digue du var

 

MENTON ET ENVIRONS EN 1884 PAR CONSTANCE FENIMORE WOOLSON

 

Mise à jour juillet 2018

Extraits de « Mentone Cairo and Corfu »

 Par Constance Fenimore Woolso

Le texte se présente sous forme de conversations entre amis qu’ils ont eues en visitant la région de Menton jusqu’à Dolceaqua peu avant 1884. Les descriptions  relatives à Menton et à un certain nombre de lieux et de villages ainsi que des rappels historiques ou légendaires ont été traduits ci-dessous.

 

Les touristes parlent d’abord de leur rencontre et de l’ambiance de Menton. Seuls ont été traduits ici les descriptions les plus emblématiques dans la partie française

Les gravures de Menton et des environs ont été réalisées avant 1884.

La rue Longue

Nous nous sommes dirigés vers une montée pavée et passant sous une large arcade en pierre nous sommes entrés dans la vieille ville, à travers laquelle des rues étroites comme des sentiers on ne pouvait conduire aucune véhicule, à travers certaines à peine un âne. La principale avenue, rue Longue, de quelques pieds de large était correctement pavée et propre mais en y marchant, c’était comme être au fond d’un puits, tellement loin au-dessus et étroit, était le petit ruban de ciel bleu au sommet. Des murs ininterrompus s’élevaient de chaque côté de cinq ou six étages de haut empêchant le soleil de pénétrer et ces grands murs gris étaient souvent reliés au-dessus de nos têtes par des arcs comme des ponts des soupirs. Les blocs construits en continuité étaient les maisons de la population locale, « vieux Menton » non gâché par le progrès et les étrangers. Les portes basses laissaient voir des escaliers en pierre montant dans l’obscurité qui permettaient de voir de petites pièces au plafond bas dont le seul éclairage venait de la porte ouverte, où se trouvaient des mères et des bébés, des hommes réparant des chaussures, des femmes cousant et s’occupant de tâches ménagères, calmement bien que la lumière du jour n’était pas la lumière naturelle de ces personnes, mais ils étaient plutôt dans une sombre obscurité. Devant les portes, des enfants aux yeux noirs étaient assis sur le sol mangeant le pain noir et amer du pays et çà et là de vieilles femmes avec des chapeaux blancs circulaires comme de grandes assiettes filaient la quenouille et des broches. Au-dessus il y avait quelques taches de couleur de pots de fleurs sur de hauts rebords de fenêtres, des tapis de couleurs brillantes, pendus pour sécher, ou une fille aux yeux noirs avec un mouchoir rouge noué sur ses tresses noires regardant vers le bas

Observations sur Menton

Les touristes ont remarqué un « héraut » qui passait dans les rues pour faire de la publicité pour un restaurant. Le cimetière se trouverait sur l’emplacement d’un ancien château construite en 1502 sur les ruines d’un précédent édifié en 1250. Les visiteurs notent que la première mention de Menton date de 975 et font des commentaires sur la révolte de 1848. Ils remarquent beaucoup de trompe l’œil variés sur les façades

Procession

Nous étions près de ce que nous appelions la place des ombrelles, une arcade donnant sur le vieux port. Là contre un mur de pierre, un fabricant de parapluies avait établi sa boutique en pleine air et ses parasols écarlates doublés de bleu et ses ombrelles blanches pendus à l’entrée faisaient une pittoresque tâche de couleur que nous avons tous admirée… Nous avons entendu des chants et à travers la sombre arcade  arriva une procession. En premier un grand crucifix entre deux lanternes, puis les enfants de chœur en surplis chantant, puis l’encens et les prêtres , puis un cercueil couvert d’un drap  porté sur le vieux chemin sur les épaules de porteurs, enveloppés dans de longues robes noires tombant jusqu’aux pieds, encapuchonnés, la figure couverte avec seulement deux trous pour les yeux. C’étaient les membres de la Société des pénitents noirs, qui avec les pénitents blancs  s’occupaient alternativement des funérailles et prenaient soin des malades  et des pauvres, seulement par charité et sans dédommagement. Derrière les Pénitents marchaient les parents et amis chacun avec un lumignon. Comme la procession arrivait sous la sombre arcade, elle traversa la rue et grimpa la côte  à travers la vieille ville. Son effet avec les lumières dansantes et les vois chantant était curieusement pittoresque. Ils étaient sur le chemin du cimetière plus haut.

