Saorge suivant le dictionnaire de Casalis


  

Mise à jour novembre 2014

 

 

Dizionario de G. Casalis Turin

Ce texte est à confronter avec l’étude de Charles Botton et Jean Gaber ()

 

Traduction :

 

Saorgio : (Saorgium)

Commune du mandement de Tende, province et diocèse de Nice Maritime. Dépend du Sénat, Intendance, Préfecture, Hypothèques de Nice, Insinuation et Poste de Tende.

Parmi  de formidables gorges au pied de rochers s’élevant  verticalement,  se situe Saorge sur la gauche de la Roya au nord-est de Nice distante de 27 miles de cette cité. La distance avec le chef-lieu de mandement est de trois heures.

Appartiennent à cette Commune les hameaux de Bergon, Berghe inférieur, Berghe supérieur, Fontan et Torretta.

A peu de distance court la rivière Roya mais dans une gorge étroit et très profonde, de sorte  que les deux montagnes qui la bordent laissent  un faible accès à la lumière.

A l’est  passe une route qui vient de Pigna, et une autre à l’ouest  qui communique avec le mandement de S.Martin.

La Roya est traversée par divers ponts en maçonnerie  et en bois.

 Il y a d’autres cours d’eau c'est-à-dire la Bendola qui descend de la région de Reseglio ; le Guado qui vient du col de Raus  et au moyen d’un canal construit aux frais de cette Commune en irrigue les campagnes ; la construction  de ce canal  a couté dix mille lires. Il est de deux miles. La Roya, le Guado et la Bendola se jettent dans la mer à Vintimiglia.

 Ils contiennent d’excellentes truites. Les montagnes qui se trouvent dans ce district sont Mont Acuto, Giove, Aun, Raus, Aution, et Monbeghe ; durant l’hiver et jusqu’à un temps avancé du printemps il y a des mases de neige. Le mont Giove, l’Aun, le Raus,  et l’Aution sont praticables avec des bêtes de somme ; sur le Monbeghe  qui est le plus élevé de tous, serpentent des chemins  d’accès difficile. L’armée piémontaise passa par ici et s’y établit  en 1793,  année pendant laquelle  eurent lieu divers faits d’armes sur l’Aution, et où fut vaincue l’inique phalange de Marseille commandée par le général Brunet, qui en raison d’une telle défaite fut  condamné à mort par une commission militaire et fusillé.

Dans une des montagnes qui dépendant de Saorge se trouvent trois lacs (?) : l’eau du premier qu’on appelle carbone parait noire, peut-être à cause de sa profondeur; sa circonférence est d’un demi mile ; la circonférence des deux autres n’est que d’un tiers de mile.

Les produits du territoire sont le grain, le raisin, l’huile d’olive, les figues, les noix, le chanvre  et le foin grâce auquel on peut élever 1200 bovins et 10000 entre chèvres et moutons. Ils ne sont sujets à aucune maladie particulière.

Le territoire abonde en oiseaux et en sauvagine.

Les endroits montagneux sont riches en mélèzes  qui sont très adaptés à la construction des fabriques et des bâtiments. Poussent bien également les buis et le fustet. Le commerce du fustet qui sert de teinture se fait avec Nice.

Les buis réduits en boutons se vendent surtout à Turin.

Note 1 : l’auteur ne mentionne pas de papeterie qui selon P Canestrier Ref. Dictionnaire de la langue niçoise – éditions Academia Nissarda – page 864, aurait déjà existé au XVIIIème siècle

Note 2 : sur une carte de 1763 on peut noter à Ambo  le lieudit « paperia »

 Dans la montagne Mouri se trouve du schiste argileux, talqué, violacé et vert, peut être coloré de manganèse et de fer. Il existe de bonnes carrières de plâtre et de très bonne pierre calcaire

La vieille église paroissiale décorée de très belles colonnes corinthiennes  est sous la dénomination  de la transfiguration du Seigneur. La principale fête qu’on y célèbre est celle en l’honneur de S. Claude martyr protecteur du lieu dont les précieuses reliques ont été apportées de Rome  en 1660. Elles se portent en procession dans une belle urne le second dimanche de Juillet jour d’une telle solennité que sont présents environ trois cents personnes de l’extérieur. Il existe un sanctuaire très antique dit ND del Poggio auquel est annexée une haute tour-clocher avec une belle pyramide en pierre qui fut construite en 1509 aux frais de la Commune, comme il apparaît sur une inscription latine y apposée.

