Mise à jour juillet 2020
Entre aout et octobre 1888, le journal le Phare du Littoral a fait paraitre une trentaine d’articles sur le sujet sous la signature de Maraini architecte.
Bernardin Maraini 28 aout 1841- 22 février 1931, a été notamment architecte associé à Béranger pour la construction du Château Valrose à Nice
Il a étudié divers systèmes en France et en Europe.
A l’époque la fourniture d’engrais humains aux paysans était une question importante
Des extraits de ces articles figurent ci-dessous, ainsi que des résumés en italique
Dimanche 12 aout 1888
De l’alimentation publique
Une tâche importante incombe à la Municipalité dans le contrôle des matières alimentaires… on réclame énergiquement un contrôle rigoureux…la taxe pour les analyses doit être réduite…pour les hospices, les casernes, les écoles et pensionnats publics et privés, les asiles…l’obligation de faire analyser doit être imposée et la gratuité accordée
Lundi 13 aout 1888
Des eaux potables
Il est universellement reconnu que le véhicule le plus actif pour la prompte propagation de toutes les maladies épidémiques ou non c’est l’eau. A l’heure qu’il est tout le long de la Vésubie et de ses nombreux affluents une cinquantaine de villages au moins jettent tous leurs rebuts dans ses eaux… Tout ce que pourra faire le zèle de la Municipalité pour l’évacuation la plus parfaite des eaux de vidange …n’aura qu’une influence secondaire…à côté de la purification et du contrôle extra rigoureux de ses eaux potables.
Mardi 14 aout 1888
Il faudrait qu’à partir de ce jour on adapte artificiellement aux eaux de la Vésubie une légère coloration qui leur serait donnée aux points d’entrée en ville…pour pouvoir établir facilement des déviations en prises spéciales pour les lavoirs publics… Si des communications ignorées continuent d’exister entre la canalisation des eaux de la Vésubie en ville et celles des eaux potables on verra tous les robinets débiter à la fois une eau qui aura la même couleur que celle qui sert à l’arrosage des rues.
Suivent un certain nombre de propositions de prescriptions.
Note: A l’époque l’eau de la Vésubie ne devait pas être utilisée comme eau potable
Mercredi 15 aout 1888
Les balayures
Les balayures constituées de matières non organiques telles que poussières, débris de maçonnerie… peuvent être versées aux décharges publiques indiquées par la Voirie. A défaut de celà on peut les jeter à la mer des rochers de Rauba Capeu comme cela se pratique depuis nombre d’années.
Pour Nice…dans un article publié ces jours derniers par l’Eclaireur on préconise une organisation fort ingénieuse pour ce service. Il s’agirait de constituer une usine crématoire.
(Suit une rcitique de ce système)
Jeudi 16 aout 1888
Les balayures suite
Les tramways ne fonctionnent pas la nuit… Nous proposons de transporter ces balayures à toutes les extrémités des lignes de trams au moyen de wagons spéciaux fermés
Vendredi 17 aout 1888
Les balayures fin
…pour l’enlèvement des balayures à leur arrive à l’extrémité des lignes on constituerait vite un syndicat entre les propriétaires intéressés de chaque quartier, lesquels prendraient l’engagement d’enlever les balayures…Un charretier de profession serait engagé dans chaque station et affecté au service des cultivateurs n’ayant ni chevaux ni charrettes
Conclusions – 1 suppression du service du bateau dit de la rementa…2- description des contraintes à imposer et des avantages de la solution
Samedi 18 aout 1888
Les vidanges et les eaux vannes
…Nous ne ferons qu’énumérer les procédés qui fonctionnent encore à ce jour
… les matières sortent de la ville dans des barils légendaires
…la ville de Cannes a osé supprimer carrément l’usage des barils...la Société des Engrais opère le vide successif au moyen de pompes à vapeur…
Discussion au sujet du même système peu employé à Nice
Dimanche 19 aout 1888
Les vidanges et les eaux vannes suite
Critique des avantages et inconvénients des tinettes filtrantes…La tinette doit donc être défendue comme moyen d’évacuation des excréments humains dès qu’on le pourra
Lundi 20 aout 1888
Parmi tous les systèmes d’extraction fonctionnant dans différentes villes, celui des tonneaux à vide préparé est de beaucoup le meilleur. Description des avantages et inconvénients du système
Chacun connait les odeurs qui émanent de l’usine qui fonctionne au quartier de la Californie (note: il n’a pas été trouvé pour l’instant d’informations sur cette usine de la Californie)
Dimanche 26 aout 1888
Vidanges et eaux vannes
Pour que les fosses fixes puissent se réhabiliter la première condition à rechercher est l’imperméabilité la plus complète.