Joueur de fifre

A quelques miles de Menton nous avons rencontré  un garçon et une fille assis au bord de la route. Ils avaient un flageolet et une sorte de cornemuse et portaient un costume de paysans italiens. Leurs pieds et jambes étaient couverts de bandes compliquées et de rubans… que l’on associe habituellement aux bandits… C’étaient des joueurs de fifres.  Nous avons arrêté les voitures et leur avons demandé de jouer pour nous; le garçon a joué de son flageolet et la fille s’est mise à chanter. Comme elle se tenait à côté de nous dans la poussière, ses mains brunes serrées devant elle, ses grands yeux noirs n’ont cessé de regarder (une de notre équipe). Cette italienne était à peu près du même âge qu’elle et vraiment du même âge pour la féminité, et il semblait qu’elle ne pouvait pas ôter son regard de cette étrangère si blanche. Le garçon regardait les pièces distribuées et la fille regardait par-dessus….Alors que nous partions, aussi loin que nous avons pu voir, la petite italienne  se tenait au milieu de la route, regardant la voiture…pour elle probablement notre amie était d’un autre monde, une sainte ou une madone.

Les palmes de Bordighera

Il y a longtemps, en 1586, le Pape décida d’élever et de poser sur un piédestal, un obélisque égyptien, qui transporté à Rome par Caligula, avait été négligemment laissé sur le sol. Un système fut construit pour élever l’énorme bloc, et avec l’aide de cent cinquante chevaux et de neuf cents hommes, il fut élevé en équilibre et puis laissé doucement descendre à son emplacement. Dans le silence, on retenait son souffle, quand soudain on vit que les cordages d’un côté ne permettaient pas de le mettre à la bonne place. Tous, y compris l’ingénieur responsable étaient stupéfaits, sur le qui-vive, quand une voix s’éleva de la foule. « Mouillez les cordages », ce qui fut fait ; les cordages raccourcirent. L’obélisque prit sa place en sûreté. Le Pape appela l’homme dont l’avis opportun avait sauvé la vie de beaucoup et lui demanda quelle récompense lui plairait le plus. C’était un homme simple de la campagne et avec beaucoup de timidité il répondit qu’il vivait à Bordighera et que si les palmes de Bordighera pouvaient être utilisées à Rome pour le saint Dimanche des rameaux, il mourrait heureux. Son souhait fut exaucé et il mourut.

Notes : C’est en raison du privilège accordé à Bordighera et San Remo que les armoiries de San Remo comportent un palmier.

Bordighera a été mis à l’honneur dans la Nouvelle de Giovanni Ruffini intitulée « Doctor Antonio » écrite en 1855. Woolson fait allusion à cette Nouvelle dans son texte sur Menton à propos de la corniche

Les Balsi Rossi (red rocks)

(Le chemin) nous mena  sous l’énorme masse des roches rouges s’élevant perpendiculairement à trois cents pieds au-dessus de l’eau… Les grottes sont de sombres trous dans la falaise à quelque distance au-dessus de la route… Des hommes creusaient la face des Roches Rouges, suspendus en plein ciel par des cordes afin de diriger les produits de dynamitage en-dessous, où de patients chevaux attendaient pour convoyer les grands blocs de pierre vers la ville et détruire par leur procession journalière les dernières traces de la Via Julia Augusta… Nous atteignîmes alors l’entrée d’une grotte et regardâmes à l’intérieur… Les  « troglodytes » étaient les possesseurs vraiment originaux de Menton. Ils vivaient ici vêtus de peaux d’ours et l’on dit que leur voix n’était pas douce. Voir Pline et Strabon. Les os de leurs repas étaient laissés là, et quelques-uns des leurs prématurément morts  en se battant les uns contre les autres pour avoir plus (de nourriture)…. (Les os) sont maintenant devenus les plus précieux trésors du monde scientifique, égalant en richesse les déchets de cuisine des lacs de Suisse…. A une période récente il a été  découvert que ces cinq grottes dans le calcaire contiennent des os d’animaux mélangés avec des instruments en silex noyés dans le sable. C’était une riche découverte  mais une plus riche eut lieu en 1872. Un squelette humain presque parfait, le squelette d’un homme grand, a été découvert  dans la quatrième grotte, entouré d’os qui prouvent sa grande antiquité, qui prouve en fait sans l’ombre d’un doute qu’il appartient à l’époque paléolithique… Les os entourant le squelette  étaient ceux d’animaux  maintenant disparus, qui existaient à une époque jusqu’ici supposée se situer avant celle de l’homme, mais par leur présence ici, ils prouvent une contemporaneité et par conséquent qu’ils existaient à un âge plus ancien de l’histoire du monde que  nous imaginions. (L’auteur mentionne la présence de nummulites et de silex et des échantillons ont été ramassés par le groupe)

