UTELLE 06450 SUIVANT LE DICTIONNAIRE DE CASALIS


Mise à jour novembre 2012

 Chef lieu de mandement, province et diocèse de Nizza, dépend de la Cour d’Appel, Intendance Générale, tribunal de première instance, hypothèques de Nizza. Possède les bureaux d’Insinuation et de poste.

Se trouve sur la rive droite de la Vesubia, au nord de Nizza, dont elle est distante de vingt milles. Elle se trouve à la latitude de 43°53’ 50 et à la longitude de 4°55’0, à 824 mètres au dessus de la mer, au milieu de montagnes élevées et raides, parmi lesquelles dominent le Brech au Nord,  de 1611 mètres d’altitude, la Rocca Seira à l’est  de 1526 mètres d’altitude,  et le Férion au sud  de 952 mètres.

Dans cette commune sont compris les villages  de Ciaudan, Cros, Figaret, Revest  et Riviera, qui forment autant de paroisses plus ou moins éloignées du chef lieu.

Les deux communes d’Utelle et de Lantosca avec leurs nombreux villages  composent ce mandement qui a pour voisins, au nord le mandement de S. Martino di Lantosca, à l’est ceux de Scarena et de Sospello, au sud, celui de Levenzo, et à l’ouest  celui de Villar del Varo.

En plus d’être chef lieu de mandement, Utelle  est aussi le siège d’un vicariat ecclésiastique et est maintenant siège d’une circonscription électorale.

Les voies communales mènent aux communes voisines de Lantosca, Levenzo, Duranus et à celle de La Torre.

Utelle est à quatre milles de Duranus, six de la Torre, huit de Levenzo, et vingt de la mer.

Elle se trouve à l’est de la Vésubie (erreur : à l’ouest) que l’on franchit par deux ponts en pierre à une seule arche de construction ordinaire. A l’ouest passe la Tinea  et au sud  le Varo vers qui ses rivières mènent.

Elles contiennent peu de truites, d’anguilles, et autres poissons  appelés ici salamoni (truites saumonées ?), qui ressemblent aux truites.

Les montagnes qui s’élèvent sur le territoire de cette commune sont en partie dénudées, et le reste est couvert de charmes, de chênes, de chênes verts  et de divers types d’arbustes ; les pins lariccio et les sapins rendent très bien dans la montagne appelée Manoinos ; tous ces terrains montagneux offrent en outre de bons pacages pour les vaches et le menu bétail.  Il y a beaucoup de chèvres, de moutons et même les bovins. Les porcs et les bêtes de somme se vendent aux foires ; il n’y a pas de chevaux ; ni les bovins, ni les chèvres et les moutons ne sont sujets à des maladies particulières. Dans les terrains cultivables, prospèrent très bien le froment, le seigle, l’orge, l’avoine, l’épeautre, les pommes de terre, les légumes, les cultures maraichères de diverses sortes, le murier, le cerisier, le prunier, et le châtaigner.

Le territoire ne manque pas de productions minérales ; et en fait on trouve dans la montagne de Manoinos, du carbone fossile ou pour mieux dire, de la lignite dans les terrains calcaires. De l’argile micacée avec des petits nodules, en forme de poudingue imprégnés de carbone fossile, qui forme la base de la carrière susnommée. Dans la région du Figaret existe du grès vert ferrifère (green sand)

Sur les pentes  de la montagne nommée Fornaise on trouve du carbone fossile dans le grès quartzo micacé. Sur les pentes  au nord est de la Baisse de Fornaise  et à trois heures environ au nord ouest d’Utelle on découvre diverses veines  de carbone fossile inclus dans un grès quartzeux rouge avec du ciment argilo micacé, dont l’épaisseur  varie entre 10 et 30 centimètres : cette veine est presque verticale  elle est orientée de sud ouest à nord est   et se prolonge  dans le vallon de Valletta à l’ouest et dans celui de Fornaise au nord est ; de telle sorte  que de la façon dont se présente ce combustible  et de la nature du terrain  on peut présumer qu’elle s’étend sur des distances considérables. Ce carbone fossile est de très bonne qualité  et on pourrait l’utiliser pour traiter le fer doux  et en faire du fer à chevaux

Dans la montagne susnommée de Manoinos on trouve aussi du bitume et de l’ampelite.

Le village d’Utelle comprend trois quartiers et une place centrale. Il y a encore  quelques restes de muraille d’enceinte qui conservent le nom de château.

L’église paroissiale de ce village dédiée à S. Verano évêque est dans le centre du village sur la place principale et on y pénètre par un petit atrium dénommé cappelletta, soutenu par quatre colonnes et des arches en pierre de style gothique très bien exécuté.

Cette église est considérée comme une des plus belles du diocèse de Nizza »; l’intérieur est très va           ste, divisé en trois nefs soutenues par dix colonnes en pierre, aussi de style gothique. Elle fut il n’y a pas longtemps embellie par des arabesques et des figures en relief, lesquelles réparties avec une belle ordonnance et grâce à la clarté produite par l’agrandissement des fenêtres font un effet très gracieux.