En 1656  a été fondé un couvent de franciscains pas très grand mais de belle architecture pour servir d’habitation aux PP Riformati di S. Francisco.

L’avocat Ambrogio Bonfante a fondé une maison pour des exercices spirituels qui a été détruite  pendant la guerre qui a eu lieu ici à la fin du siècle dernier. Dans un palais qui a été édifié il n’y a pas longtemps douze personnes font retraite annuellement  et pendant huit jours pratiquent des exercices spirituels.

Il y a un hôpital sous le nom du Saint Esprit capable de recevoir quinze malades. Il y avait quelques Monts de Piété qui ont périclité parmi lesquels un dénommé le petit Mont de Miséricorde, uni à la congrégation de charité.

Il y a deux petites places

Depuis 1826  se tient annuellement une foire qui dure trois jours, les 19, 20 et 21 octobre très fréquentée par les paysans gênois pour le commerce des bestiaux. En fait selon Charles Botton () page 194, l’édit royal autorisant la commune de Saorge  à faire une foire d’une durée de trois jours chaque année à ces dates est du 29 juin 1829

Poids et mesures de Nice

Les habitants sont vigoureux, actifs et honnêtes

Population 2720

 

Eléments historiques

 

On pense que le nom de Saorge dérive de S.Georges  parce qu’on appelle ainsi  un de ses châteaux, dont on parlera plus loin ; mais Saorgium est un nom celte qui a la même racine que la voisine Chorges dans les Hautes Alpes  (Caturigum) et que Cahors (Caduremmum) capitale du Quercy et que Cadore en haute Vénétie. Les caturigi peuples alpins ligues s’étendirent de la province d’Embrun dans le Dauphiné jusqu’au Comté de Nice, et jusqu’à la plaine du Piémont méridional  jusqu’aux Stazielli : ils y fondèrent Bene.

Le village de Saorge est très ancien. Une vieille pierre romaine  qui fut déterrée du vieux château de Malamorte a été transportée dans l’enceinte du pays, et encastrée  dans le mur externe de l’église paroissiale. C’est l’inscription suivante :

 

M.Atilio.L.P.FAL Alpino AED

V.Atilioe.M.F Vaemonae

L.Atilio M.F.Cespito

C.Atilio M.F.Prisco

Atilioe M.F.Secundoe

Lucinae C.F Cvpitae Nap

T.F.L

 

Note : Cette inscription a fait objet d’un article dans le livre de Charles Botton (), page 9

Par ailleurs Nicolas katarzinsky a noté que le relevé est un peu fautif:

 

M' ATILIO L F FAL ALPINO AED

V ATILIAE M' F VEAMONAE

L ATILIO M' F CVPITO

C ATILIO M' F ALPINO

M ATILIO M' F PRISCO

ATILIAE M' F POSILLAE

ATILIAE M' F SECVNDAE

LICINAE M' F CVPITAE NEP

T F I

 

L'inscription funéraire est datée du 1er s. ap. J.-C.

 

Dans les temps anciens la Commune de Saorge appartenait au Comté de Vintimille qui s’étendait le long de la Roya et aussi au-delà du col de Tende jusqu’à Limone et Vernante

Sur une carte du marquis Ardoino d’Ivrea, ensuite roi d’Italie( ?), des environs de l’an 1000,

où sont inscrits les noms  « Otto et Conradus comites » comme appartenant certainement à Vintimille sont nommées les terres de Saorge, Tende,  et la Brigue, c'est-à-dire «  Arduinus marchisus investivit ad omnes homines habitatores de loco, qui dicitur Tenda et de Saorgio, et qui dicitur Brica ad nos  vel nostris filiis vel filiabus…de omnis rebus nostris, et comitis, quae  nos tenemus, et de hic in antea laboraverimus, ac laborare fecerimus, ad quale usum domnus, hujus terrrae dederit, ad tale tenent »

De cela il  apparaît que le marquis Arduino  possédait quelques terres à Saorge, Tende et la Brigue qui se trouvaient alors sous la juridiction de Vintimille.

