Jardins de Nice suivant le dictionnaire de Casalis
Mise à jour janvier 2014
On retrouve beaucoup d'indications sur les jardins dans le texte de Louis Roubaudi () pages 282 et suivantes. Il donne également beaucoup d'informations sur la botanique
Dizionario de G. Casalis Turin
Volume XI
Traduction du texte
« Les jardins de Nice n’offrent pas encore toute la variété d’arbustes qui dans d’autres villes font le délice et l’orgueil de leurs propriétaires; et ils n’ont pas cet arrangement qui en élargissent les limites et semblent les agrandir. Ils sont loués à des cultivateurs qui en développent les produits, et ceux-ci, pour la plus grande partie sont destinés à la vente.
Les allées qui servent à les parcourir sont de distance en distance coupées pour permettre le passage des eaux d’irrigation.
La plupart du temps les portes en sont fermées et à la première demande elles sont ouvertes et les étrangers sont accueillis avec une particulière gentillesse.
Les jardins de Nice qui méritent une mention spéciale en ce qui concerne les plantes exotiques et d’ornement que l’on y cultive sont ceux des sieurs Gastaud et Roissal sur les hauteurs de S.Hélène ; le jardin du sieur Avigdor dans le faubourg de la croix de marbre; ceux du comte de Cessole et du comte Saissi dans le même faubourg ; la serre de l’abbé Montolivo dans la propriété de la veuve Diranty près du pont neuf ; le jardin du sieur Toselli dans le quartier de Roquebillière ; celui du sieur Sauvaigue sur la colline de Carabacel ; l’agréable petit jardin du sieur Ferdinando Stire expert en botanique.
Dans ce jardin contigu à l’auberge des étrangers on peut observer parmi les autres plantes un yucca aloefolia gigantesque et un caroubier singulier pour son tronc droit et pour la forme conique que l’art a su donner à ses branches.
Les délicieux jardins des sieurs Rossail et Toselli sont riches de plantes exotiques et tropicales.
Le jardin de S.E le comte de Cessole mérite d’être visité pour ses belles variétés de camelias et principalement pour l’abondante collection d’ananas qu’on arrive à faire produire des fruits en toutes saisons.
Les jardins suivants sont également dignes d’être mentionnés : le Piol qui se trouve au dessus du quartier de S. Etienne ; un large bassin y recueille les eaux des collines en amont.
Bien que ce jardin ne soit plus dans sa condition originelle, il mérite cependant d’être visité pour la vue dont on y jouit ; la maison qui s’y trouve fut choisie par D. Filippo, infant d’Espagne pour y établir son quartier général pendant la guerre de 1744.
En bas du Piol sur l’autre côté du vallon on voit la propriété de l’avocat Bunico; la colline à laquelle elle est adossée la protège complètement des vents du nord, tellement que seule la brièveté des jours peut seule indiquer la proximité de l’hiver. La chute des feuilles y est presque inconnue.
Le jardin du sieur Arson mérite d’être vu. Il se trouve sur le haut plateau d’une colline, immédiatement après celle qui couronne le couvent de S. Barthélemy et regarde au Midi. Le propriétaire y possède un palais orienté dans la même direction.
Le jardin est plein d’arbres toujours verts ; de longues et spacieuses allées offrent la possibilité de le parcourir et de contempler son cadre majestueux que représente sa situation. A droite la colline dont le sépare le vallon de S.Barthélemy est couverte jusqu’au sommet d’une forêt d’oliviers ; à gauche se trouve la vallée du Temple parsemée d’une innombrable quantité d’habitations, et en face on voit la ville et aussi la mer qui limite l’horizon depuis la Francia jusqu’au phare de Villefranche.
Sur un autre côté, sur le sommet de Cimiez, le jardin du comte de Venanson doit être absolument visité pour l’attractivité de sa position. Le palais de son propriétaire est flanqué de petites tours construites probablement pour rappeler la mémoire que le site ne fut pas toujours consacré aux plaisirs champêtres mais qu’il fut considéré autrefois comme une importante position militaire.
Ce fut vraiment de cette hauteur que le maréchal de Catinat bombarda le château de Nice en 1691. De là partirent les obus qui mirent le feu au magasin des poudres et détruisit la forteresse.