Dignes de figurer aussi parmi les principales églises d’Italia, la statue qu’on voit dans le chœur en noyer et qui mérite l’admiration des connaisseurs, et une grande variété de figures en relief ou semi-relief, dans lesquelles la perfection du dessin  accompagne la maitrise de l’exécution. Cet ensemble représente la passion de Gesu Redentore. Au milieu prédomine la statue du saint titulaire qui offre un modèle parfait des antiques habits pontificaux. On ignore l’époque de l’auteur de ce monument artistique  comme aussi de l’église que la tradition attribue plus probablement aux templiers.

A la distance de deux milles vers le nord ouest, sur une montagne déserte que l’on nomme Monte Alto et aussi Colle della Madonna se trouve un sanctuaire dédié à M. SS, et qu’avant on appelait Vergine dei Miracoli. Cet édifice est d’une très bonne architecture. Plusieurs fois par an les Utellesi s’y rendent en procession ; la plus grande affluence et aussi d’étrangers est le jour de la solennité del Assunzione ; le nombre  de participants varie en fonction des peines plus ou moins grandes dont sont affligés les fidèles.

La fondation de ce sanctuaire est attribuée à la pieuse reconnaissance d’un noble espagnol du nom d’Olivaret au début du XIIIème siècle. Enfui de sa patrie et se trouvant sur la mer et poursuivi par ses ennemis féroces, il fit le vœu d’ériger un sanctuaire à la B.V. où il s‘approcherait en premier de la terre sain et sauf. Il fit choix de cette montagne qui se distingue des autres  alentour par sa taille, et parce qu’elle jouit de perspectives merveilleuses, dont la vue s’étend jusqu’à la mer sur la péninsule d’Antibes  et sur une partie de l’ile de S.Marguerita. Il découvrit en outre le cours du Var et la position des monts d’où il descend. Il suivit en partie le cours de la Vésubie et discerna l’ouverture de la gorge où se trouve le confluent de la Tinea. L’Olivaret construisit une chapelle  et se retira à Utelle. Celle-ci fut agrandie grâce à la piété des habitants, dévastée en 1793 par le vandalisme révolutionnaire restaurée en 1804 et ultérieurement embellie.

Il existe aussi à Utelle deux chapelles, une  de la confraternité des gonfalone, ou de la croix  et l’autre de la confraternité de la Misericordia. L’une n’offre rien de particulier, l’autre outre sa taille importante  contient une espèce d’icône au maître autel en bois doré qui représente avec diverses statues en relief la descente de croix de Gesu Salvatore ; elle est surmontée d’un trône ou siège l’Eterno Padre, et on voit aussi le Spirito Santo avec au dessus une grande couronne impériale le tout doré ; on voit aussi sept grands tableaux sur les côtés qui représentent les principaux moments de l’agonie  de Gesu au jardin des oliviers. Ce sont des œuvres de grande valeur exécutées au début du XVIIIème siècle.

Utelle a un hôpital fondé grâce à la charité du prêtre méritant D. Gioan Battista Ghinaudi utellois en 1765 ; ce pieux édifice est très commode ; on y reçoit seulement les malades pauvres de la commune au nombre de huit égal au nombre de lits existants : il distribue aussi des secours à domicile à ceux qui ne peuvent se déplacer, et constitue des dots de temps en temps à des filles pauvres suivant les fonds disponibles.

L’endroit n’est pas sujet  à des maladies endémiques, et souvent les habitants  sont sujets à des maladies épidémiques ; il arrive selon les saisons des affections sthéniques et autres cas de fièvres intermittentes

Le cimetière se trouve à l’extérieur de l’habitat sur un site élevé.

Pour l’instruction des enfants il y a une école élémentaire au chef lieu, et une autre particulière dans la bourgade du Figaret (fondée par Cristini ?)

Les habitants sont de complexion vigoureuse, de plus ou moins bon caractère, particulièrement dévoués au gouvernement de la patrie. Leurs dispositions intellectuelles sont ordinaires.

La population de cette commune se montait à  5000 âmes; elle est maintenant réduite à 2260. Une telle diminution de population est due  à la destruction de la plus grande partie des bois, suivie par l’érosion  et à la ruine des terrains et aussi à la suppression du transit vers Barcelonnetta.

On peur observer que la population à laquelle il est fait allusion se répartit entre le bourg d’Utelle et les cinq hameaux suivants : Utelle chef lieu : 900, Ciaudan paroisse succursale sous le titre de S.Elisabetta 90 ; Cros succursale sous l’invocation de SS. Trinita, 420 ; Figaret autre succursale  dédiée à N. D del Carmine, 140 ; et Riviera, sous le patronage de S. Gio Battista, 220 ; total 2260 (Note Riviera est probablement Saint Jean la Rivière)

 

Dans le territoire extrêmement étendu d’Utelle, village très ancien, demeuraient les Oratelli de l’inscription du trophée des Alpes élevé en l’honneur d’Augusto. A proximité de ce lieu on a découvert deux vieux monuments ; dans l’un est nommée la tribu Falerina, et la cohorte des Ligures :

 

M.RVFFO

M.F.FALER.MONTANO.ALPINO

EXERCIT…

…..COHOR

LIGVRVM…..VIXIT .ANNOS

LXXVIII.MENSES XI.D.VII

LVCIVS.RVFFVS.PATRI.B.M

ET.ATTILIA

CONIVGI.DULCISSIMO

……….

