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ASILE EVANGELIQUE DE NICE

Mise à jour juin 2025

En collaboration avec Judit Kiraly Docteur de l’Université de Nice Sophia Antipolis

 

Sur Internet on peut lire : « L’asile évangélique a été fondé en 1855 par des communautés protestantes et orthodoxes de diverses nationalités ».

 

Les statuts mentionnent clairement le caractère protestant de l’association (voir note à la fin)

 

Dans la revue Nice Historique, année 1991-4 figure un article intitulé « Aspects de l’action sociale des Protestants dans les Alpes Maritimes au XIXème siècle » par Olivier Vernier – voir plus loin.

 

Un article intitulé « VAUDOIS HOSPITAL CHURCH AND FREE SCHOOL AT NICE » du 31 mai 1859 publié le 1er juillet par Evangelical Christendom, donne des détails sur les débuts de l’Asile Evangélique :

Traduction de l’anglais :

« Au lieu de vous promener le long du quai Masséna ou d’autres lieux à la mode, je voudrais vous mener rue de France au-delà de l’ancien monument de la Croix de Marbre et un peu plus loin vous faire entrer par une simple porte sur le côté droit. En pénétrant dans un jardin vous trouveriez le petit                                                                                 hôpital ou asile, comme on l’appelle, appartenant à l’église vaudoise. Ce n’est pas une maison construite dans ce but, mais une vieille maison bien adaptée. Elle n'existe que depuis un peu plus de trois ans et c’est la seule institution de la sorte dans la ville. C’est pourquoi il semble qu’elle devrait être soutenue et encouragée par tous les protestants et plus spécialement ceux qui d’une façon ou d’une autre, intéressés par Nice, ont une dette envers son merveilleux climat pour recouvrer la santé. Je l’ai visité encore et encore et toujours je l’ai trouvé propre, joli et confortable. L’Asile est vraiment petit, à tel point qu’il y a seulement une directrice (matron), une employée (servant) et un valet (manservant) pour prendre soin des résidents »

                                                                                                                                              

Ce récit correspond à la première maison.

 

Dans un article de la même époque on peut lire :

« L’Asile Evangelique a été créé il y a quatre ans avec le concours de généreux donateurs adeptes du culte évangélique. Les mêmes ressources ont permis à l’œuvre d’entretenir depuis cette époque 14 lits. Les malades sont reçus dans l’Asile sans distinction de croyance religieuse et de nation. L’année dernière 60 malades environ ont été admis. Les hommes, les femmes et les orphelins y sont reçus gratuitement. Le pasteur Pilatte assume la direction administrative. Le docteur Pollet est chargé du service médico chirurgical qu’il exerce gratuitement. Une infirmière et un infirmier sont à demeure dans l’établissement auquel est attenant un vaste jardin pour la promenade des malades. »

Cet article est en partie erroné car les statuts précisent le caractère protestant de l’institution

 

Dans un article sur le pasteur Leon Pilatte consultable sur Internet par Myriam A.Orban on peut lire page 739 : « un premier lieu d’accueil de 4 chambres est ouvert dans un local près de la Croix de Marbre (rue de France) pour donner des soins aux plus indigents, éventuellement, souligne leur plaquette, si la situation du malade le permet, il lui est demandé une somme modique pour participation aux frais. Quelques temps plus tard les locaux étant devenus trop petits et le propriétaire souhaitant retrouver son bien, le Comité d’organisation se voit contraint d’envisager le transfert de la structure dans un local plus adéquat.

Grace aux aristocrates venus passer l’hiver à Nice et qui se pressent à ses cultes Pilatte peut réunir l’argent nécessaire à l’ouverture d’un petit hospice qu’il appelle Asile Evangélique…. Il trouve un pavillon d’une quinzaine de lits au 42 rue de France… »

 

L’article de Nice Historique

 

Dans un article signé Olivier Vernier dans le numéro 1991-4, on peut lire cet extrait page 160 :

« C’est autour de l’église vaudoise de Nice qu’est fondé en 1855 le premier établissement qui réunit non seulement les protestants de la localité mais en outre chaque hiver un nombre important d’étrangers protestants. Sous le nom d’Asile Evangelique, à l’origine uniquement de soins gratuits avec quinze lits, il connait une extension avec le nouveau régime français. Le 21 avril 1864 se forme un comité pour la construction d’un nouvel Asile Protestant à Nice (repère 21 du plan) ; Le comité est actif puisque le nouvel établissement est inauguré le 13 avril de l’année suivante. Le Comité est composé de treize membres et placé sous la présidence du pasteur Pilatte…

 

Si l’on examine le plan de Nice de François Aune de 1884, on peut voir la référence de l’Asile Evangelique rue du Docteur Balestre dans le quartier Lépante dont Olivier Vernier présente une photo page 163.

Il s’agirait donc de la troisième maison après les deux de la rue de France

 

On peut lire dans le bulletin des lois :

« …..décrète Art 1er : L’institution fondée en 1855 à Nice (Alpes Maritimes) en faveur des malades indigents de culte protestant est reconnue comme établissement d’utilité publique sous le nom d’Asile Evangélique…

Fait au Palais des Tuileries le 5 janvier 1868

signé Napoléon »

 

Myriam A Orban indique que Léon Pilatte démissionne en 1875.

 

L’architecte Aaron Messiah construisit plus tard le Queen Victoria’s Ward (Salle de la Reine Victoria) pour cette institution.

