SOURCES DE NICE SUIVANT CASALIS


Dizionario de G. Casalis Turin

 

Volume XI                                                                            mise à jour janvier 2014

 

Sources de Nice

 

Remarque préliminaire

Le texte de Casalis paru en 1843 est en partie la traduction en italien du document de A. Risso () pages 74 et suivantes, paru en 1826.

Mais les différences sont notées dans le courant du texte.

Fodéré () avait déjà écrit un article sur le sujet en 1803, publié en 1821, voir à la fin

Le texte de Roubaudi () page 132, de 1843, est également beaucoup plus complet

 

Traduction du texte de Casalis

 

« Des hauteurs qui entourent le bassin de Nice,  sortent diverses sources et fontaines, dont les eaux plus ou moins abondantes,  servent à arroser les campagnes  et mouvoir  divers édifices mécaniques ; les principales sont nommées : de la ville, de Limpia, du Peirou,  de S.Sebastiano, Acquafresca, Fontana Calda, de Mouraille, Fontana Santa, de la Disette, del Tempio.

 

Fontaine de la Ville

 

« La première se trouve dans le quartier de Riquier: elle est fraiche, limpide, très légère,  et ses eaux se jettent dans le port »

Risso précise : « La fontaine de la Ville est située dans le quartier de Riquier et va se dégorger dans le port ; l’eau en est fraiche, limpide, légère, contient fort peu de matières calcaires en dissolution »

L’historique de cette fontaine depuis 1689 avait fait l’objet d’un article  de François Gaziello (), page 63

 

Fontaine du Sorgentin

 

« A quelque distance de celle ci se trouve celle connue sous le nom de Sorgentin: celle-ci étant abondante et très pure ; elle sert à arroser les terres environnantes et à mouvoir divers moulins qui se trouvent sur son passage.

Le texte de Risso est presque identique

 

Fontaine de Limpia

 

« La fontaine de Limpia  qui donne son nom à la vallée parcoure par ses eaux,  se trouve à peu de distance du bord de mer où le ruisseau se divise en plusieurs bras : son eau est excellente comme le sont toutes celles situées près du port.

Risso indique : « Son eau est excellente ainsi que toutes celles qui sont autour du port et au niveau de la mer qui ne paraissent pas être des embranchements de celle-ci »

 

Fontaine du Peirou

 

« Au pied de la colline où  se trouvait l’ancien château, on voit la fontaine du Peirou qui fournit une eau extrêmement légère et pure.

Dans le texte de Risso on lit : « Au pied du promontoire sur lequel était l’ancien château, existe une fontaine réputée comme contenant l’eau la plus légère connue sous le nom de  Fuont dei Peirou. Elle git sous une grotte presque au niveau de la mer en dessous de la batterie des Ponchettes. D’autres sources qui descendent également du même tertre donnent aussi des eaux fraiches et légères mais la plupart communiquent en sortant de terre  avec la mer ».

 

Fontaine du chemin de Turin

 

Risso note : « une autre fontaine fort abondante fut trouvée sur le chemin de Turin, dans les travaux que l’on fait pour encaisser le côté gauche du Paglion. Elle se perd sous terre sans aucune utilité et l’on croit que celle de Saint Sébastien sise sur la Place Victor, qu’on a conduite dernièrement dans la ville n’est qu’une faible branche de cette fontaine »

 

Fontaine Saint Sébastien

 

« La fontaine dite de S. Sebastiano se trouve  sur le côté gauche en entrant sur la place Vittorio ; elle est très abondante ; elle n’a jusqu‘à présent qu’une seule issue dans le quartier des charcutiers, mais on espère que d’ici peu  on tirera mieux profit de l’abondance de ses eaux  grâce à la grande canalisation que l’administration civique projette de faire construire en contrebas de la nouvelle terrasse ».

 

Source de l’Acquafresca

 

« Dans le quartier de l’Albero sur la rive droite du Pallione, se trouve la source connue sous le nom  de Acquafresca ; elle provient de dessous la masse de gypse adossée à la colline de Cimella : ses eaux sont imprégnées de sulfate de chaux, c’est pourquoi elle a un gout insipide. L’eau de cette source abondante après  voir servi à arroser diverses propriétés,  et mouvoir deux usines du faubourg va se jeter dans le Pallione »

 

 

Fontaine de Fuont Cauda

 

« Les eaux de la source qu’on nomme Fuont Cauda dans le dialecte niçois, ne sert qu’à arroser  quelques prés et jardins. Elle a été ainsi nommée car elle parait chaude en hiver et fraiche l’été »

 

Source de Saint Michel

 

 A peu de distance de Fuont Cauda, se trouve la source de S. Michel ; elle est un peu au dessus  de celle d’Ourdan (Risso indique : « Giordan aujourd’hui Defly ») Les sources qui sourdent au pied des collines de Pessicart, de S. Pietro, etc… servent à irriguer les proches campagnes.

