisons en partie ruinées. Selon Enzo Bernardini (2) page 49, une de celles-ci était le siège de l'antique tribunal de Pigna. D'après la tradition, dans les environs était dressé le gibet pour les exécutions capitales.
Piloris
Pilori de Saorge (06540)
Il est mentionné par Georges Ducoulombier (14) page 35," L'hôtel de ville fut construit en 1890 sur l'emplacement de la chapelle des pénitents noirs et du pilori ».
Pilori de Rome
Dans l'église Saint Praxède on peut voir une colonne en marbre de plus d'un mètre de hauteur qui aurait été apportée de Jerusalem et aurait servi à la flagellation du Christ |
Pilori des Halles à Paris
Une gravure de Larive et Fleury (22) montre le pilori des Halles à Paris. Voir ci dessus
Peira d’escàndalo à Nice
La loge du Sénat, était adossée à un palais des XVIIème et XVIIIème siècles du 12 rue Jules Gilly. Il ne s’agissait pas d’une assemblée politique mais de la cour suprême de justice installée à Nice par Charles Emmanuel 1er en 1614 et qui, au désespoir des Niçois ne fut pas transformée en Cour d’appel en 1860. Les lieux devinrent tribunal ordinaire puis asile de nuit. Les arcades abritaient une grosse pierre. C’était une sorte de pilori, mais plus simple.
Du Moyen Âge à la Révolution, les commerçants en faillite, après avoir été déculottés, étaient obligés de faire amende honorable par la partie la plus charnue de leur individu, en frappant trois fois leur postérieur sur la pierre en prononçant la phrase rituelle?: «?Ren noun ai, ren noun devi, dóu cùou piqui?!?» Quand ils se relevaient, ils ne devaient plus rien à personne. D’où l’expression niçoise, pour tomber en faillite: «?picà dóu cùou?». (Je n'ai rien, je ne dois rien, je pique du cul)
Référence Jacques Dalmasso et Alex Benvenuto (39) page 34
Cette pierre a fait l'objet d'un article dans le journal Sourgentin N°259 de mars 2024. Elle était qualifiée de "pierre des faillis" et la sancitoné tait "pica dou Cuou"
Selon Alain Venturini (32) page 80, « les droits de justice correspondent en fait à la Haute Justice ou justice de Mère Empire, elle procède des quatre grands cas réservés au comte carolingien : meurtre ; vol, viol, adultère. En raison des châtiments éventuellement encourus par le coupables (mise à mort ou mutilations), on parle souvent de justice de sang. S'y rattachent également les cas royaux: punitions des crimes de lèse majesté (par exemple le faux monnayage) et des crimes commis contre les clercs ou sur les chemins publics »
André Compan (13) page 162, mentionne que la reine Jeanne au XIIIème siècle, a concédé la Haute Justice en faveur du seigneur de la baronnie de Beuil et des seigneurs de Châteauneuf de Contes.
Il note aussi que Peille au XIIIème siècle est le chef lieu d'une baillie comprenant Eze, Montolive, la Turbie, Peillon, le Touet, l'Escarène, Lucéram et il précise que la baillie ne durera guère plus d'un siècle.
On peut dès lors se demander si les exécutions effectuées à la Turbie et Eze, étaient prononcées par le tribunal de Peille.
Pierre Robert Garino (18) page 63, indique, évoquant lui même Cais de Pierlas (8) « en 1505, le seigneur d'Aspremont, Barthélemy Borriglione est assassiné sur le bord du Var. Le meurtrier est Damien Augier. Il est jugé à Nice, condamné à mort et décapité dans les arènes de Cimiez. Son corps est pendu aux fourches patibulaires, sur place, et sa tête, pour l'exemple, posée sur un poteau sur le lieu du crime »
Annibal Grimaldi comte de Beuil fut exécuté en 1526 à Tourrette - Revest (devenu Tourrette du Château)
Seraphin Laugier (23 pages 20 et 21, parle de sa condamnation pour trahison et cite le récit du chevalier Lascaris témoin oculaire, publié par le docteur Baréty « après avoir ouî une messe, il est étranglé par deux esclaves turcs, les deux turcz qui n'avoient pas été veus dudict Comte lui gettèrent la corde au col et avec une pièce de bois qu'ilz y avoient attaché commencèrent à l'estrangler, lequel faisant grande force tomba de la chèze en terre où les bourreaux achevèrent de le fere mourir.. apprès que le dict Comte heust demeuré mort environ deux heures, on le fit pendre sur une longue perche à la veue de toute l'armée au Grand Bastion où il demeura jusques au dimanche à l'heure de midy »
Seraphin Laugier ajoute en note le témoignage de Roger Clérissi ancien adjoint : « lorsque ses parents en 1925 firent crépir la façade de leur maison au quartier « lou Bastioun », on enleva une poutrelle de fer scellée dans la muraille. C'est à cette barre -selon la tradition locale- qu'aurait été pendu le cadavre d'Annibal Grimaldi »
Le cas de Nice et celui de Tourrette du Château montrent que la pendaison pouvait avoir lieu après la mort du supplicié par un autre moyen et que l'exposition, comme dans le cas de la crucifixion, était faite pour servir d'exemple.
Selon Charles Alexandre Fighiera (17), page 114, « au Moyen Age, les coseigneurs d'Eze exerçaient la Basse et Moyenne Justice ». Il semble qu'au XVIIème siècle ils exerçaient aussi la Haute Justice.
