Point du Ramingao à Roquebrune Cap-Martin

EQUIPEMENT HOTELIER DE NICE EN 1840 SELON WILLIAM FARR

Mise à jour février 2023

En collaboration avec Judit Kiraly

 

 

William Farr (1807-1883) fit la promotion de Nice comme résidence d’hiver pour les britanniques

 

Il a établi des statistiques sur Nice dans son ouvrage “medical guide”

 

En page 132 et suivantes on peut lire

 

Nice possède huit principaux hotels.

L‘hôtel des Etrangers est le plus grand. Il a dix salons et possède cent très bons lits. Cet hôtel est extrèmement bien dirigé. La table est excellente et les prix sont modérés. La plupart des familles vont dans cet hôtel à leur arrivée.

L’hôtel de la Pension Anglaise possède huit salons et quarante lits. Il n’y a je pense aucun hôtel du Continent où un étranger peut vivre plus confortablement qu’ici.

Il est tenu par un anglais. La situation pour les invalides est prise en compte et la cuisine est de la meilleure qualité à la fois pour ceux qui sont en bonne santé et pour les malades.

L’hôtel de France a huit salons et cinquante lits. Il est situé près de la mer. Son propriétaire est français; la politesse et la propreté caractérisent cet hôtel. La table d’hôtes est très bonne et entièrement française. Le propriétaire en construit un autre à un très bon emplacement qui sera plus spacieux et possèdera des avantages que l’on ne peut trouver nulle part ailleurs.

L'hôtel du Nord a quatre salons et vingt lits.

L’hôtel d’York a quatre salons et vingt cinq lits.

L’hôtel de l’Europe a quatre salons et vingt lits. Les familles qui y logent actuellement en parlent avec faveur. Il est situé à la Croix de Marbre.

L’hôtel d’Angleterre est près du Pont Neuf. Il a dix huit lits et quatre salons. Le propriétaire de cet hôtel est aussi restaurateur et livre des repas aux familles à des prix raisonnables.

La maison proche de l’hôtel d’Angleterre est occupée par un autre restaurateur qui a été cuisinier dans une famille anglaise distinguée. Sa cuisine est beaucoup de style anglais.

Beaucoup de familles se servent chez lui pour leurs repas et tous expriment leur satisfaction. J’ai précédemment fait allusion à un établissement de même nature attaché au Cercle. Dans chacun de ces restaurants on peut bien manger pour deux francs incluant le vin.

Le prix de la table d’hôtes de chacun de ces hôtels est de 3 francs, mais au mois c’est moins cher. A l’hôtel de France on peut prendre place pour cent francs par mois, cent cinquante francs y compris le logement.

A la Pension Anglaise la pension complète est de sept francs par jour.

Indépendamment du service que ces hôtels fournissent il y a selon Mr Mages six cents appartements et maisons à louer en ville et en dehors.

Pour ceux-ci il calcule que cent vingt sont adaptés à la réception de grandes familles, deux cent quarante à des familles de taille moyenne. Et le reste pour une, deux ou trois personnes.

Maintenant en supposant que les plus grandes familles sont d’une moyenne de dix personnes, cela voudrait dire mille deux cent personnes.

Les familles moyennes et petites de cinq personnes chacune feraient mille deux cent et le reste à une moyenne de deux ferait quatre cents. Le nombre total d’étrangers que Nice est capable de loger est de deux mille huit cent quatre vingt, indépendamment de la garnison, des marins, des travailleurs du port qui ensemble font une population flottante de six mille huit cent cinquante trois âmes.

Les prix de location des maisons et des appartements sont, je crois, moins chers que dans n’importe quel lieu de résidence du continent.

Pour une maison non meublée comportant seize pièces avec jardin, garage, étable, on m’a demandé cinquante livres par an et je crois que j’aurais pu l’avoir pour quarante quatre.

Pour un premier étage non meublé également dans les meilleures maisons et avec une vue au sud, le prix de location le plus élevé demandé est de huit cent francs, pour le second étage six cent cinquante et pour un troisième cinq cent cinquante. Dans l’endroit le moins agréable, c’est à dire dans le quartier de la Place Victoria (Place Victor future Place Garibaldi) et dans les rues menant au port on peut avoir les mêmes étages pour cinq cents, quatre cents et trois cents.

Ces appartements consistent généralement en quatre pièces en façade, le même nombre derrière et les pièces de service.