 

Fontaine de Mouraille

 

« Au pied de la colline de Gairaut, à environ une lieue de Nice on trouve un cours d’eau auquel on donne le nom de fontaine de Mouraille, du nom du propriétaire du terrain, où cette eau sort d’une ouverture faite dans la roche, qui, lorsqu’elle n’était pas fermée comme elle l’est actuellement, laissait apparaître un aqueduc se prolongeant sous la montagne et dont on ignore la longueur. Cet aqueduc est une oeuvre romaine.

On dit que plusieurs personnes entrèrent dans ce souterrain vouté sans pouvoir aller jusqu’à la source. Celle-ci selon ce qu’on dit se divise intérieurement en trois canaux et comporte une inscription en marbre maintenant toute corrodée ; on transporte évidemment l’eau  dans le site où se trouvait l’antique cité de Cimella. C’est une eau excellente et très fraiche.

Principalement elle fait actionner divers moulins  dans le vallon de Mouraille, qui est un des lieux les plus pittoresques des environs de Nice et sert aussi à l’irrigation des terres »

Risso en donne une description poétique : « La fontaine Mouraglia sise dans la vallée de Gairaut est assez considérable pour avoir engagé les romains dans le temps à conduire ses eaux autour de l’ancienne ville de Cimiez. Il existe dans l’intérieur  des canaux de cette source une inscription en marbre portant le nom de l’entrepreneur de cette fontaine dont on déchiffre encore quelques lettres. Cette fontaine méritera un jour d’être chantée par nos poètes ; on ne manquera pas de décrire son site aussi simple  que majestueux, les oliviers, les chênes, les myrtes qui l’entourent. On célèbrera l’abondance, la fraicheur, la limpidité de ses eaux ; on fera remarquer ce gazon d’un vert gai, cette belle pelouse de cryptogames, et toutes les charmilles qui se détachent des rochers couverts d’adiantes et de capillaires »

 

Fontaine du Temple

 

« A une distance d’une demi-lieue de cet endroit, au fond de la vallée du Tempio, se trouve une source plus abondante que la précédente et qu’on nomme ainsi del Tempio.

Les eaux sortent d’un édifice  en pierre, de construction romaine formant une voute sous laquelle on voit au niveau du sol d’autres petits courants d’eau qui viennent se réunir sous la grande voute. On pense  qu’elles proviennent de la Vesubia au moyen d’un aqueduc souterrain à travers les montagnes. Ce qui rend probable cette opinion, c’est que le point auquel la tradition assigne la prise d’eau porte aussi le nom de Tempio. Il est situé entre Duranus et le Cros, bourgade d’Utelle, au milieu d’énormes roches taillées au pic.

Une inscription sculptée dans le lit même de la rivière, laisse espérer quelque indication à l’appui de cette opinion populaire ; mais cette inscription est totalement corrodée à part les mots EZA, et 1648. Et elle ne pourrait pas  se référer à l’époque des romains, ni à l’époque à laquelle Paganino del Pozzo, directeur général des gabelles fit ouvrir (1430) pour le transport du sel de Nice en Piémont, une route portant son nom, laquelle se poursuivait le long de la rivière. Le lit de la rivière, à cet endroit, dit Il Tempio, étant très encaissé et très sinueux il est vraisemblable que le roc sur lequel fut sculptée la dite épigraphe, a été taillé en 1648 pour élargir les bords  latéraux  et pour permettre le passage des bois.

Il y a des opinions différentes  à propos du nom de Tempio donné à la vallée dont on parle. Selon certains ce serait une corruption du nom de « tempe », propre à une vallée très riante  de Tessalia. D’autres y cherchent les vestiges du temple où Porcilla mère de Giulio Agricola, fut tué par les soldats d’Ottone Silvio.

Mais il semble vraisemblable qu’une telle dénomination provienne des templiers, qui dans ce secteur possédaient une riche maison et une église sous le nom de Sta Maria del Tempio, dont on voit encore les ruines dans une propriété  de la dame Raybaut née Masseille.

