Point du Ramingao à Roquebrune Cap-Martin

CHAPELLE ANGLAISE DE NICE 06000

Future église anglicane – Holy Trinity church

 

En collaboration avec Judit Kiraly ()

 

 Mise à jour janvier 2023

William Farr (1807-1883) fit la promotion de Nice comme résidence d’hiver pour les britanniques.

 

Il a établi des statistiques sur Nice dans son ouvrage “medical guide”

Son livre est paru en 1841

Ci-dessus de gauche à droite: plan Motolivo 1856, plan 1891

 

ci- contre de gauche à droite: plan 1865, autre plan

Traduction de la page 123 et suivantes du medical guide

 

L’année 1776, un morceau de terrain a été acheté par le Consul britannique à Nice à titre de propriété publiqque dans le but d’en faire un cimetière pour tous les sujets britanniques décédant ici. Il a été utilisé à cet effet jusqu’en 1820.

Cette année là une réunion des résidents britanniques fut tenue dans le but de prendre en considération la nécessité d’établir un lieu permanent de culte pour les protestants et aussi pour obtenir un cimetière complémentaire.

Des souscriptions furent lancées à cet effet et des curateurs nommés

Mais divers malentendus apparurent qui retardèrent beaucoup la réalisation de ce projet.

Une difficulté considérable fut d’abord rencontrée dans l’obtention de l’autorisation du gouvernement sarde d’avoir quoique ce soit en rapport avec un endroit public de culte pour les protestants.

Mais cela a été résolu grace à la persévérence de l’Amiral Pearson et du Vice Consul Monsieur Peter Lacroix et par l’engagement de ce dernier que “cette batisse ne sera autre chose qu’une petite maison qui n’aura aucune forme de temple ni intérieurement ni extérieurement” et “elle ne doit réunir les familles anglaises à fin(sic) d’y faire leurs prières accoutumées”

Sa Majesté sarde fut gracieusement priée de donner la permission d’acheter le terrain et des lettres patentes furent produites et signées par elle à la Mairie, dans lesquelles la condition était “che il detto edifizio non servira a verun altro uso, e non avra in alcun maniera l’aspetto d’un tempio” (que le dit édifice ne servira à aucun autre usage et n’aura d’aucune manière l’aspect d‘un temple)

Le terrain fut acheté et payé par des contributions volontaires à Nice et en Grande Bretagne. Le coût total de la dépense fut d’environ quarante trois mille francs dont environ quinze mille furent la contribution à différents moments de Lady Olivia Sparrow.

L’établissement continua à fonctionner paisiblement jusqu’en 1832-3, quand en enfreignant l’interdiction des lettres patentes, la chapelle fut grand ouverte aux protestants suisses et où leur ministre effectua le service en français.

Cet état de choses créa de violentes dissensions parmi les britanniques et ils rappelaient souvent leur désaccord dans le livre de l’église, plus particulièrement en 1835 quand une communication arriva de l’Ambassadeur à Turin au Vice Consul imposant aux anglais la nécessité de s’abstenir de distribuer des tracts et par ailleurs d’interférer dans la religion du pays.

Par suite d’autres infractions aux termes des lettres patentes, une communication officielle du gouvernement sarde datée du 4 avril 1835 fut reçue par le Vice Consul dans laquelle on se plaignait de ces abus et le ministre fut prié de fournir dans un temps fixé “lettere di communione dal vescovo di Londra “(lettres de communion de l’Evêque de Londres) et insistant sur la stricte application des prescriptions de l’acte.

Il devint évident que l’établissement serait supprimé s’il pouvait apparaitre que le bâtiment était une chapelle privée et non un endroit public de culte appartenant aux britanniques suivant les termes du statut.

Une réunion fut organisée où il fut agréé de remettre les choses une fois de plus sur le bon pied

La nomination du ministre fut décidée par l’Evêque de Londres après beaucoup de discussions, diverses communications entre l’Ambassadeur à Turin, l’Evêque de Londres et d’autre personnes concernées. Elle prévoyait que le clergyman résiderait toute l’année sauf pendant la chaleur de l’été sauf si sa santé rendait son absence pendant deux mois nécessaire dans lequel cas son absence serait autorisée en accord avec le Vice Consul et les curateurs.

Le gouvernement après quelque délai notifia à travers l’Ambassadeur à Turin son accord sur les appointements du Chapelain et lui alloua cent livres par an comme complément de salaire.

L’actuel ministre le Révérend M. Hartley a été nommé par l’Evêque de Londres et son salaire approuvé par Lord Palmerston.

Depuis lors toutes les disputes parmi les britanniques au sujet de la chapelle ont cessé et l’établissement continue de prospérer et de jouir du libre exercice du culte public sans aucune difficulté ou interférence quelconque des autorités constituées.

Le nombre de britanniques qui restent à Nice durant les mois de Juillet et d’aout est comparativement faible, ayant pendant les trois dernières années varié de cinquante huit à soixante sept en comptant les résidents et quelques étrangers de passage.

La chapelle cependant est restée ouverte au culte public toute l’année dernière.

Un pourcentage est prélevé sur le nombre de sièges pour le défraiement des dépenses nécessaires comme le bois de chauffage, les gages du servant, etc…

Malheureusement cela ne suffit pas pour compenser ces dépenses et la balance est équilibrée annuellement grace à un fond de réserve prélevé à un taux fixe sur les britanniques et les protestants étrangers sur le prix des enterrements; lequel fond est prévu dans le but de réparer la chapelle dont la nécessité dans une certaine mesure est maintenant évidente.

Le prix d’un enterrement pour un protestant étranger est de trois cent francs et pour un britannique de cent francs pour une simple tombe, mais pour les personnes qui ne peuvent pas payer ce montant, le vieux cimetière (voir note) est ouvert libre de toute charge (voir note)

Deux curateurs et un trésorier sont élus chaque année suivant un acte du parlement et les instructions de Lord Palmerston.