Suit une énumération des conditions de fonctionnement
Nomenclature des systèmes les plus connus; Fosse Mauras, Système Deplanque, Système Bonnefin, Système Gommès Britto, Fosse Goldner, Système Amondruz
Suit une descriotion de la fosse Mauras
Lundi 27 aout 1888
Vidanges et eaux vannes
A côté de tous ses avantages, la fosse Mauras présente de graves inconvénients…les liquides sortant des fosses se troublent et les émanations putrides atteignent une intensité remarquable
Mardi 28 aout 1888
Vidanges et eaux vannes
La fosse Deplanque est le même que celle de Mauras mais elle agit en sens inverse car au lieu de liquéfier les excréments… elle tend à les agglomérer en les solidifiant par l’effet de la chaux….malheureusement il a été constaté qu’au bout de trois mois environ les liquides qui en sortaient étaient troubles fétides et rapidement putrescibles… En outre l’adoption de ce système impliquerait pour Nice la perte totale pour l’agriculture des matières fertilisantes
Suit une description du système Goldner, et du système Gommes Britto, abandonnés
Vendredi 31 aout 1888
Pour des villes jusqu’à 300 et 400 mille habitants, les résultatx ont été concluants pour divers systèmes. Parmi ces derniers celui de Shone, celui de Liernur et celui de Warning ont eu des applications complètes ou très étendues dans des villes importantes. Le système Berlier n’a été que partiellement appliqué. Dans son système général Mr Liernur avait compris aussi l’évacuation des eaux vannes qui suivant son projet devaient faire l’objet d’une évacuation séparée. Quant aux balayures il les laissait complètement à côté.
Dimanche 2 septembre 1888
Vidanges et eaux vannes
Description du système Liernur avec les siphons intermédiaires et les manipulations à faire par des ouvriers spécialisés
Jeudi 6 septembre 1888
Vidanges et eaux vannes
Description du système Berlier qui ressemble au système Liernur. Le système présente le défaut de fréquents engorgements.
Nous concluons que le système Berlier aussi bien que le système Liernur ne pourront convenir à la ville de Nice et à sa banlieue
Dimanche 9 septembre 1888
Système Warning
Le système Warning n’est autre chose qu’une canalisation en grès ou en poterie vernissée qui fonctionne par l’effet naturel des pentes… Il est impossible de lui ménager à Nice les pentes qu’il réclame
Lundi 10 septembre 1888
système Shone
Le système en tant que force motrice est basé sur l’action expansive de l’air comprimé. La force de propulsion part d’une usine.
Suit une description des avantages et des inconvénients.
Le système Shone à notre jugement ne convenir à notre ville
Mardi 11 septembre 1888
Le tout à l’égout
On appelle improprement système du tout à l’égout, celui qui consiste à évacuer les matières par une canalisation à pente continue et régulière aboutissant par un ou plusieurs exutoires à un endroit désigné…
Ce système reçoit généralement dans ses conduits les matières excrémentielles et les eaux d’évier et en exclue les balayures
Suivent des details sur le système à Paris
Mercredi 12 septembre 1888
Système à écoulement naturel
Enumération des différents systèmes selon qu’ils acceptent ou non à la fois les eaux vannes, les eaux pluviales et les balayures
Jeudi 13 septembre 1888
Système à écoulement naturel
Description du système utilisé à Londres. Les eaux pluviales entrent dans les égouts par des bouches latérales
Vendredi 14 septembre 1888
Système à écoulement naturel
Supposons le même principe appliqué à Nice. Le grand collecteur ne peut s’établir que le long de la plage… La marche des matières ne pourra s’obtenir qu’artificiellement attendu que la pente fera complètement défaut.