Dans son chapitre sur Nice () page 683, il indique « La Vésubia passe sous Duranus  et se divise en deux pour former comme une ile à gauche, entre dans une cavité caverneuse de tuf dite la Tombina del Tempio (note : la bouche du Temple) où avec une grande impétuosité on en voit l’eau tourbillonner,  et on croit que par des canaux souterrains, l’eau va sourdre sur le territoire de Nice, laissant ensuite Utelle… »

Note : au point 43° 52’ 54 7 N et 007°14’33 8 E H = 194 il y a une ile et la rivière bute immédiatement en aval contre un éperon en rive gauche  avec  un amas de rochers affleurant.

« Parmi les curieux documents qui existaient en 1608 dans les archives de Nice, on peut lire que les templiers possédaient dans cette cité un hospice, dont les revenus après l’abolition de leur ordre constituèrent une commende appelée commende de Nice ».

Note : Les études relatives au canal actuel de la Vésubie ont commencé à partir de 1851 soit bien plus tard que la date de parution du texte de Casalis, 1843. Le canal a été livré en 1885.

« Les eaux de la Fontaine du Temple font marcher plusieurs moulins à grain et à huile ; ils servaient autrefois à un martinet, à une papeterie et à d’autre édifices aujourd’hui détruits ; elles fertilisent maintenant les campagnes environnantes, et arrosent toute la portion du territoire de Nice, qui comprend la vallée du Tempio, et les quartiers du Ray, de S. Bartolommeo et Campolungo jusqu’à la mer ».

De son côté Risso écrit : « Entre le quartier de la Serena et de Gairaut, à une lieue et demie de distance de la ville, existe la fontaine mémorable du Temple, voutée en pierre de taille, qu’on croit romain ; vive et abondante elle coule dans un beau vallon où sont les restes d’un martinet, et autres fabriques qui y existaient autrefois.

Cette source jaillit de trois côtés différents au milieu d’un terrain tertiaire qui s’adosse  en cet endroit sur le calcaire jurassique. Elle arrose les campagnes des quartiers voisins, fait mouvoir un grand nombre de moulins à huile, à farine, et se subdivise en une infinité  de petits canaux depuis sa source jusqu’à la mer »

Rossi ne mentionne rien sur la Vésubie.

 

Fontana Santa

 

« La Fontana Santa qui déverse ses eaux dans le vallon de Mouraille est intermittente.  Elle sourd sous une énorme masse de calcaire compact. Il se passe parfois des années entières  sans donner des signes de son existence, même par temps de pluies longues et importantes, et à l’opposé parfois elle sourd avec impétuosité durant une sécheresse générale. Depuis des temps très reculés, le vulgaire faisait de singuliers pronostics à l’apparition de la source à qui on donne le nom de Fontana Santa  et aussi de fontaine miraculeuse. Quand l’eau était abondante en période de sécheresse, cela voulait dire l’annonce de grands malheurs, si elle n’apparaissait pas en temps de pluie  cela signifiait prospérité et l’annonce de copieuses récoltes »

Risso note à son sujet : « La plus remarquable et la plus célèbre de toutes nos sources  est celle connue sous le nom de Fontaine Sainte, Fuont Santa, qui se montre de temps à autre, dans la vallée de Gairaut. Cette fontaine intermittente jaillit de dessous d’un grand bloc de calcaire compact et sort avec bruit, en emportant quelquefois des débris de briques et des anguilles de très fortes dimensions.

Son apparition n’est pas constante non plus que son volume ni la durée de ses écoulements. Elle tarit  et reste six mois, une année sans donner la moindre trace  de son existence ; Ainsi les gens crédules ne manquent-ils jamais de prédire de grands évènements à chacune des apparitions »

Dans le Guide des Etrangers à Nice () page 140, on peut lire « Gioffredi nous assure qu’lle avait déjà cette réputation  (note : de prédire les malheurs ou la tranquillité) en son temps, et il raconte qu’elle avait ainsi prédit  l’invasion des turcs en 1543, la peste de 1581 et de 1631, la guerre civile de 1638. il dit aussi  que le médecin Antoine Audiberti avait composé un poème sur cette fontaine »

 

Fuont Santa (La Trinité Victor)

 

Casalis n’en parle pas, mais Risso indique :   « une autre fontaine appelée aussi Fuont Santa, git dans un autre vallon ; elle descend des montagnes d’Eze, pour se jeter dans le vallon de Laghet. Cette source parait ne devoir agir que comme l’effet du mécanisme d’un siphon, toutes les fois qu’une pression hydrostatique la fait remonter vers les couches supérieures où elle sourd et l’intercalaire n’avoir lieu que quand ces causes cessent d’agir »

 

Source de la Disette

 

« La source de la Disette est aussi intermittente ; elle nait sur les collines de Revel ; elle sort d’une fente de la roche calcaire. La durée de ses apparitions,  et l’intervalle entre celles-ci  varie de deux à trois mois, et certaines fois jusqu’à quatre ans.