Au cours de leurs excusions les touristes du groupe font des commentaires sur le manque d’eau de Menton, les lavandières dans le vallon. Ils parlent des oliviers et des moulins à huile

Légende du citron de Menton

Comme chacun sait, Adam et Eve furent chassés du jardin du Paradis. La pauvre Eve en sanglotant leva la main juste avant de passer la porte et prit un citron du dernier arbre à côté de l’ange. Avec Adam ils parcoururent le monde errèrent en long et en large, et à la fin, suivant les côtes de Méditerranée, ils arrivèrent à Menton. Ici la mer était bleue, l’ensoleillement si brillant, et le ciel absolument sans nuages, qu’Eve planta son fruit précieux. Allez petite graine, dit-elle, grossissez et prospérez. Faites un autre Eden de cet endroit enchanteur si bien que ceux qui viennent après le mois de Mai connaissent au moins quelque chose des gouts et des parfums du Paradis

L’Annonciade

L’église et le couvent de l’Annonciade couronnent une colline isolée couverte de vignes entre deux belles vallées derrière Menton. L’église est au bout d’une petite place entourée d’un mur de pierre. Sur l’avant il y a une ouverture vers le sud où se trouve une croix en fer de vingt pieds de haut, visible du fait de sa situation de plusieurs miles. Le monastère en pierre était sur un côté et le tout ressemblait à une petite fortification sur le sommet de la colline. Nous entrâmes dans l’église et regardâmes les ex-voto primitifs sur les murs, principalement des offrandes de marins de la Méditerranée pour rappeler qu’ils avaient échappés à des naufrages, des fragments de cordages et de chaines, des peintures de tempêtes en mer et de petits modèles de bateaux en bois. En plus des souvenirs maritimes, il y avait aussi des rappels d’évènements survenus sur la terre ferme, généralement des peintures d’accidents où des anges absolument remarquables étaient représentés assis calmement et de façon inattendue sur le sommet des arbres du côté de la route où l’on n’était pas étonné de voir des chevaux courir. Mais la vue agréable de la mer et de la côte au pied de la grande croix dans le soleil, c’était mieux que la petite église sombre et moisie. Nous sommes bientôt sortis et nous nous sommes assis sur le bord du mur pour la regarder. Pendant que nous étions là, un des capucins vêtu de sa longue bure brune, sortit, traversa la place, nous regardant doucement et puis avec une égale lenteur s’arrêta et embrassa le pied de la croix et s’en retourna, nous jetant un autre long regard en passant…L’emplacement serait celui de l’ancien site de Podium Pinum, village de Pépin ou Puypin

Note : cette question est controversée

Ruines du Cap Martin

L’histoire n’est que la version méditerranéenne de l’enfant et le loup. Ces ruines sont le reste  d’un ancien couvent construit au temps passé. Les bonnes Sœurs (peut être étaient-ce des Soeurs de l’intérieur) et peut être elles ne savaient pas ce qui leur arriverait, quand elles iraient sur la Côte. Elles commencèrent à avoir une grande peur de la mer et de navigateurs sarrasins. Elles demandèrent donc aux hommes de Menton et de Roquebrune de voler à leur secours si à n‘importe quel moment, ils entendaient la cloche de la chapelle  sonner rapidement. Les hommes le promirent et se tinrent prêts à accourir. Une nuit ils entendirent la cloche. Alors les hommes de Menton accourent  et ceux de Roquebrune descendant de la colline se précipitèrent ensemble au couvent à Capo San Martino, mais pour ne pas trouver de sarrasins du tout, mais seulement les nonnes une corde sur les genoux demandant pardon. Elles avaient fait sonner la cloche pour faire un test. Peu de temps après la cloche sonna de nouveau, mais personne ne vint. Cette fois c’étaient vraiment les sarrasins et les nonnes furent enlevées.

Note : la même légende a été racontée une quinzaine d’années plus tard par JC Hare (). Ce monastère est inscrit aux monuments historiques depuis le 4 aout 1970

Le temple romain

La tombe originellement était aussi large qu’une petite chapelle ; un des murs latéraux a disparu mais la façade est restée presque parfaite. La façade était composée de trois arches, des tracs de décoration à fresque  étant encore visibles sous les voûtes. En dessous étaient des lignes de pierres alternativement blanches et noires et la même mosaique était répétée au-dessus où il y avait aussi une corniche courant sur les côtés d’un espace central vide, jadis occupé par une plaque de marbre carré portant une inscription. C’était l’ancienne station romaine de Lumone mentionnée dans l’itinéraire d’Antonin