L’administration communale et les hommes de Saorge  le 4 janvier 1092 donnèrent  ND del Poggio citée plus haut,  aux moines bénédictins l’ajoutant au monastère de Lérins de l’ile de S.Honorat en Provence. Quand les Lascaris de Vintimille cédèrent leur Comté aux Comtes de Provence pour d’autres terres qu’ils acquirent  dans cette contrée, Saorge passa sous la dénomination de ces Comtes devenus ensuite Rois de Naples.

En ce temps il existait dans cette Commune, trois châteaux, un appelé delle Sale, l’autre de Malamorte, le troisième de S. Giorgio. Du château delle Sale il restait encore il y a quelques années une muraille qui fut dernièrement démolie.

Du château de Malamorte restent sur pied quelques morceaux de muraille.

Une antique tradition rapporte  que ce nom de Malamorte  provient du massacre  d’une armée de sarrazins qui eut lieu près de ce lieu par des paysans de ce pays et du district où il se trouvait.

« Un’antica tradizione riferisce che questo nome di Malamorte provenga dalla strage d’un esercito dei Sarraceni, che si fece presso quel luogo dai terrazzani di questo paese…. »

 

La pierre sépulcrale, trouvée dans ces ruines  et dont on a parlé plus haut, fait croire que le rocher de Malamorte remonte à une antiquité très ancienne du fait que les noms rapportés sont tous romains. Du destin qui fut celui du château S.Georges, nous parlerons ci-dessous.

Les peuples  du Comté de Nice, de Barcelone(?), Sospel etc..., abandonnés avec leurs vicairies sans défense par le roi de Naples Ladislao Comte de Provence se donnèrent spontanément à Amédée VII de Savoie en l’an 1388, et cette dédition fut ensuite ratifiée par  divers traités par la France.

De cette manière, cette Commune passa sous la domination de l’Auguste Maison de Savoie, sous laquelle elle resta quatre siècles, jusqu’ en 1794 quand Vintimille avec une partie du Comté, du fait de la guerre insurrectionnelle entre les Rois de Savoie  et les Gênois, fut cédée à la République de Gênes.

Au début du XVIIème siècle pendant la guerre de succession d’Espagne, après la prise du fort de Nice, Saorge  et son château  de S. Georges tombèrent au pouvoir des français, lesquels le tinrent jusqu’au traité de 1713  après quoi il retourna  sous la domination de la Maison de Savoie. Du temps où les français en furent maitres, ils renforcèrent notablement le château, le munissant de pont levis, construisant le quartier inférieur, le magasin qui réunissait la maison du commandant  avec la tour et édifièrent également une redoute dite S. Rocco.

Pendant la guerre  qui survint en 1740  du fait de la mort de l’empereur Charles VI, l’armée gallispane, après avoir débordé les fortifications du Mont Alban, arriva jusqu’à Breil, mais les dirigeants de cette armée considérant qu’ils ne pouvaient conquérir ce passage  sans perdre beaucoup de sang  se retirèrent vers la Provence et le Dauphiné, et de là s’ouvrirent la route pour aller à l’assaut de Demonte et de Cuneo, mais pendant tout le temps de la guerre le lieu de Saorge resta sous  la domination de ses souverains.

Des mouvements stratégiques et  des actions militaires  soutenus par les troupes subalpines pendant les dernières années du siècle passé  nous parlons dans «  Nice volume XI page 966 et suivantes ». Il est certain que  cette position forte de la part de la nature du sol et protégée par le château de Saorge, présentait un front bien garni de redoutes, communiquant d’une colline à l’autre de façon à pouvoir diriger avec rapidité les forces subalpines si les français avaient osé s’y présenter ; mais en 1794 le général Collo fut obligé du fait du manque de courage d’un régiment qui  se mit à fuir, à se retirer sur le col de Tende ; il vint se poster entre Limone et Cuneo près du village de Borgo S .Dalmazzo, abandonnant ainsi Saorge. Le commandant du contingent de cette forteresse appelée alors justement la clé de l’Italie et le rempart du Piémont était alors le chevalier savoyard de Saint Amour, de peu de jugement et d’aucune valeur. Il lui avait été donné l’ordre  rigoureux de défendre ce rocher, jusqu’à ce qu’il fut privé de vivres. Il se  rendit honteusement à la première intimation de l’ennemi et fut de ce fait condamné à mort.

