Tende 06430 suivant le dictionnaire de Casalis


 Mise à jour juillet 2013

 Dizionario de G. Casalis Turin

 

Traduction du texte italien                                                     mise à jour 8 juillet 2013

 

Se trouve sur la rive droite de la Roja au nord est de Nizza dont elle est distante de  quinze heures. Le mandement de Tenda est traversé par la route royale qui après avoir franchi la cime du col, descend au sud  par des virages ardus et tortueux très dangereux.

 

Pour les enfants il y a une école élémentaire

Les habitants sont en général robustes, et très appliqués au travail

Ses anciens seigneurs l’ont décoré d’une collegiata dédiée à la Vergine del Bosco. Il y avait deux couvents, un d’agostiniani et l’autre de cappucini. En 1804 fut érigée une commende de S.S.Maurizio et Lazzaro sous le nom de Santissima Trinita.

Le village de Tende a l’avantage d’avoir un hospice de charité, qui pourvoit aux besoins des indigents

Pas d’indication sur les foires, ni sur les traces des guerres

 

Le Comté de Tenda comprenait primitivement diverses terres et châteaux dispersés sur les deux versants des Alpes mais après les divisions faites avec les comtes de Vintimiglia le seul bourg de ce nom et ses alentours formèrent le Comté de Tenda  et Emmanuel Filiberto en fit l’acquisition en 1575 de Renata petite fille du Comte Renato

Vers la vallée principale de la Roja se dirigent sur la droite les vallons de Cairos, Cieva, Biogna, les vallées de la Miniera de la Valmasca et de la Maddalena, et sur la gauche le vallon du Rio Freddo, de la Levenza, dans lequel se jettent les petits vallons de Morignolo et Castiglione, et la vallée de la Bendola.

Près des cimes du col Cornio (note : Tende), on voit au mois de septembre blondir l’avoine pas encore moissonnée de l’année précédente et à côté de celle-ci pousse celle semée dans l’année  de sorte qu’elle reste quatorze mois en terre  avant de récompenser faiblement les dures fatigues des montagnards ; on y trouve « l’euforbia officinale » qui vous fait voir avec d’autres herbes sa gracieuse fleur. Dans la commune de Tenda on fait de faibles récoltes de céréales, il y a des vignes mais elles fournissent peu de vin. Les tendasques trouvent leur subsistance principalement dans les nombreux bestiaux. On trouve en grande quantité des végétaux très appréciés pour l’usage pharmaceutique. Les plantes de haute futaie et principalement les sapins y poussent de façon merveilleuse.

Cette commune abonde en productions minérales. La mine de plomb argentifère de Tenda se trouve sur les pentes sud de la montagne dite del Bosco sur la gauche du torrent Vallauria qui sort des lacs des Meraviglia et se jette dans la Roja près de S. Dalmazzo di Tenda. Cette mine qui se trouve à 1520 mètres d’altitude est formée d’une masse métallifère stratifiée ayant une épaisseur variable entre un et dix mètres ; elle s’oriente d’ouest en est et  s’étend du sud au nord à une distance non encore bien déterminée, dans laquelle se trouve le sulfure de plomb  en petits grains, ou en couches plus ou moins grandes, mêlé parfois au sulfure ou à l’oxyde de zinc, aux pyrites de fer et à quelques indices de cuivre pyriteux qui se trouve inclus en groupes, en disques, et parfois en strates  plus ou moins importantes.. le minerai se trouve sous et parfois dessus  d’une surface lisse, beige foncé avec un reflet métallique  de plomb dont elle est enduite. Sur cette paroi on voit de petites strates de galène  riche en argent en grains ou lamelles quasi imperceptibles  de deux à six millimètres d’épaisseur.

La gangue, c'est-à-dire la matrice ordinaire dans laquelle est disséminé le minerai et le schiste siliceux qui passe parfois au talc ; le minerai  abonde là ou principalement domine le quartz.

A l’ouest de cette mine subsistent les antiques  excavations  qui furent exécutées avant l’invention de la poudre. Selon une tradition locale, elles auraient été faites par les sarrazins.

 En 1750  cette mine fut concédée pour trente ans à une société d’actionnaires ; en 1790 elle fut concédée au comte Chiauletti, à qui succéda  le sieur  Sebastiano Grandis en 1807  qui l’exploita jusqu’en 1814 ; à ce moment l’exploitation cessa à cause de l’octroi établi à Limone.