Sur l’autre versant de la colline est situé le jardin du sieur Barras qui a en son milieu un palais considérable. La vue s’étend sur le cours du Paillon et jusqu’à la place d’armes. Le jardin est orné de statues en marbre blanc. Le propriétaire a pu réunir d’excellentes espèces d’orangers et une multitude de fleurs étrangères recueillies lors de ses lointains voyages. Ici se trouve une ample et belle serre où croissent divers figuiers d’Adam (bananiers) dont les fruits viennent à maturité tous les ans.
Un peu plus loin, sous Cimiez au-delà de S. Pons, on parvient aux jardins du sieur Clary dans lesquels sont réunies en grand nombre toues les variétés du genre citrus.
Le jardinier chargé de les cultiver a su greffer l’un sur l’autre des genres tout différents, comme par exemple, l’oranger avec le cyprès, avec le jasmin, avec le rosier du Bengale.
Un tel jardin du sieur Clary où se voient les plus belles et les plus rares plantes ci dessus constitue unes délicieuse promenade. Une longue allée de rosiers du Bengale forme une perspective. Les sommets des rosiers s’accrochent sur une pergola en fer à une hauteur respectable et forment une voute dont les roses semblent former la clé.
En parlant des jardins de Nice on ne peut pas taire celui du sieur Bouyon situé dans le fond d’une ruelle dans le quartier de S. Jean Baptiste. Sous une longue galerie couverte que soutiennent des pilastres masqués par des épais rosiers du Bengale, il cultive des giroflées, des héliotropes, des géraniums, plusieurs variétés de camélias et aussi beaucoup d’œillets qui fleurissent même pendant l’hiver.
Devant la galerie, il y a des banquettes où dès les premiers jours de décembre fleurissent les anémones, les renoncules, les jacinthes, les narcisses, les tulipes.
Ce jardin fournit presque toutes guirlandes dont se parent les belles dames pendant les réunions de fêtes qui ont lieu pendant la saison hivernale et qui décorent les vases de fleurs qui ornent les salons.
Nous citerons finalement l’agréable jardin du sieur de Grillon qui se trouve derrière Carabacel, sur le haut de la colline à gauche de la maison des champs de ce nom appartenant aux jésuites. Ici sous l’ombre des orangers, et parmi les alignements fleuris de rosiers, on ne voit pas de plantes légumineuses. Ici est bannie une symétrie gênante et aux allées principales correspondent des sentiers sinueux qui procurent à celui qui s’y promène le plaisir de se promener en tous sens au milieu de mille et mille fleurs différentes.
A force de sollicitude et de travail le propriétaire a su s’adapter au climat de Nice et et maintenir en pleine terre un grand nombre de plantes exotiques.
Pour l’instruction de la jeunesse et pour un plus grand progrès de l’agriculture, il serait très utile que l’on crée à Nice un jardin botanique et une agriculture expérimentale ; une grande multitude d’arbres, d’arbustes et de plantes tropicales s’adapteraient très bien dans ce pays en y croissant d’origine ; personne ne peut nier les avantages et la possibilité d’acclimater et d’adapter au climat niçois les arbres et plantes exotiques du plus grand intérêt. Et en vérité c’est à de telles acclimatations que Nice et beaucoup d’autres pays doivent depuis longtemps leurs principales richesses comme en font foi, l’olive, l’orange, la figue etc…. Si plus tard l’industrie grâce à ses nobles efforts peut vaincre plus d’une fois la nature, si de nouveaux arbres et de nouvelles plantes d’Asie et d’Océanie fleurissent dans des jardins non abrités d’Europe méridionale, on peut croire qu’au moyen d’heureuses transplantations on pourra augmenter la richesse des territoires de ces régions, maintenant que principalement grâce à la navigation à vapeur les relations de Nice avec des régions tropicales sont devenues plus étroites.
Bibliographie
Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere
Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro
Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie
Bibliothèque municipale de Nice
Tome XI B 8143 – date 1843
Roubaudi Louis - Nice et ses environs - 1843 - Paris Turin - consultable sur Internet