Aucun siège particulier n’est pprévu en location dans la chapelle car le bâtiment est à peine suffisamment grand pour la communauté pendant les mois d’hiver.

Le prix d’un siège pour la saison est de vingt cinq francs et la moitié pour les enfants ou les employés mais les familles peuvent contribuer pour cent à cent vingt cinq francs.

Le cimetière est pittoresque et les cactus, cyprès et saules contrastant avec le marbre blanc des monuments produisent un bel et plaisant effet

 

 

Note 1:

 

Le vieux cimetière est celui de la Mantega, actuellement Boulevard Gambetta sur un terrain acheté en 1775. Voir ci-dessous

 

L’église actuelle Holy Trinnity church rue de la Buffa a été construite après le rattachement de Nice à la France en 1860. On peut lire des articles à ce sujet sur Internet

 

Note 2:

 

Une exposition a eu lieu aux Archives départementales du 29 octobre 2021 au 27 mai 2022 sous le titre « les cimetières des Alpes Maritimes. Ci-dessous la contribution de Judit Kiraly

 

Les enterrements des protestants étrangers et les cimetières britanniques de Nice [BP1] <#_msocom_1>

Judit Kiraly 


Les hivernants étrangers (britanniques surtout) ont grandement influencé le développement de la ‘Riviera’; malgré cela les protestants parmi eux ont aussi rencontré beaucoup de problèmes. Les hivernants vinrent d’abord principalement pour guérir de la tuberculose et retrouver la santé; croyants pour la très grande majorité d’entre eux, ils n’entendaient pas cesser de prier à leur façon bien que séjournant en un pays où le catholicisme était religion d’Etat.  Ils durent donc exercer leur foi en cachette de la population locale et accepter d’être la cible de l’animosité des autorités religieuses, lesquelles toléraient leurs pratiques quand ils étaient en vie, mais laissaient libre cours à la détestation qu’elles éprouvaient pour celles-ci dès qu’ils mouraient et qu’il fallait leur trouver une dernière demeure dans le sol niçois.
 
Avant 1820, habituellement, les corps des défunts britanniques étaient déposés dans une caisse en bois et celle-ci placée à l’intérieur d’une deuxième caisse métallique scellée hermétiquement pour les transporter par bateau vers un cimetière anglais. Les enterrements des protestants à Nice furent très rares avant la construction de leur première chapelle de la rue de la Buffa. Néanmoins on sait qu’en avril 1758, le vice-consul Louis Cabanis fut enterré dans un jardin privé[.

 Ses funérailles causèrent un incident diplomatique, car significativement son cortège reçut des œufs pourris et des insultes lancés par la population catholique.
 Un des premiers enterrements officiellement répertorié sur un terrain désigné ‘cimetière britannique’ fut celui de l’archevêque Ryder, qui se sachant sur le point de mourir   exprima le souhait d’être enterré à Nice. Il fallut donc en urgence trouver un terrain disponible hors de la ville. Le vice-consul britannique A. Ighina  acheta en février 1775 une petite parcelle de moins de 250m2      à « Mantega » (aujourd’hui Boulevard  Gambetta) où il pourrait    être enseveli .  Avec l’ajout d’une autre petite parcelle,, ce cimetière eut une surface  de 369 m2  . Pendant les années de la Révolution, les troupes françaises en saccagèrent les tombes et revendirent le marbre. Après 1814, les enterrements reprirent et le cimetière se remplit tellement[BP20]     que l’on finit par empiler les cercueils dans  les   tombes existantes. En 1885, on ajouta encore un petit bout de terrain au cimetière. Puis, en 1888

« Mantega » fut fermé. Les tombes et ossements  furent transférés au British Protestant Cemetery of Caucade  ouvert depuis quelque temps, et le terrain fut vendu en 1889[3]   .
 
Parallèlement  existait un cimetière sur un terrain jouxtant la chapelle britannique [BP24] <#_msocom_24>  construite entre la rue de la Buffa et la rue de France et consacrée  en décembre 1822.  Le premier enterrement dans le jardin/cimetière   contigu eut lieu cette même année. La tombe (celle du colonel John Vincent), une pyramide en marbre, est toujours visible aujourd’hui. Après la construction de la nouvelle grande église Holy Trinity (1860-63) il y avait 413 tombes, mais aujourd’hui à peine une quarantaine demeurent . Les enterrements cessèrent ici en 1871.

Aujourd’hui l’ex-churchyard est un jardin privé appartenant à l’église.
 A partir des dernières décennies du dix-neuvième siècle le plus important cimetière britannique de Nice fut celui de Caucade[BP32]  2>   sur un terrain acheté pour 13,500 Fr. L’autorisation préfectorale reçue le 7 juillet 1864 exigea la pose d’une clôture et la fermeture du cimetière de la rue de France. A l’origine la surface était de 6,285m2, mais une partie fut cédée aux Russes en 1866. Une petite chapelle fut construite en 1865, puis une loge de concierge fut ajoutée. L’architecte Messiah transféra les tombes restant encore à Mantega, répara et améliora la chapelle et l’ossuaire en 1887.  Peu à peu le cimetière de Caucade tomba dans l’abandon. La ville reprit le terrain en 1972, promettant de s’occuper des tombes restantes en contrepartie.

Mais aujourd’hui la chapelle est en ruines, ainsi que  les tombes.
 

Plans

 

Sur le plan Montalivo de 1856 on peut lire dans la légende:” k “ église et cimetière anglais

 

Bibliographie

 

A medical guide to Nice - William Farr- London John Churchill, Princes Street, Soho 1841