Il y a trois galeries qui de l’extérieur communiquent avec l’intérieur des souterrains; la première et la plus haute est celle des sarrazins. La seconde est dite de S. Barbara. La troisième  est appelée de Vittorio Emanuele. Le minerai apparaît plus ou moins abondant sur les parois des ouvrages de S. Barbara et de Vittorio Emanuele et n’est pas absent sur les excavations dites de S. Felice. Il abonde cependant principalement sur les flancs nord des sites mentionnés ci-dessus et à l’est de la galerie de V. Emanuele dans laquelle un puits excavé  traverse une veine de 0.50 d’épaisseur  qui se dirige vers l’est.

Il semble que cette mine  soit encore susceptible d’une longue exploitation avant d’être épuisée, pouvant employer trente mineurs. Le minerai  donne environ 1/600 en argent et 60 % de plomb. La mine est pourvue de tous les instruments nécessaires, pétrin, lavoirs, fours, habitations indispensables pour le logement des ouvriers, magasins…

Pour le reste le répertoire géologique  des minéraux de Tenda  s’établit comme suit :

Plomb argentifère  en copeaux moyens qui n’est pas abondant. Il se trouve dans la mine située dans la région de Vallauria et près de la galerie supérieure de S. Barbara. Plomb sulfuré, argentifère très riche dans la galerie de S. Barbara – idem sulfuré  argentifère  de grains très fins mélangé à la chaux carbonatée au gneiss et au fer sulfuré. Il forme la partie supérieure de la galerie  dénommée de Rivasso – gneiss quartzieux. Il forme la paroi de la galerie inférieure de S. Barbara - Brèche et nodules de  quartz violacé dans une roche stéatite ; On la trouve superposée au granit et au gneiss  et recouverte par le calcaire de transition auquel est adossé la masse métallifère de la mine.

Granit beige et blanc avec du mica noir mélangé au fer sulfaté. Dans la galerie de S. Romano située sur la rive droite du torrent -schiste en tranches violettes argileux ; peut être il est coloré par du manganèse - marbre noir à grain fin. Cette roche forme une couronne  aux montagnes entourant la mine – Talc olaire. On trouve au col de Tenda  sur la route royale de Nizza  un site facile d’accès du marbre beige Bardiglio un peu lamellaire et de transition.  On trouve aussi au col de Tenda du fer sulfuré mêlé à de la pyrite cuprifère et à quelque peu de plomb sulfuré.  Il se trouve dans le vallon  de Gasterino au nord est de la mine de Tenda. Ce filon métallifère montre une  épaisseur de 25 centimètres et va du sud ouest au nord est. Le minerai n’a pas encore été analysé. Il comprend cependant du fer olligiste  avec du fer oxydé brun.

 

 

 

Eléments historiques

 

Bien avant l’an mille, cette terre était sous la domination des Comtes de Vintimille desquels  certains pensent qu’il étaient les premiers marquis d’Ivrea ; mais le premier  dont on connaît l’histoire fut Corrado I, quatrième enfant de Berangario et de Gisla, petit fils de Boson  marquis de Toscana en 963

La juridiction des Comtes  s’étendait à l’ouest jusqu’à la Turbia, mais à l’est elle s’étendait jusqu’à la vallée d’Arossia. Ils prirent le nom de Lascaris par le mariage du Comte Robert (1269) avec Eudossia fille de Teodoro II, empereur grec de Nicea.

Agostino delle Chiesa  donna le nom d’Irene à cette princesse.

Sur une carte du Marquis Ardoino d’Ivrea, ensuite roi d’Italie, datée de l’an mille, à laquelle ont participé Ottone et Corrado comte de Vintimiglia, sont nommées les terres de Tenda, Saorgio et Briga . On y lit :

« Arduinus marchisus investivit ad omnes homines habitatores de loco, qui dicitur Tenda, et Saorgio, et qui dicitur Brica ad nos vel nostris filiis vel filabus …..de omnibus rebus  nostris, e comitis quae nos tenemus, et de hic in antea laboraverimus ac laborare fecerimus, ad quale usum domnus hujus terrae dederit, ad tale tenent »

Ce qui veut dire que la marquis Ardoino possédait des terres à Tende et dans les autres lieux nommés ci-dessus, qui étaient sous la juridiction des comtes de Vintimiglia.

Le comté de Tende comprenait  divers terres et châteaux  épars sur les deux flancs opposés des Alpes, mais du fait des divisions ayant eu lieu chez les comtes de Vintimiglia, seul le village de ce nom, ses alentours formèrent le comté de Tende, et Emmanuelle Filiberto en fit l’acquisition en 1575 de Renata, nièce du comte Renato, en même temps que la seigneurie del Maro et di Preta.