M. Bottin, E. Girard, F. Zucca (3) page 30, ont traité de l'inféodation de la Haute Justice à Jacques Fabri, seigneur de la Roquette sur Var « rares étaient (les seigneurs) qui détenaient la Haute Justice, c'est-à -dire un pouvoir judiciaire plein et entier pouvant s'exercer même dans les affaires criminelles les plus graves..;le 20 juillet 1576, le Duc Emmanuel Philibert inféodait pour 400 écus d'or d'Italie , la Haute Justice avec Mère Empire et puissance de l'épée. ;;roquettois et saint martinois engagèrent deux actions en justice, l'une devant la Reggia Camera de Turin, l'autre devant le sénat d Turin car Nice n'avait pas encore de Cour Souveraine pour juger ce type d'affaire »
Le 13 juin 1708, sur le chemin de Eze à Monaco, un voyageur est assassiné. Charles Alexandre Fighiera (17) page 102, note « l'assassin a été pendu (« propter alias nefandas actiones »), (à cause d'actions antérieures infâme »), voir archives diocésaines, paroisse d'Eze, régistre des décès.
Selon Pierre Jacques du Castel (10, la marquise de Cabris fit une réclamation en 1790 en vertu de l'acte d'habitation du 1er mars 1496« C'est en vertu de son droit de Haute Justice dans son fief, que le seigneur de Cabris avait son gibet installé au quartier des Fourques et son Mistre (le bourreau) chargé de la pendaison des paysans ou autres de Cabris et son aval (terroir), condamné à mort par le lieutenant de Juge assisté de son greffier, tous deux officiers nommés par le seigneur de Cabris »
« Le 8 septembre 1790, la marquise menace encore un habitant de Cabris d'être pendu en la personne du sieur Jean Paul Davier »
Rappelons que l'abolition des privilèges avait eu lieu à Versailles un an avant, le 4 août 1789.
Franco Ferrero (16) a étudié d'anciens textes du Moyen Age concernant la Ligurie et en particulier les peines concernant les sacrilèges « si quis in aliquo templo, ecclesia, vel alio quovis loco sacro, aliquas rerum ipsarum furatus fuerit, tamquam sacrilegus furca spendatur, vel ad triremes perpetuo damnetur, si vero tabernaculum Eucharistis furatum fuerit, ad caudam muli tractus, usque ad locum supplicii, furca suspendatur, Si vero rem non sacram cultui tamen Divino dicata, furavit, per quinquennium condamnetur », ce qui signifie : Si quelqu'un aura dérobé quelque chose dans un temple ou église, il sera pendu au gibet comme sacrilège, ou condamné à perpétuité aux galères (trirèmes). Si cependant il aura dérobé le tabernacle de l'Eucharistie, il sera conduit au lieu du supplice attaché à la queue d'une mule, et sera pendu au gibet. S'il aura dérobé quelque chose de non sacré, mais cependant dédié à Dieu, il sera condamné aux galères pendant cinq ans. Suivant le même texte la pendaison pouvait être appliquée en cas de récidive de vol dans certaines conditions.
A propos de la fin tragique en 1832 d'une personnalité gravement malade et souffrant terriblement, Edmond Rossi (28) page 195, remarque « l'usage était, à Nice, de mettre à la potence le cadavre d'un suicidé et d'y attacher la sentence »
L'abbé Bonaventure Salvetti (30) page 124, cite une anecdote qui se racontait à Luceram « les anciens que nous avons interrogés en 1897, avaient gardé le souvenir d'un homme condamné à la potence pour vol. Il fut exécuté c'est à dire pendu dans le champ de la justice sur le petit mamelon du Drac. Le corps suivant l'usage demeura suspendu à la potence. Un jour, des enfants en maraude vinrent à passer. L'un d'eux plus hardi le frappa d'un coup de bâton, en disant : tu ne voleras plus à présent ! Tiens cria un de ses camarades, regarde donc ce qui vient de tomber, une belle pièce d'or ! S'il y en avait d'autres ! Frappe le encore ! Le bâton fit si bonne besogne qu'un dizaine de pièces d'or tombèrent des intestins du malheureux qui avait avalé l'objet de son larcin pour le mieux cacher »
Selon Daniel Mercadier (26) page 6, « la Haute Justice était administrée par un viguier, c'est-à -dire un magistrat représentant le Duc Souverain. Le chef lieu de la viguerie était Sospel ; Un sous viguier avait comme siège Lantosque..A l'époque moderne, après la création du sénat de Nice, Haute Cour de Justice, c'est devant lui qu'étaient traitées les affaires les plus importantes »). Cet auteur cite le document ADAM Série B N° 258 - Sénat de Nice affaires criminelles, relatif à un habitant de Lantosque (« condamné pour meurtre commis dans les conditions les plus atroces sur un bûcheron, à être attaché à la roue jusqu'à ce que la mort s'ensuive, puis pendu à un gibet dans le bois de la Moeris »
H. Moris (35) précise "près du lieu du crime"
H. Moris (35), page 125 et suivantes, dans un article consacré au Sénat de Nice, indique les peines qui étaient appliquées suivant la nature des crimes et délits.
Il y avait selon les cas des peines de galères plus ou moins longues pour les hommes, puis dans les cas les plus graves la pendaison. Celle-ic pouvait mêm être précédée de la roue, ou des tenailels rouges et le consdamnné pouvai être parfois décapité après pendaison.
Les femmes pouvaient être fouettées, emprisonnées et bannies selon les cas
Qulques exemples sont données par l'auteur.
Fausse monnaie: pendaison avec confiscation des biens.
Etrangers: on condamnera au gibet les étrangers ayant commis un vol important dans les pays limitrophes qui tomberont entre les mains de la justice sarde.
Des cas précis de jugements figurent dans les archives départementales
ADAM B 232, 248, 250, 257, 258