digue du var

 

SOUVENIRS CHAMPETRES 1842 - SAINT LAURENT D'EZE 06360

 

Mise à jour Juin 2009

Non signé attribué à un membre de la famille Renaud de Falicon

Bibliothèque du Chevalier de Cessole- Nice

 

Proposé et illustré par : Françoise Prost, Raoul Barbès, Henri Guigues

 

Note : Ce récit prend place ici car il s’intègre dans un dossier plus important concernant le prieuré de Saint Laurent d’Eze dont certains éléments on déjà été publiés. Voir dossiers:

grotte de st Laurent d'Eze

généalogie Renaud de Falicon

chapelle de Saint Laurent d'Eze

 

 

Gravures publiées avec l'aimable autorisation de Madame Geneviève Chesneau, Conservateur en chef, Direction des Musées, Bibliothèque du Chevalier de Cessole

gravure de gauche: "Vue prise au point le plus élevé de la nouvelle route de Nice à Gênes

Vis à Vis le village d'Esa". Cette route dite Grande Corniche, a été construite au début du XIXème siècle soit une quarantaine d’années avant le récit

 

gravure de droite: "Nice et Savoie Village d'Eza et Cap de St Hospice- vue prise de la route de la Corniche (Alpes Maritimes)". Dans la bas à gauche de la gravure on distingue un chemin qui pourrait être un des chemins conduisant au Prieuré et dans le fond on aperçoit des arbres qui pourraient être dans le secteur du Prieuré.

L’orthographe a été conservée. Le récit comprend certains détails intéressants concernant le vallon de Saint Laurent  et signalés en italique et entre parenthèses

 

Récit:

On dit que c’est le premier mot qui coûte. C’est peut-être vrai pour ceux qui dans le silence prosaïque du cabinet, essayent de décrire les scènes pittoresques de la belle nature, auxquelles ils n’assistent pas.

Mais sous le carubbier de Saint Laurent, lorsque la voix retentissante de la mer vous inspire, on ne saurait marchander le premier mot.

Quand on foule sous ses pieds une terre bénite, drapée de cactus et embaumée de citronniers, quand on hume une brise aromatisée par les tendres senteurs de la vallée, quand on contemple un ciel radieux pur et transparent, le premier mot, c’est Dieu! Le premier besoin, la prière!

Car elle est grande et simple, la décoration que le philosophe rêveur découvre dans la plate forme où est situé le joli petit château de Saint Laurent (Casteu). Imaginez un triangle renversé, dont le ciel soit la base, deux montagnes les côtés et la mer, le sommet. Devant vous un horizon sans bornes ; à droite et à gauche une corniche frangée de cyprès et d’orangers encadrant la plus belle échappée de mers qu’ait jamais enfanté le scalpel tout puissant du Grand Artiste de la nature.

C’est en contemplant ce spectacle tout éclatant de splendeurs magiques et inconnues que l’âme s’émeut et se livre à des impressions inaccoutumées.

Dans sa religieuse rêverie, elle aperçoit au milieu des scintillements multipliés de la nuit, des étoiles qu’aucun astronome ne découvre ; elle entrevoit à travers les teintes suaves qui dorent le déclin du soleil, des nuances inconnues au vulgaire; elle aspire parmi les bosquets mystérieux des parfums que Dieu semble n’avoir vivifiés que pour elle seule, dans ce séjour d’abandon où il mit les hommes sur la terre et les Anges dans les Cieux.

Lecteur bénévole, ne vous effrayez pas ! C’est assez voltigé dans les espaces ; je rentre dans mon sujet, et, de poète que j’étais tout à l’heure, je redeviens historien tout pur. Au reste, si une étincelle de feu sacré s’est rallumée dans mon cœur desséché, ce n’est que pour me venger de  certaines personnes qui m’accusent de ne point avoir d’imagination !!

Le voyageur qui parcourt les chemins de Nice à la Turbie se détourne de la grande route un quart d’heure avant que d’arriver à ce dernier village, et prend le chemin de

Saint Laurent qui se trouve sur sa droite (chemin de Toscane). Ce chemin étroit, raide et pierreux, comme le sont tous les sentiers des montagnes descend jusqu’à la mer à travers un vallon sauvage tout d’abord mais qui change d’aspect et devient riant à mesure qu’on avance.