 Grâce à l’occupation de Saorge, les français  se rendirent maitres de la route du Piémont, et démantelèrent ensuite cette importante forteresse en 1798. Du fait de sa position et de ses fortifications elle avait toujours été inexpugnable par les français et surtout pendant la guerre de 1740, durant laquelle malgré plusieurs tentatives ils durent abandonner.

Pas d’indication sur le cimetière ni sur l’éducation.

Note : Charles Botton () page 163, note : dans le Comté de Nice on avait l’habitude  jusqu’à l’interdiction du souverain le 10 juillet 1783, d’ensevelir les morts  dans l’ossuaire ouvert sous la nef de l’église.

Saorge fut Comté des Solari di Govone, puis aliéné aux Roffredi

 

 Ce lieu fut de tous temps le berceau d’hommes distingués parmi lesquels on peut citer :

Tiranti Onorato estimé philologue  qui écrivit des œuvres utiles pour ceux qui étudient la langue italienne c'est-à-dire :

Le regale dello scrivere cancellaresco, Le prime lezione di scrivere, Alfabeto majusculo e minuisculo cancellaresco, Breve mode per imparare a srcivere, de caratteri piu usati da buoni scrittori italiani, memorie dell’antichita, nobilita e utilita dello scrivere, teorica e prtaica dello scrivere, il laberinto dei Groppi, nel cuicentro  e descritta l’ortografia della lingua italiana parte secondo del laberinto, breve sommario d’alcune regole della lingua italiana ;

Ces travaux furent tous imprimés à Torino

Degioanni Pietro Francesco, docte médecin qui fit partie du collège de médecine de l’université de Torino : ses thèses d’agrégation furent : de globo terracqueo, de cerebri anatome, de formatione nutritione, incremento et circuitione sangunis in foeta, de ploypariis, de hydrope, probnosis et curatio hydropis. Taurini 31 juillet 1758 in 8

Audiberti Gian Battista  de l’ordre des prêcheurs, se distingua par son admirable expertise en mathématiques  et dans la langue grecque. Sa réputation le fit élire bibliothécaire  de la Catanense Il s’employa à des préfaces des notes et des observations sur le catalogue des livres imprimés dans la susdite bibliothèque dont il publia les quatre premiers volumes. Avant ces doctes travaux il avait fait imprimer les œuvres astronomiques suivantes

Mercurius in sole visus Romae 1755

Phoenomena coelestia observata Romae 1754

Otia astronomica Ibidem 1755 et 1756

Novossimus mercurii transitus sub sole observatus Romae 7 novembre 1756

Transitus venEris ante solem observati. Romae apud SM supra Minervam 6 juin 1761

De salis paralaxi Romae 1765

Certains de ses articles furent insérés dans l’anthologie romaine de façon anonyme  dsn les années 1778 et 1789

Sous le nom du  P. Ugolini, Audiffredi publia Saggio di osservazioni di Go=iulio CasreBottone da monte Terragio sopra il discorso premesso all’ordine della vita cristiana  del B Simone da Cassia imprimé à Torino l’an 1779, Cosmopoli 1780

D’Audiffredi il y a encore Specimen historico criticum editionum italicarum saeculi XV Vol 1 in 4 Romae ; Cette œuvre pour laquelle il eut comme collaborateur le P Antonio Amoretti di Oneglia est restée inachevée

Catalogus historico criiticus  romanorum editionum, saeculi XV

Deux autres catalogues furent aussi de lui, l’un de numismatique  et l’autre d’histoire naturelle, mais l’auteur les laissa inachevés à sa mort

Dans la seconde moitié du siècle passé  divers personnages natifs de Saorgio occupèrent des charges importantes dans la grande chancellerie de Sardegna au ministère de l’intérieur, au sénat royal, comme proto-médecins, dans les préfectures et dans les intendances générales

 

 

 

Bibliographie

 

Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere

Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro

Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie

Bibliothèque municipale de Nice

Volume XVIII B 8150 Torino 1849

 

Botton Charles  et Gaber Jean – Histoire de Saorge et de Fontan – Editions du Cabri 2009

Volume XI