Fondation de Villefranche sur mer 06230 suivant le dictionnaire de Casalis


                                                                      mise à jour novembre 2015

Traduction: Raoul Barbès et Françoise Prost

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Alors que les principales puissances d’Europe s’adonnaient à des préparatifs de guerre, s’éleva une vague de protestation parmi les peuples réclamant à cor et à cri la paix et la conciliation. Les ambassadeurs de France, d’Espagne  et de la Cour de Rome, se réunirent à Tarascon, et Charles (d’Anjou) s’y rendit aussi pour accélérer une pacification vivement désirée. Les préliminaires signés le 19 février 1291 laissaient espérer la fin des turbulences, quand la mort d’Alphonse d’Aragon ralluma le flambeau de la discorde. Jacques, frère du défunt monarque (1*), réclama avec hauteur l’entière application du traité relatif au prix de rachat de Charles d’Anjou (2*), mais l’attitude de toutes les villes et singulièrement de Nice, entraina la signature du traité de Tarascon le 20 décembre 1294 en vertu duquel Jacques renonçait à toutes ses prétentions sur la Sicile en faveur de Charles d’Anjou, à qui il offrait même comme épouse sa fille Blanche d’Aragon. Ce fut alors que Charles se consacra de toute son âme à perfectionner l’administration interne  de ses Etats et à assurer par tous les moyens possibles le bonheur de ses peuples. Et ce fut alors  que pour rendre plus prospères les conditions du commerce  et de l’industrie de Nice,  il se persuada de fonder l’établissement maritime de Villefranche. Mais les Gênois, naturellement jaloux de tout ce qui pouvait menacer leur prépondérance, virent d’un mauvais œil que le port de Villefranche soit de jour en jour plus fréquenté, et ils en firent tant de doléances restées vaines qu’elles conduisirent à une déclaration de guerre. Les Grimaldi chassés de Monaco par les Doria et les Spinola, se réfugièrent à Nice où ils rassemblèrent quelques troupes. Ottobone Fieschi mit la main sur les terres de Roquebrune de Menton et de Vintimille. Les Doria  de leur côté, commirent d’horribles représailles  et dommages dans la vicariat de Nice. Giordano di Rossetto, vicaire du grand sénéchal fut obligé de marcher en personne avec de bonnes troupes  pour contenir l’audace  des gibelins de Monaco, et jugea bon de remettre en état les antiques fortifications de la Turbie. Mais le 19 aout 1302  fut signée la paix non seulement avec les Gênois, mais aussi avec Frédéric de Sicile qui jusque-là n’avait pas voulu reconnaître le traité de Tarascon.

Notes

 

(1*) Jacques, frère d’Alphonse III d’Aragon, fut Roi de Sicile sous le nom de Jacques I de 1285 à 1291, puis à la mort de son frère ainé le Roi d’Aragon Alphonse III  il abandonna la Sicile pour devenir lui-même Roi d’Aragon de 1291 à 1327.

 

(*) Charles d’Anjou ayant participé à la septième croisade avec son frère ainé Saint-Louis fut, comme lui, fait prisonnier en Egypte en 1250 à la bataille de Mensourah avec le reste des croisés. Ils furent libérés contre une forte rançon (500 000 livres Tournois). Dès 1253 le Pape offrait à Charles d’Anjou de lui inféoder le Royaume de Sicile. Malgré les réticences de Saint-Louis cela fut fait par le Pape Urbain IV en 1262 qui offrit la couronne des Deux Siciles à Charles d’Anjou. 

 

Bibliographie

 

Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere

Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro

Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie

Bibliothèque municipale de Nice

Tome XI B 8143 – date 1843