Comme dans cette alpestre contrée on ne peut voyager qu’à dos de mulet ou bien à pied, nous choisîmes ce dernier moyen comme le plus sûr quoique le moins confortable.

Aussi c’est en nous talonnant fortement contre les entailles des rocs que nous assurions nos pas chancelants tandis que des pierres remuées par nos pieds roulaient avec fracas d’escarpement en escarpement.

Pendant cette première période de marche nos regards étaient frappés par la vue pittoresque du village de la Turbie dont la tour antique, minée à la base par les ravages du temps s’élance dans la mer, comme un géant boiteux ! La même tour où le bon curé de la Turbie avec sa figure avinée, et son nez épaté, nous servait de Cicerone tout en vantant les mérites de son vin de braquet.

La raideur de la pente, et les pointes aigües des rochers absorbaient, au reste, notre attention, tout entière. Au fait, nos reins eussent trouvé, en cas de culbute, certains duvets par trop incisifs.

Nous atteignîmes, en attendant, la métairie du Santo (chapelle de Saint Laurent) où surgissait jadis un couvent de moines de Saint Pons.

On découvre de là une vaste étendue de mer ; le haut fanal de Villefranche à demi masqué par les hauteurs, et le Cap de Saint Hospice, vigie hasardeuse au milieu de la mer, que les chevaliers de cet ordre occupèrent jadis.

Nous reprîmes haleine un instant et la fatigue de la descente fût aussitôt oubliée, lorsque nous vîmes venir au-devant de nous, nos aimables hôtes de Saint Laurent.

Nous étions au bout de notre alpestre pèlerinage. L’allée de citronniers qui forme l’avenue de la délicieuse villa de Saint Laurent était devant nous.

Après l’avoir traversée, nous aboutîmes au Château. La terrasse sur laquelle celui-ci est situé domine un certain triangle de mer, que ma verve de poète a décrit tout à l’heure, avec une emphase dont il n’est plus aucun exemple dans ce siècle de chemins de fer.

Qu’on est bien à Saint Laurent quand on y est ! On y vit avec bonheur dans l’oubli du monde. Aussi le séjour de cette terre promise, inaccessible comme le paradis, nous dédommage-t-il bientôt de l’aspérité des chemins, par où nous nous étions déroulés au grand préjudice de nos genoux démantibulés.

A Saint Laurent on déjeune, on dîne ou on soupe, on prend le thé. Sans ces raffinements de la civilisation, ce serait la vie pastorale dans toute son acception. Ainsi on rêve sous les carubbiers, on fait de la lecture sous les treillages, on se mire dans l’eau limpide de la fontaine, et on fait retentir les échos des montagnes de chants guerriers et de romances d’amour.

C’est ici, en face du vert tendre de la vallée, que l’âme et le cœur, fascinés par la coloration vivace d’un ciel et d’une mer privilégiés, se forment pour les épreuves de la vie.

Le luxe et les étiquettes sont bannis de ce séjour de simplicité et de contemplation. Nos dames portent une robe de mousseline blanche comme les premiers reflets du matin. Un vaste chapeau de paille à parasol, orné d’un liseré noir, attaché sous la gorge par des rubans de même couleur, les garantit du soleil.

C’est ainsi qu’elles bondissent d’un pied léger, lestes comme la sylphide des bois sur les sentiers tourmentés de la montagne.

Les hommes sont tous à peu près accoutrés à la Robin des Bois…Des chapeaux de paille, des pantalons rayés, des vestes grises. Quant à moi, je porte une blouse écossaise, taillée à pic sur l’épaisseur de ma taille toute méridionale, ce qui, soit dit en passant, me donne la tournure d’un bohémien.

Tout inaccessible qu’il est, on reçoit toujours des visites au Château de Saint Laurent. Tantôt ce sont des dames, tantôt des cavaliers, mais le plus souvent des moines et des curés. C’est le seul chaînon qui nous rattache à ce bas monde où il faudra se résigner de rentrer bientôt, hélas !