Samedi 15 septembre 1888
Système à écoulement naturel
Description du système appliqué à Francfort sur le Main
Mercredi 18 septembre 1888
Système à écoulement naturel
Plusieurs cas s’appellent aussi système séparateur (separate system) attendu qu’ils séparent les eaux pluviales des eaux d’égout
Vendredi 21 septembre 1888
Systèmes à écoulement naturel
En consultant l’historique des péripéties… on y sent d’emblée une hostilité latente mais foncière contre tout système basé sur la mécanique et dont le fonctionnement s’effectuera au moyen d’installations métalliques
Mardi 26 septembre 1888
A Nice…Mr Berard prend les égouts actuels tels qu’ils se trouvent et se contente d’en refaire le radier pour donner à ceux qui en manquent une forme concave unie et lisse. Il établit des chasses et des respirateurs et fait aboutir les collecteurs à la mer droit devant les quais à une quarantaine de mètres loin de la plage. Il en dirige ainsi un à la mer pour le port et les quartiers d’alentour, un qui de la vieille ville aboutit à la mer devant les pêcheries, un troisième descend près du square des phocéens, un autre descend près de la rue Halévy et enfin un dernier devant l’entrée du Boulevard Gambetta…les matières fécales se trouvent exposées à être ramenées sur la plage…personne n’oserait plus se baigner…
Vendredi 28 septembre 1888
Mr Berard… dit que pour le cas où ces aboutissants auraient à trouver une trop vive opposition, on devrait placer un émissaire collecteur le long de la plage pour recevoir tous les égouts et en convoyer la matière à la Pointe de Carras, en suppléant au manque de pente par une aspiration pneumatique flanquée d’une installation d’élévation pour permettre d‘élever les matières et les refouler plus loin.
Cette variante renferme en elle-même plusieurs défauts.
… Pour que la fonction d’aspiration s’exerce efficacement il faut pourvoir à l’obturation parfaite et temporaire c’est à dire s’exerçant plusieurs fois par jour des collecteurs multiples qui doivent aboutir à l’émissaire… Il est difficile que ces manoeuvres fréquentes puissent s’exécuter d’une façon complètement inodore…Pendant la période d’obturation des collecteurs, il s’y produira une accumulation de matières…qui pourra donner lieu à toute une série d’accidents car dans son projet Mr Bérard fait marcher les matières et les eaux vannes dans les mêmes conduits que les eaux pluviales.
Après avoir élevé les matières à Carras il faudra les élever de nouveau pour franchir le Var attendu que les terrains de Carras jusqu’au fleuve sont argileux et ne peuvent server à la filtration… On ne peut songer à installer un siphon sous le Var pour atteindre les terres sablonneuses et très propres à la filtration qui se trouvent sur la rive droite… On ne pourrait pas non plus songer à verser les matières dans la mer à Carras sous peine de voir la plage se peupler d’épaves…le projet ne pourrait sans de graves inconvénients s’appliquer à Nice.
Dimanche 30 septembre 1888
Système à écoulement naturel
Nous ne connaissons pas le projet Morris. Nous connaissons les installations similaires d’un grand nombre de viiles d’Angleterre, pays de Mr Morris. Les cinq collecteurs déjà décrits, c’est tout ce qu’il y a de plus naturel et logique. Ce serait une folie de songer à un débouché direct devant le Quai du Midi et la Promenade des Anglais. Un émissaire général devant la plage devient indispensable…Il faudra une usine en ville ou à proximité et si on la préfère aspirante, elle sentira la peste. Refoulante ou aspirante, elle donnera une élévation aux matières qu’il faudra renouveler pour franchir le Var…On ne peut contester que les matières excrémentielles mélées aux eaux des water-closets, des chasses périodiques, à celles d’éviers, et par dessus le marché celles de pluie auront perdu toute valeur fertilisante
(Suit une discussion sur le problème des odeurs)
Lundi 1er octobre 1888
Système à écoulement naturel, application à Nice
Discussion sur l’effet de l’humidité de l’air et de la chaleur ambiante sur les odeurs
…Tant au point de vue des convenances et de l’hygiène qu’à celui agricole…le système à écoulement naturel est le moins convenable pour Nice. En effet il exige des masses d’eau qui enlèvent toute valeur à la matière. Il réclame un débouché unique. Il donnerait grâce aux conditions climatiques… des émanations plus insalubres, plus dérangeantes qu’il ne donnerait partout ailleurs. Il exige un bouleversement profond des sols…Il rend nécessaires des élévateurs multiples
Jeudi 18 octobre 1888
Système à écoulement naturel
Note: Cet article a été reproduit in extenso à part certaines données financières car il parait un peu confus. Il est dommage qu’après une étude détaillée des systèmes en vigueur à l’époque dans diverses villes importantes d’Europe, les conclusions pour Nice n’aient pas été énoncées de façon claire.