Risso précise : « la source intermittente appelée Fontaine de la Disette, sur le col de Revel, sort en bouillonnant d’une crevasse calcaire ; la durée de  ses apparitions, l’intervalle de ses intermittences, ainsi que la saison sont très variables ; la première  est depuis dix jours jusqu’à trois mois, la seconde de deux mois jusqu’à trois ou quatre années, enfin la saison la plus constante est celle des grandes chaleurs »

 

Sources  de Valgorbella

 

« Les eaux d’une autre source de moindre importance,  traversent la vallée de Valgorbella, et se confondent  avec les eaux de la fontaine del Tempio dans le quartier du Ray ».

Le texte de Rossi est identique.

 

Sources vers le Var

 

« Sur la route du Var, trois seules sources méritent d’être mentionnées : celle dite de Capeo, près du vallon de Magnano, la source Pousseou, vers le Varo,  et celle connue sous le nom de Galera, qu’on l’on voit à la base de la colline de S.Agostino »

Le texte de Rossi est identique

 

Texte de Fodéré

 

« On a d’abord, à la descente du col de Villefranche, la belle eau dite de Riquier, fournie par une fontaine intarissable, qui sourdit au pied du MontGros, et qui, après avoir parcouru un espace d’environ cinq cents pas, arrosé toutes les campagnes voisines, et fait aller un grand nombre de moulins à huile et à farine, va se jeter à la mer. Viennent ensuite au fond du port de Nice, malheureusement trop éloigné de la ville, plusieurs sources au bord de la mer, d’une eau excellente, dont deux reçues dans des bassins  en marbre blanc et pierres de taille, pour la commodité  des marins. En passant sous le rocher du château, on en voit encore sortir deux sources assez copieuses, et enfin, au nord ouest de cette ville, à une lieue de distance, dans la belle colline de Rimier, on admire, sous une voute de construction romaine, une fontaine mémorable, nommée le Temple, dont l’eau vive et abondante coule dans un vallon délicieux, où sont les restes d’une maison des Templiers, d’un martiner, d’une papeterie, et d’autres fabriques ruinées. De là cette eau bienfaisante va répandre la vie dans tous les quartiers voisins, faire mouvoir un grand nombre de moulins à huile et à farine et autrement utile que celle de la fontaine chantée par Pétrarque, qui rend stérile au lieu de fertiliser, elle ne se rend  à la mer qu’après  avoir comblé les espérances du cultivateur, et rafraichi l’âme desséchée du voyageur mélancolique qui est allé visiter la fontaine du Temple. Je nommerai aussi une autre fontaine quoique moins considérable, appelée de Morail, située du même côté  et dans la colline de Cimier : elle est divisée intérieurement en trois canaux, avec une inscription en marbre qu’on ne peut lire, à l’endroit même où se fait le partage. L’un des trois canaux portait évidemment de l’eau à l’ancienne ville de Cimelea, dans l’enceinte de laquelle le couvent qui la remplace n’a qu’une citerne pour fournir l’eau  à l’usage de ses habitants »

 

Bibliographie

 

Dizionario geografico storico statistico commerciale compilato per cura del Professore e Dottore di Belle Lettere

Gioffredo Casalis Cavaliere dell’ordine de SS Maurizio e Lazzaro

Opera molto utile agli impiegati nei pubblici e private uffizi a tutte le persone applicate al foro alla milizia al commercio e singolarmente agli amatori delle cose patrie

Bibliothèque municipale de Nice

Tome XI B 8143 – date 1843

 

Eaux et Fontaines à Nice - Internet

 

Fodéré – Voyage aux Alpes Maritimes 1821, enquête réalisée en 1803

 

Gaziello François, Inscription de la Fontaine de la Ville  - Nice Historique  1949 page 63

 

Risso A.- Histoire naturelle des principales productions de l’Europe méridionale volume 1- éditions Levrault -1826

Roubaudi Louis - Nice et ses environs - 1843 - Paris Turin -  consultable sur Internet

 

 

 

 
        Utelle pages 495 à 501
        Val di Blora pages 513 à 517
        Val d’Entraunes page 611
        Val di Lantosca page 654
B 8159
        Rien pour le Comté 8160