Je dis, hélas car son souffle est brûlant, ses étreintes envenimées, et les scènes qui s’y jouent, décourageantes ! Je dis, hélas! Car mon âme n’est pas encore corrompue au point de la regretter.

Je dis hélas ! Car tout pygmée que je suis, je me suis senti bien grand, hier, lorsque j’avais une montagne pour piédestal, et le ciel pour dôme !!

Les jours de fête, un religieux du Couvent de Laguet vient célébrer la messe à la Chapelle du Santo. Il arrive sur une mule grise, harnachée avec prétentions et lorsqu’il met pied à terre il descend du côté droit. Il se pare ensuite de l’aube, de la chasuble, de l’étole, et il dit une Messe qui dure trois-quarts d’heure.

Certes le bon moine n’aurait pas tant retardé son ite missa est, s’il eût dû célébrer le Divin sacrifice aux jours sanglants des persécutions, caché dans la sombre caverne qu’on remarque sur le mamelon qui domine le Château de Saint Laurent. Car c’est bien là, où du temps de la révolution, des Pasteurs zélés et tout un bercail Chrétien remplissaient  dans l’ombre, les Devoirs vénérés de la religion de nos Pères.

C’est ainsi que la vie s’écoule à Saint Laurent. Elle se compose de riens, mais elle recèle un bonheur pur et tranquille.

Seulement faut-il savoir l’apprécier. Dieu a placé partout le bonheur, comme l’air et la lumière. Il y a donc souvent de notre faute, lorsque nous ne savons pas le trouver.

Mais, il est minuit ; les cousins me piquent et le sang coule. Il faut terminer. A chaque fois que la présence importune de ces insectes, me rappelle à la vie positive pour me gratter, je m’explique pourquoi Dieu les a déportés à Saint Laurent.

C’est qu’il ne veut plus de paradis terrestre. En effet, cela a trop mal réussi la première fois !

 

Promenade au moulin

 

Le Châtelain de Saint Laurent après avoir aspiré avec volupté une bonne prise de tabac, me propose une promenade au moulin. J’accepte avec plaisir et nous nous mettons aussitôt en chemin. Car il n’est pas besoin de carte routière pour voyager dans ces contrées.

Après avoir grimpé un côteau escarpé, nous abordâmes à une jolie terrasse ombragée de carubbiers, qui domine la mer de deux côtés.

On découvre, depuis l’esplanade que nous occupions, un horizon sans pareil, au midi c’est la pointe de Saint Hospice qui jaillit en mer comme une sentinelle perdue. Au couchant les terrasses ombragées de Saint Laurent  se déroulent à la vue, parées d’une éclatante végétation, et aussi vivement colorées  qu’une aquarelle de Monsieur Gonin. Au dessus, on aperçoit, semblable à un ruban noir enveloppé de brouillard, la route aérienne de la Turbie hérissée d’une ceinture grisâtre de rochers, dons les crêtes ressemblent à un poste avancé de la terre, menaçant la mer. Depuis ce même plateau on voit le Château de Saint Laurent, qui se présente au regard tout fier des avantages de sa position. En l’examinant on est porté à conclure que l’architecte qui l’a bâti  était infailliblement poète.

Ma plume ne saurait retracer l’ineffable émotion de bonheur qu’on éprouve lorsqu’on assiste au coucher du soleil, depuis le riant plateau où nous étions. D’un côté ce sont les sommets des montagnes dorées par les reflets mourants du jour. De l’autre, les miroitements infinis de la mer, légèrement ridée par la brise. Plus loin, c’est l’horizon, coupé en bandes d’orange et de carmin, avec sa longue écharpe d’azur foncé, tracée comme une ligne de démarcation entre ciel et mer.

Ravis par la beauté de ce panorama délicieux, nous nous acheminâmes pour descendre au moulin. Aussi, nous trouvâmes-nous bientôt sur la crête d’un escarpement qui surplombait un abîme dont on ne pouvait mesurer du regard, la profondeur, sans être saisi de vertige.