Note : classé monument historique en 1951

Roquebrune

Nous sommes allés à la cité soeur de Menton, Roquebrune, petite ville paraissant accrochée sur le côté de la montagne. Comme nous passions à travers la vieille ville sur nos ânes, nous avons rencontré un mariage allant de la maison à l’église au milieu de la rue. La robuste mariée, calme et majestueuse marchait à la tête e la procession avec son père, sa robe blanche de mousseline balayant le pavé. Probablement c’aurait été considéré comme indigne de soulever sa robe. Le père, petit vieil homme desséché paraissait intimidé, et juste derrière la mère du marié encore plus. La quantité de vives cravates rouges qu’ils portaient ne manquait pas de leur donner un air martial. Puis venaient les parents et amis, deux par deux toutes les robes des femmes balayant le sol avec dignité. En vérité cela semblait être la caractéristique de l’occasion  car à d’autres moments leurs robes étaient soit courtes soit tenues soigneusement, hors de la poussière. Il n’y avait pas de musique, pas de conversation, à peine un sourire. Une fête de baptême, que nous avions vue la veille  avait été beaucoup plus joyeuse car alors le père souriant et la mère jetaient depuis les voitures par intervalles des poignées de dragées et des petites pièces de cuivre sur lesquelles une foule d’enfants se bousculaient pendant que le bébé habillé somptueusement était tenu orgueilleusement à le fenêtre

Gorbio

Nous sommes allés à Gorbio. La vallée de Gorbio est charmante. De toutes les vallées, l’étroit Val de Menton est le plus agréable pour une promenade de l’après-midi mais pour de plus longues excursions, et comparée avec celles du Borrigo et du Carrei, celle de Gorbio est la plus belle, principalement car il y a plus d’eau dans le ruisseau qui court en chantant sur le  lit rocheux comme  les ruisseaux des White Mountains tandis que ceux qu’on appelle les torrents du Carrei et du Borrigo sont généralement plus larges  et des torrents de pierre.. Nous avons passés des bosquets d’oliviers  et de citronniers, des moulins, des vignes, et des millions et des millions de violettes. Puis le chemin qui montait constamment,  devint plus sauvage…Nous avons trouvé que Gorbio était un petit village de six cents habitants perché sur le sommet d’un rocher, avec le sol en pente de tous les côtés, les restes d’un vieux mur et des portes fortifiées qu’on pouvait voir encore. Nous sommes entrés et avons exploré ses deux rues, étroits passages entre de vieilles maisons en pierre donnant l’impression d’être aussi proches que possible les unes des autres et occupant aussi peu d’espace au sol que possible. Au-dessus de ses toits en grappes dominés par les murs ruinés de ce qui était une fois un château, dont on pouvait seulement distinguer la tour. Elle portait des blasons d’armoiries que j’essayai de déchiffrer… Sous le grand orme au centre de la petite place nous étions rassemblés pour nous reposer. Ce paisible village dont les idylliques enfants formaient un cercle autour de nous a été la scène d’un combat sanguinaire entre les armées françaises, espagnoles et autrichiennes en 1746.

La Turbie

Derrière la Tête de Chien s’élève la montagne plus proche au-dessus. Et sur son sommet, se détachant contre le ciel se troue la vieille tour de la Turbie ruine dans sa majesté solitaire regardant vers Rome. La tour est à mille neuf cent pieds au-dessus de la mer…Elle a été construite par les romains sur la frontière entre la Ligurie et la Gaule pour commémorer une victoire  gagnée par Auguste César  sur les ligures. Elle a été appelée Tropaeum Augusti dont est dérivé le nom de la Turbie. On peut encore trouver des fragments d’inscriptions sur les pierres des constructions du village actuel. L’inscription elle-même  heureusement conservée par Pline est la suivante… A Cesar (note : le texte est en anglais)…les peuples vaincus, suivent les noms des quarante-cinq races alpines. Le trophée a été utilisé au Moyen Age comme forteresse et partiellement détruit par les français au début du siècle précédent