Les maisons meublées de première catégorie ont été louées pour la saison de deux cents à trois cents livres, celles de seconde catégorie de cent cinquante à deux cents et celles de la troisième de soixante dix à cent quarante livres.

Les appartements de première catégorie ont été loués quatre mille francs ceux de la seconde trois mille francs et ceux de la troisième de mille cinq cents à deux mille huit cents.

Dans une situation moins agréable, le prix va de mille à mille deux cents francs.

La saison d’hiver commence le premier octobre et se termine le quinze mai.

Depuis cette date jusq’au vingt neuf septembre on peut avoir les meilleurs appartements pour la somme modeste de trois cents francs et de très convenables pour deux cents ou deux cent cinquante francs.

Il y a quelques propriétaires, mais ils sont très peu, qui peuvent louer leur appartement à la journée ou au mois au début ou à la fin de la saison.

Cette saison, le prix des maisons est généralement très réduit. Le montant des réductions est d’environ vingt cinq pour cent.

Que ce soit entièrement dû à la situation politique troublée ou seulement en partie, ou à l’accroissement constant des maisons et des appartements, je ne saurais le dire.

C’est toujours désirable d’avoir un appartement au sud. C’est non seulement plus agréable mais plus sain et bien que les prix soient plus élevés la différence est absorbée par la consommation de fuel. C’est la coutume de louer les appartements dans des maisons nouvellement construites moins chers que ceux qui ont déjà été habités et beaucoup de gens pour des faux motifs d’économie sont tentés de les occupier.

Ils ne peuvent commettre une plus grande erreur. Cela ne leur cause pas de préjudice immédiatement mais des désagréments futurs.

Dans une maison nouvellement construite j’ai connu l’an dernier un cas sévère d’iritis (irritation de l’iris) et un autre de névralgie, les deux causes dues au fait d’occuper des appartements avant qu’ils ne soient suffisamment secs pour être habités.

Les familles à leur arrivée se mettent immédiatement en quête d’appartements et en trouvant quelque chose de neuf et parfaitement propre, sont conduits pour le modeste prix demandé à réserver et à signer un accord pour la saison avant de faire une enquête si utile pour leur santé et leur confort.

Un cas de cette sorte est arrivé l’hiver dernier.

(Suit une digression sur un contentieux lié à la location d’un appartement très humide, avec son commentaire)

Le système actuel de location des maisons et appartements est mauvais et il est regrettable qu’il n’existe pas un agent autorisé.

Dans ce sens il a été proposé par certains habitants la création d’un comité composé de cinq membres respectables qui devrait donner aux étrangers toutes les informations nécessaires, avis et assistance gracieusement.

Mais je crains qu’il se passera du temps avant cette réalisation.

Le bas de Cimiez, Brancalla (Brancolar) et Carabasul (Carrabacel) sur la route de Saint Barthélemy constituent l’endroit le plus abrité et le plus chaud dont Nice peut se vanter, le seul endroit où les invalides devraient passer l’hiver

Ici l’étranger trouvera treize maisons meublées à louer ce qui représente plus de quatre vingt bons lits, outre ceux pour le personnel

(Suit une liste des maisons meublées)

Le loyer le plus élevé dans la vallée est de cent vingt livres pour la saison. Il est vrai que ces maisons ne sont pas aussi élégamment meublées mais néammoins elles ne manquent pas de confort même si celles qui sont situées à la Croix de Marbre ont un loyer de plus de cinquante pour cent plus chers.

Certaines n’ont pas assez de pièces avec cheminée mais c’est un inconvénient facile à supprimer du fait qu’un “Russian stove”peut être installé en une heure ou deux et que ces poêles ont été maintenant tellement perfectionnés qu’ils ne produisent pas de fumée désagréable et qu’ils tirent parfaitement bien. Leur prix est de deux à trois livres l’unité

(ce type de poêle a fait l’objet d’articles sur Internet)

 

Note:

Sur le plan Montolivo de 1856 on peut lire dans la légende

Q Hôtel d’York (rue dela Boucherie)

R Hôtel des Etrangers (Rue du Pont Neuf)

U Grand Hôtel Chauvain (Quai Saint Jean Baptiste)

V Hôtel de Londres (Quai Saint Jean Baptiste)

Y Hôtel de Grande Bretagne (Place du Jardin Public)

Z Hôtel Victoria (Promenade des Anglais)

X Hôtel de la Pension Anglaise (Place du Jardin Public)

I Hôtel des Princes

 

Bibliographie

 

A medical guide to Nice -William Farr- London John Churchill, Princes Street, Soho 1841