De la famille de ces comtes fit partie l’avenante et vertueuse Beatrice di Tenda dont il faut rappeler la très triste fin. Elle était mariée au fameux Facino Cane.

Celui-ci mourut le 19 mai 1442, où fut tué par les nobles de Milano, le duc barbare Gioan Maria. En apprenant la mort de son frère Filippo Maria manifesta une activité que jusque là il n’avait montré en aucune circonstance.

Il prit bientôt le titre de duc de Milano, et Antonio Bozero gouverneur de la citadelle de Pavia ; ils suggérèrent à Filippo Maria  d’épouser la veuve  de Facino Cane Beatrice Tenda ; Non seulement cette princesse y consentit  mais elle déboursa quatre mille florins d’or et les noces furent aussitôt célébrées. Outre la somme déjà payée, elle apporta en dot à son époux tous les trésors de son premier mari, et les villes de Novara, Alessandria, Vercelli, Tortona, ainsi que le comté de Biandrate, tout le domaine du Lago Maggiore et diverses autres terres.

Mais le barbare Filippo Maria Visconte, quand il fut sûr  du trône ducal, conçut l’horrible projet d’éliminer sa bienfaitrice, la vertueuse Beatrice Tenda.

Que ce soit, dit Verri, le poids d’une trop grande fortune  insupportable à l’esprit du duc, que ce soit l’ambition qui lui faisait dédaigner d’avoir pour femme une qui n’était pas  de famille souveraine, que ce soit l’amour  qu’il portait à  Agnese del Maino avec qui il vivait le plus souvent, et à qui il ne manquait que le nom d’épouse, quel que soit le motif Filippo  décida de faire périr …sa femme Beatrice, à qui il devait son trône.

Pour ajouter à sa scélératesse, il n’usa pas de violence ouverte, mais la fit accuser d’adultère  avec Michele Orombello homme de bonne souche qui était un des familiers de la duchesse, dont il soulageait la douleur  en jouant du luth  et par de douces chansons.

Deux demoiselles emprisonnées dans la château de Binasco déposèrent qu’elle avaient vu l’Orombello assis sur le lit de Beatrice et jouant du luth. Il voulut que cette accusation non fondée fût une preuve de l’adultère commis.

Mais l’Orombello ayant protesté  qu‘il n’avait même pas eu la pensée de tacher la couche ducale il lui fit dire qu’il voulait une victime seule  et que s’il se fut reconnu coupable il obtiendrait le pardon.

Les tourments de la torture à laquelle il était soumis, et l’espérance d’être libéré poussèrent le malheureux jeune homme  à confesser un adultère qu’il n’avait pas commis, et à répéter en présence de la duchesse qu’il y avait eu adultère avec lui.

Déjà était prononcée la sentence de mort tant contre Orombello que contre la duchesse.

Celle–ci protesta en face de son accusateur de son innocence, et lui donna un solennel démenti ; mais soumise à de nouveaux tourments  et ne pouvant résister à la douleur se déclara coupable et fut décapitée dans la nuit du 19 septembre 1418, après vingt jours de prison,  d’examens, et d’horribles supplices.

 La fin épouvantable de cette malheureuse princesse  fut le sujet  d’une émouvante tragédie, œuvre louable de Tedaldi Fores et donna également l’occasion à l’illustre poétesse  Diodata Saluzzo-Roero d’écrire un récit pathétique. 

D’après les archives de Tenda on apprend qu’à peine Carlo roi de Provenza fut parti pour Napoli, naquirent des furieuses disputes entre tendaschi et limonesi à propos de pâturages aux confins des uns et des autres. Le juge provençal Brancaleone étant intervenu vainement, le jurisconsulte Santoni di Nizza délégué pour cela par le sénéchal du roi put venir à bout  de leurs différents à propos des limites et à éteindre les manifestations d’indignation.

De cette époque jusqu’à la fin du XVIIIème siècle la commune de Tenda fut sujette  à toutes les disputes auxquelles furent soumises Limone et Briga et dont nous avons suffisamment parlé dans les articles relatifs à ces pays.

Le commune de Tenda jouissait de l’avantage  d’avoir ses propres statuts les quels furent imprimés à Torino,  en 1651 et dont les manuscrits se trouvent encore dans les archives de Cour.

Tenda est la patrie de l’illustre orateur et poète Giambattista Cotta (Voir dossier Internet cotta )

 

Bibliographie

 

Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere

Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro

Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie

Bibliothèque municipale de Nice B 8155, 1850