Monaco et Monte Carlo

Laissant les voitures, nous sommes entrés dans le Palais conduits par une dizaine de militaires… Nous avons monté la volée d’escalier menant à la Cour d’Honneur qui brillait d’une récente restauration des fresques. Un homme solennel en noir nous a reçus et conduits avec dignité à travers treize longues et larges pièces avec des plafonds de trente pieds de haut, une suite d’appartements d’état qui a laissé sur nos esprits une impression générale perplexe, avec des vases dorés, des rideaux cramoisis, des paquets glissants des horloges en bronze, des couronnes de roses peintes, de gras cupidons, et (un sentiment) d’inhabitabilité. La seule trace de vie humaine dans cette vista brillante était un petit tableau du présent Prince fait quand il était bébé, réaliste, petit bonhomme joufflu, souriant et non concerné par cette froide splendeur… Dans la salle Grimaldi, il y avait une vaste cheminée taillée dans un bloc de marbre couverte de sujets gravés… Dans la pièce où le Duc d’York  mourut, il y avait un grand lit sur une estrade avec des rideaux de lourds damas et entouré par une barrière dorée. Nous avons regardé cet ensemble en silence. Le casino de Monte Carlo est maintenant l’activité la plus importante de Monaco. Au lieu d’être subordonné au Palais, ce dernier n’est devenu qu’un appendice de la moderne splendeur de l’autre côté de la baie. Monte Carlo occupe un site plus beau qu’aucun autre au monde en face de la mer bleue qui baigne son beau jardin; à l’est la douce ligne de côte de l’Italie s’étend à quelque distance; à l’ouest se trouve le rocher  de Monaco incurvé et audacieux avec son château et le port, et la grande colline de la Tête de chien. Haut au-dessus s’élèvent les montagnes proches et sur leur sommet, souligné contre le ciel, se trouve la vieille tour de la Turbie, en ruine dans sa majesté solitaire regardant vers Rome.

Castellar

Un petit village (avec des maisons) de pierre ressemblant à Gorbio, perché sur la crête de la montagne et faisant penser aux villages fortifiés de César, le château ici n’étant pas vraiment un château. Son appartement principal  était décoré de  fresques  représentant l’histoire d’Adam et Eve… Que font les armes dans les angles ?... Ce sont les armes des Lascaris.

Sainte Agnès

Note : L’auteur a écrit Saint Agnes

Ce petit village de montagnes est le plus haut point que nous avons atteint avec nos ânes, à deux mille deux cents pieds au-dessus de la mer. Sa seule véritable rue taillée dans le côté de la colline comporte d’un côté une petite église battue par le vent et une chapelle solitaire de l’autre avec le coeur du village au centre. Un « cœur » qui n’est autre qu’un amphithéâtre avec un parapet lisse le protégeant du précipice en-dessous. Depuis cet endroit il y a une très large sur les montagnes avec le somme pointu de l’Aiguille au centre qui les domine toutes. C’était le jour de la fête du village et nous avons rencontré la petite procession à la porte de l’église. D’abord venait les prêtres et les enfants de chœur, chantant puis les filles du village, habillées de blanc et portant sur un plateau une statue de Saint Agnès, puis les jeunes avec des flots de rubans colorés sur les bras et à la fin tous les villageois, deux par deux, habillés de leur mieux et portant des bouquets de fleurs. A travers la rue empierrée et venteuse, ils chantaient en marchant. Quand ils arrivèrent à la chapelle solitaire, Saint Agnès fut porté à l’intérieur et des prières furent dites auxquelles le village se joignit en s’agenouillant sur le sol à l’extérieur car il n’y avait pas de place pour tous à l’intérieur. Puis Saint Agnès fut ressorti, un hymne commença auquel tous prirent part. La cloche de l’église carillonna et un vieil homme plaça de petits tas de poudre à fusil  à égale distance le long du parapet de proche en proche, je suppose pour une canonnade. Quand le Saint atteignît de nouveau sa niche en sureté, fin du voyage jusqu’à l’année prochaine, la procession se dispersa  et le festin commença, simple festin italien auquel nous nous joignîmes aussi pour prendre  part à un repas dans la petite auberge qui avait un buisson vert comme signe de reconnaissance au-dessus de la porte étroite. Le vin du pays se montra très bon, en dépit de l’ancien proverbe. Puis rafraichis, nous grimpâmes  sur le chemin raide menant au pic où étaient perchées les ruines de l’ancien château qui était si visible depuis Menton. Ce château nommé le bastion des sarrasins de Saint Agnès me parut plus élevé que je ne l’avais imaginé dans ma tête. A la fin notre conducteur d’ânes vint nous dire que le bal commençait…dans le petit amphithéâtre rocheux en dessous. Nous trouvâmes les villageois  dansant joyeusement…quelques étrangers comme nous s’amusaient à danser aussi.

Bibliographie

Hare Augustus JC - South Eastern France - George Allen 8 Bell yard Temple Bar – London, and Sunnyside Orpington

 

Woolson Constance Fenimore – Mentone Cairo and Corfu – Harper and brothers publishers New York 1896