Les observations que nous avons formulées en parlant du projet de Mr Bérard et en examinant la possibilité d’établissement de toute autre installation basée sur le principe de l’évacuation des eaux noires au moyen de l’écoulement par pente naturelle ont pu convaincre quiconque connait un peu le sujet que nous traitons ici, qu’il est impossible d’utiliser sans de graves inconvénients de toute nature, le réseau actuel d’égouts de Nice pour un pareil service et que de très graves difficultés techniques et financières s’opposent à l’application à Nice du même principe d’évacuation aidée ou non par des moyens mécaniques et de grandes additions d’eau.
Nous croyons avoir démontré en outre qu’au point de vue de l’hygiène aussi bien qu’à celui des intérêts agricoles, de graves raisons s’opposent à l’adoption de ce système à Nice. L’installation de nos égouts telle qu’elle fonctionne actuellement avec les chasses et le volume d’eau dont elle dispose, représente cependant un terme important dans la solution rationnelle du problème de sanification.
En effet le réseau actuel peut recevoir sans inconvenient acceptable les eaux d’évier car les chasses et le volume permanent d’eau dont il peut être doté peuvent effectuer un lavage d’une énergie plus que suffisante et donner lieu à une dilution excédant remarquablement les limites de celle exigée par la marche et dilution des matières dans des égouts recevant toutes les déjections- Cette limite ordinairement se trouve atteinte par une dotation proportionnelle d’eau égale à 25 litres par habitant. A Nice comptée sur le pied de 100.000 habitants cette dotation excède 60 litres par tête et par jour. Une pareille masse qui peut être facilement augmentée, ne doit laisser aucunce crainte pour verser les eaux d’évier dans les égouts. Nous croyons être pleinement d’accord en cela avec les hygiènistes les plus justement réputés à Nice car Mr le Docteur Balestre dont la haute compétence est reconnue de chacun, croit avec raison que la dotation d’eau dont dispose la ville serait suffisante pour le fonctionnement normal d’un système à écoulement naturel qui recevrait toutes les matières. Il ne resterait qu’à prolonger d’une trentaine de mètres et sous l’eau les deux ou trois émissaires du réseau en les faisant aboutir à des endroits peu fréquentés par les baigneurs tels que les jetées du port, les abords des rochers des Ponchettes au couchant et sur la Promende au delà de la rue Saint Philippe. En séparant les eaux d’évier des eaux cloaquantes proprement dites, on obtient du coup deux résultats importants, dont le premier est de conserver la valeur fertilisante des matières, valeur destinée d’après nous à affranchir la Ville de tout ou de la plus grande partie des sacrifices financiers qu’elle serait obligée de supporter afin d’aboutir à un résultat capable d’inspirer confiance en fait de sanification; le deuxième résultat se trouve tout dans la diminution très grande des quantités de matières à employer attendu que cette élimination des eaux d’évier permettra d’employer des conduits d’un diamètre très inférieur.
Ces avantages là ne peuvent être atteints par l’application du système à écoulement naturel car la nature des matières à charrier, le manque de pentes, rendent indispensable une dilution énorme qui pour Nice ne pourrait être inférieure à 60 litres par tête.
Tout en faisant une canalisation spéciale pour les vidanges et les eaux vannes qui laisserait les égouts actuels exclusivement affectés à l’écoulement des eaux pluviales, les diamètres des conduits ne pourraient pas descendre en-dessous des dimensions extrêmes allant de 0.25m à 1.40m. Le réseau devrait comprendre environ 70 km de conduits. Les changements fréquents de niveau et l’étendue du parcours rendraient nécessaire l’établissement d’au moins 500 puits d’inspection, de 500 appareils de chasse et de 1000 regards au bas mot.
Ce n’est pas dans les colonnes d’un journal que nous pouvons étaler les détails d’un devis approximatif…nous trouvons pour la ville de Nice le prix de revient de l’installation complète s’approchant de 4 milions de francs tout en tenant compte de la séparation entre les eaux noires et les eaux pluviales. En disant complète nous y comprenons une seule évacuation mécanique des matières établie entre Magnan et Californie et une immission des matières dans la mer près du Var, se prolongeant de 100 mètres sous l’eau… Si nous supposons exact le chiffre de 5000 chûtes qu’on nous a fourni, ce seront 50 f par an et par chute qui devront être payés par les propriétaires pour couvrir les charges financières que la Ville se sera appliquée pour établir cette installaltion.