 

Dans le Morning Post du 22 mai 1897 on peut lire un extrait de la lettre écrite par le consul James Harris à l’éditeur du journal pour collecter des fonds :

Traduction

« Il y a ici un petit hôpital privé dépendant des contributions volontaires et de petits paiements par ceux des patients qui le peuvent, qui bien qu’entièrement sous administration anglaise est principalement soutenu par notre colonie anglaise et qui est d’une grande utilité pour les pauvres d’ici aussi bien que nos marins. Lady Harris a eu l’idée qu’une petite salle pouvait être ajoutée à l’hôpital par souscription publique pour contenir un ou si possible deux lits et qui serait dénommée Queen Victoria’s Ward. L’idée fut soumise au Conseil de l’hôpital et agréée par eux. Il fut agréé que la Ladys’ Committee formé par Lady Harris collecterait une somme de 200£ pour une bonne salle bien aérée pouvant contenir deux lits qui serait construite dans l’hôpital avec une dotation nécessaire pour assurer son fonctionnement en permanence soit 400£. J’ajouterais qu’en aucune façon l’accès serait réservé aux patients de Nice même, mais bien sûr aux patients d’origine anglaise. La construction est déjà en cours… 

On peut lire ensuite copie de la lettre que la Reine fit écrire à Sir James Harris Consul de Grande Bretagne à Nice depuis l’Hôtel Excelsior Regina le 20 avril 1897 par suite de son invitation :

Traduction :

« Je regrette qu’il ne soit pas possible de répondre à votre suggestion que la Reine soit représentée à la pose de la première pierre de la nouvelle aile de l’Asile Evangélique qui doit être construit comme un don de la colonie britannique à Nice en commémoration des 60 ans du règne de sa Majesté… »

 

Le Morning Post publia aussi une lettre du Prince de Galles :

Traduction :

Le Prince de Galles avant de quitter la Riviera exprime de façon chaleureuse l’intérêt pratique de la commémoration du jubilé  en approuvant hautement l’idée de promouvoir et entretenir (proceeding et maintaining) le Queen Victoria’s Ward à l’Asile Evangelique… »

 

Selon J Kiraly Le Colonel Evans en fut président.

 

 C’est lui qui a fait édifier la villa Torre di Cimella démolie dans les années 1960 pour laisser place à un ensemble immobilier « Les jardins de Cemenelum » mais la pièce d’eau et le portail d’entrée majestueux sur la rue qui porte le nom du Colonel Evans ont été conservés.

Après son décès en 1896, le Consul de Grande Bretagne James Harris en a été le Président. Il est décédé lui-même en 1904.

 

Selon J Kiraly il y eut une lutte d’influence après la mort de la Reine

- Le consul Harris et le Reverend Langford voulaient faire une collecte pour agrandir l’Asile

- Le nouveau consul MacMillan voulait construire un hôpital au mont Boron au nom de Victoria et faisait campagne contre l’asile en disant qu’il y aurait une section pour des lits gratuits pour des pauvres dans l’hôpital moderne et que l’asile était obsolète 

L’autre institution britannique : le « Queen Victoria Memorial Hospital of Mont Boron » situé avenue Maeterlinck fut démoli dans les années 1960 pour permettre la construction d’un ensemble immobilier.

A un certain moment il y eut de la confusion chez les donateurs au sujet de l’attribution des dons entre les deux institutions.

Les médecins et personnels de santé britanniques opéraient dans les deux établissements.

Malheureusement il semble que les archives anciennes ont disparu.

 

Critique

 

Le principe de L’Asile Evangelique n’était pas exempt de critique comme on peut le lire dans cet extrait du New Zealand Tablet du 24 avril 1902 :

Traduction :

« France- un contraste-A Nice il y a un hôpital dirigé et soutenu par les Protestants anglais qui reçoit seulement des patients protestants qui n’ont pas de maladies infectieuses. Mais ici l’hôpital catholique ne fait pas de distinction que ce soit en matière de paiement ou de maladie. Mr Labouchère dans le « London Truth » observe : je comprends d’après un de mes lecteurs que les cas infectieux ne sont pas admis (à l’hôpital protestant – Asile Evangélique.) C’est pourquoi si un protestant attrape la scarlatine ou la variole on l’envoie à l’hôpital catholique de Saint Roch. Il me semble que la charité catholique est beaucoup plus authentique que la protestante. Si les consciences des malades protestants sont  choquées d’être soignées dans une institution catholique romaine et si les protestants en bonne santé veulent sauver leurs voisins malades  de ce désagrément, il me semble que des dispositions devraient être prises pour toutes sortes de maladies semblables et que les catholiques seraient tout à fait justifiés dans ces circonstances de refuser les cas que l’institution protestante n’a pas les moyens ou le désir de s’occuper

 

La fondation existe toujours sous le nom de M.A.S. Palmerose 60 avenue Joseph Durandy 06200 Nice

 

Statuts de l’Asile évangélique de Nice (Alpes Maritimes)

 

Extrait

 

Art 1er : L’Asile évangélique de Nice a pour but :

1 : D’offrir gratuitement ou moyennant une rétribution proportionnée à leurs moyens, l’hospitalité et les soins aux malades pauvres protestants de Nice et des environs.

2 : De mettre à des conditions analogues, un certain nombre de lits à la disposition des protestants de toute nationalité et peu fortunés auxquels le climat de Nice serait nécessaire.

3 : De recueillir temporairement des voyageurs fatigués, des enfants abandonnés, des jeunes personnes sans protection, et de servir généralement autant que possible à l’exercice de la bienfaisance chrétienne                                                                                                                                 envers les membres des communautés protestantes

4 :D’offrir les avantages mentionnés au paragraphe 3 de cet article aux membres de la communauté grecque aussi longtemps qu’ils ne possèderont pas à Nice un établissement spécial pour eux.

5 : L’Asile évangélique pourra en outre, avoir des garde malades pour donner des oins en ville aux personnes qui en feraient la demande…