 

NK : Fausse inscription (CIL V, 1049*).Voir dossier gravures latines

 

 

DII.MANIBVS.SACV

C.LAVRELLO.MASCVLO.L.F.

AELVIA.AVFREDITENIS

PATRONO.BENEMERRENTI

F

 

NK : Fausse inscription (CIL V, 1035*).

 

C’est l’ultime terre du Comté de Tinea et sur une carte de 981, elle est appelée villa loco Utelle. Le confluent de la Tinea dans la Varo se trouve sur le territoire d’Utelle à l’ouest, et c’est pourquoi elle s’étend encore sur la vallée de la Tinea.

Papone dans son histoire de la Provenza, dit que le nom de Oratelli, primitif habitants de ce lieu provient de deux mots celtes, c’est à dire Or qui en langue celte signifie fleuve et Tel qui indique une montagne ; en fait cette commune se trouve entre les fleuves-torrents  Vesubia et Tinea  et le fleuve Varo, et au milieu de montagnes escarpées, qui par abréviation fut appelée Utelle du temps des romains Utelle, castrum de Utellis.

 

D’autres cependant pensent qu’Utelle provient de Huttes, patronyme « cappane ».

Les Oratelli ayant été soumis sous Augusto, comme il résulte de l’inscription du trophée de la Turbia, furent ensuite sous la domination des barbares qui envahirent l’italia et les Gallie voisines, et enfin tombèrent dans la seigneurie régnant en Provenza. Ces souverains  s’arrogèrent seulement l’autorité de haute domination et de cavalcade  et laissèrent aux Utellesi le libre exercice  de leurs coutumes, immunité et  de leurs statuts. Ceci résulte non seulement de l’Histoire de Papone, mais aussi d’actes publics existant dans les archives communales.

Ce fut ensuite que sous la reine Gioanna qui devant soutenir la lointaine guerre de Napoli  et de ce fait incapable de régner sur cette population, et se trouvant en grand besoin d’argent, moyennant une somme convenue avec les Utellesi, ceux-ci devinrent libres de se gouverner  à leur gré, et de se  défendre avec leurs propres forces.

Ainsi ils formèrent une république fédérative avec les communes limitrophes de Levenzo et de Lucerame; cette  confédération libre devint  formidable en peu de temps, à l’abri de leurs inexpugnables passages ; les confédérés guerroyèrent ensuite  contres les comtes de Tenda qui voulaient les tyranniser ; dans ces conflits les Utellesi se signalèrent par leur ardeur et leur courage.

Beaucoup d’Utellesi, quittant leurs terres  s’en allèrent guerroyer  et aussi commander des compagnies  en Francia et en Italia. Comme les suisses au temps de Luigi XII et de Francesco I, ils combattaient pour celui qui les payait le mieux.

Cet état de choses dura jusqu’en 1388, année pendant laquelle, fatigués de soutenir de guerres continuelles avec les populations voisines, les habitants d’Utelle commencèrent à traiter avec Amedeo VII comte de Savoja, en stipulant le maintien de leurs privilèges, usages et statuts avec le droit de porter un couteau de la longueur d’une palme et deux doigts à la ceinture, et de ce fait ils furent dénommés  i Coltelai ; ils stipulèrent aussi  d’avoir le sel à un demi sou la livre, avec l’obligation  au souverain de Savoja  d’exterminer les comtes de Tenda, qui leur causaient sans arrêt des dommages. Tout ceci apparait dans deux actes publics conservés dans les archives de la commune datés de 1350 et du 13 octobre 1388, mais les Utellesi en 1391, prétendant d’être indépendants en tout, récusèrent l’hommage  à Amedeo VIII. En vain le grand Bailli de Savoja  les déclara rebelles  et les menaça d’extermination. Confiants dans leurs armes, à leurs rochers natals, et principalement à leur propre courage, ils n’eurent pas peur des menaces et des propos indignés

Amedeo VIII n’était pas encore sorti de la minorité et croyant avec les années dominer ces fiers montagnards, mais sans faire couler le sang, leur concéda tous les privilèges dont ils bénéficiaient déjà

Utelle fut érigé en Comté en faveur des de Botteri-Lovera de Cuneo

Il faut signaler la ligne militaire gardée par les troupes subalpines  en 1793. Une petite église de l’Olivaret  fut dévastée en 1793 par le vandalisme révolutionnaire, restaurée en 1804 et embellie.

 

Bibliographie

 

Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere

Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro

Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie

Bibliothèque municipale de Nice B 8158,  1853

 

 
        Val d’Entraunes page 611
        Val di Lantosca page 654
B 8159
        Rien pour le Comté 8160