Climat de Nice suivant le dictionnaire de Casalis


  Volume XI                                                                      mise à jour aout 2015

  Note : les températures sont indiquées en degrés Réaumur. Il faut multiplier par 5/4 pour avoir les températures en degrés Celsius

 

Traduction du texte pages 792 à 794

 

 «  Nice est sans aucun doute, la ville la mieux protégée de celles qui se trouvent sur les côtes méditerranéennes. Nous avons déjà dit que son terroir est une plaine dans une vallée qui a l’aspect de l’arène d’un grand amphithéâtre, et dont le débouché  s’ouvre au midi sur la mer. Elle se trouve limitée à l’est et à l’ouest par de longues collines qui vont en s’élevant et s’adosser au nord à de hautes montagnes lesquelles sont même dominées par un double système de monts plus élevés. Il ne faut pas s’étonner si les physiciens, les naturalistes,  et les médecins ont célébré  de tout temps la salubrité  de son climat et de sa température douce.

La saison hivernale est d’ordinaire très douce ; depuis  de très nombreuses années le thermomètre Réaumur ne descend pas de plus de deux degrés en dessous de zéro, et cette température basse n’indique en plus que le froid de la nuit ; le matin et le soir  elle ne dure habituellement que de brèves heures ; au méridien elle montre ordinairement cinq degrés en plus  et la plus haute température n’excède pas 16 degrés.

On ne voit que bien rarement des neiges dans la  plaine, et quand elle tombe, elle fond ordinairement en tombant ou elle blanchit à peine le sol.

Le gel apparaît quelquefois mais  seulement à certains endroits  et l’eau ne se condense  que légèrement à la surface.

La beauté d’un ciel presque toujours sans nuages, une température modérée, la salubrité de l’air, une lumière vive, la présence de cedrats cultivés en pleine campagne, un sol constamment couvert de fleurs, qui sont originaires en grand  nombre de régions tropicales, une nature qui se renouvelle continuellement, font de ce pays une espèce de serre tiède l’hiver, et un agréable séjour en toutes saisons de l’année. Une période  de treize ans d’observations  de 1830 à 1842, faites toutes les deux  heures l’après midi jusqu’à neuf heures du soir et la matin au lever du soleil, moments auxquels le mercure  atteint le maximum et le minimum, montre que le thermomètre Réaumur descend dans le cours de l’année seulement deux ou trois fois en dessous du point de congélation, ce qui du reste n’arrive pas régulièrement toutes les années et ordinairement dans la proportion de deux années sur trois.

La saison hivernale étant celle du séjour des étrangers à Nice, le très émérite Monsieur Roubaudi, a fait des observations particulières sur les variations thermométriques qui surviennent à cette période et il exécuta de façon précise  avec trois thermomètres de comparaison, un disposé au nord à l’abri  des rayons solaires, le second  au soleil et à l’endroit la plus venté, le troisième au soleil  dans des endroits abrités par des murs  et exposé aux rayons du soleil réfléchis par des murs  voisins soit verticaux soit inclinés.

Le premier entre midi et trois heures affichait entre 8 et 10 degrés ; le second de 20 à 25 ; le troisième  de 30 à 33; cette dernière température  est à peu près la plus haute à laquelle arrive le mercure dans la colonne thermométrique ; par ailleurs en été il arrive bien rarement que  le thermomètre monte au-delà de 35 à 40.

De telles observations, il résulte  que durant l’hiver  entre les expositions au sud et celles au nord, entre les lieux protégés et ceux qui ne le sont pas ou qui se trouvent à l’ombre  il y a une différence de 12 à 24. Les rapides passages du chaud au froid  pouvant être nocifs aux personnes de complexion faible et délicate  et particulièrement à celles prédisposées à la phtisie pulmonaire, on se préoccupera  d’utiliser des ombrelles  pendant les longues expositions au soleil, et il sera opportun  de ne pas s’arrêter longtemps après la promenade dans des lieux ombragés, même si on avait un manteau sur le dos. On observe en outre que le froid que l’on ressent à Nice  pendant l’hiver est très pénétrant, le matin et le soir comparativement  au reste de la journée et que l’on peut comprendre la raison pour laquelle le froid est plus sensible  que dans d’autres pays moins chauds.

Pour le rafraîchissement de l’air qui est une conséquence  de la pureté e de la sérénité du ciel, il est utile de ne pas sortir le matin  avant 10 heures et de rentrer à la maison avant 5 ou 6 heures de l’après-midi.

On a déjà dépassé ici des températures plus froides, croit–on, que celles indiquées ci-dessus, ayant la certitude que dans le cours du siècle  parfois le gel a fait périr un grand nombre d’oliviers ; et l’on sait en outre que l’olivier ne meure que si le thermomètre indique 8 ou 9 degrés sous zéro.

Il semble en outre qu’au XVIIIème siècle les hivers rigoureux furent plus fréquents ; et de fait dans les années 1709, 49, 68, 82, 89, 92, le froid a causé de graves dommages aux arbres aux fruits juteux et aux olives. Selon les observations météorologiques faites par Risso dans le siècle en cours, le froid le plus rigoureux fut celui de janvier 1820 : le thermomètre  s’est abaissé et est resté une demi heure à 7.7 degrés sous zéro et toutes les oranges périrent sur l’arbre.

Au Printemps, la température minima est de 5 degrés et la température maxima de 24.

Pendant l’été le thermomètre monte bien des fois au dessus de 24 et 25, et le minimum en cette saison ne fut jamais en dessous de 8. La plus forte chaleur fut celle ressentie en juillet 1808 ; le thermomètre monta au-delà de 26 °7. En automne le point le plus haut atteint par le thermomètre est de 21, le minimum 1° sous zéro, mais la température des quatre saisons n’atteint pas chaque année de telles extrémités. Généralement  en hiver le thermomètre oscille entre 4 et 11, 10 et 17 au printemps et 16 à 21 en été ; 8 et 15 l’automne. La température moyenne peut être évaluée  d’après des observations sur treize ans à 7°7 pour l’hiver, 14°4 pour le printemps, 18°6, pour l’été, 10°3 pour l’automne et pour l’année entière à 12°7. Le climat de Nice offre par rapport à la moyenne des saisons un écart de  5°4, pendant que dans la succession des mois la différence  moyenne n’est que de 2°1. L’automne est à Nice une des plus belles saisons de l’année quand les orages ne surviennent pas si non après la récolte  des figues et du raisin.

Cette saison commence après la mi-septembre et finit vers la fin novembre. La température de l’air diminue peu à peu, à mesure que diminue la longueur du jour ; et bien rarement le froid arrive brusquement causant des dommages aux plantes.

 

Bibliographie

 

Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere

Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro

Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie

Bibliothèque municipale de Nice

Tome XI B 8143 – date 1843