Figurez-vous une de ces décorations de théâtre qu’on voit souvent dans les Grands Ballets, lorsque le tiranno traîne par les sentiers de la montagne, la belle échevelée qui a repoussé ses séductions. Figurez-vous un rentrant, formé par l’enfoncement de deux roches taillées à pic, où la mer dépose une grève blanchâtre. C’est sur ce plancher mouvant qu’est enfoui le moulin dont une source d’eau douce, jaillissant du rocher, fait tournoyer les roues. (Moulin des Pissarelles)

On ne saurait imaginer une solitude plus pittoresque, plus mélancolique, plus sauvage à la fois. La lame retentissante, incrustée d’écume, heurte et se broye contre les brisans qui protègent cette retraite ignorée par les hommes. On y descend, ou pour mieux dire, on s’y précipite, par un sentier ardu de quelques pouces de largeur, creusé dans le vif de la roche, et taillé par échelons rares et anguleux. A chacun des tournants de ce poétique sentier collé contre l’espace, on rencontre un carreau microscopique de jardin adhérent au roc. Le repos solennel qui règne dans l’isolement de cette grève inspire un recueillement religieux. On dirait que c’est un petit coin de ciel oublié par mégarde, dans les abîmes !

Aussitôt qu’on arrive au moulin, on s’étend nonchalamment sur la grève et on aspire un air vif, sec, enivrant. Bien qu’étouffés dans un espace rétréci, les sourds mugissements des vagues qui s’enfournent dans les cavernes, n’en sont que plus bruyants, tandis que l’œil contemple les scènes les plus grandioses de la nature.

Le meunier, vieil Ermite de cette plage déserte, vint aussitôt s’asseoir sans façons à côté de nous. Il nous raconta l’histoire de sa vie. Elle fut courte.

C’est lui qui a fait bâtir le moulin, lui qui l’a rendu accessible aux hommes en tailladant les blocs.

Depuis de longues années il est Seigneur et Roi de cet Empire d’un pouce !

La Méditerranée est à la fois son alliée naturelle et son implacable ennemie. Elle lui accorde souvent des trêves,  mais la paix … jamais !

Toute la politique du Roi -Meunier consiste à la contenir dans ses limites, lorsque poussée par la tempête, elle cherche d’envahir son humble domaine.

Or, ce souverain, en bonnet de coton bariolé, au teint hâlé par le soleil des mers ; blanchi par la farine tout aussi bien que par les ans et ne faisant la guerre qu’aux grands phénomènes de la nature ; ce Souverain n’est-il pas immensément plus grand  que ces Rois constitutionnels, incessamment obligé de lutter contre tout espèce de misères humaines, soit pour échapper au poignard des Régicides que pour acheter le vote d’un Député ?

C’est en faisant ces réflexions que nous gravissions  de nouveau l’escalier de la roche, pour retourner à Saint Laurent, où un appétissant souper nous attendait.

 

Départ

 

A Saint Laurent, l’orage est un majestueux phénomène. Lorsque les roulements sinistres du tonnerre, engouffrés dans le vallon grondent avec fracas, on croirait entendre au milieu de la bataille des élémens, le commandement du Dieu des Armées ordonnant aux montagnes de s’ouvrir, et aux Cieux de s’abîmer.

Mais, si éclatant pendant la nuit, la tempête surprend les hôtes de Saint Laurent, au milieu des rêves dorés de  leur sommeil, l’impression qu’ils en ressentent est profonde et douloureuse à la fois.

C’est alors que les organisations incomprises, accroupies dans les profondeurs du mol édredon, se bouchent les oreilles ; tandis que les esprits forts écoutent, avec un silence religieux, le terrible concert de la colère de Dieu !

 

Ainsi Saint Laurent est tout aussi admirable par les délices de son beau ciel, que par les épouvantemens de ses orages.

Mais, si par hasard, au lieu de cela, une pluie semée d’éclairs et de poésie, vient condamner à la réclusion les habitans du Château, alors le séjour en devient tellement triste, qu’il faut s’attabler, et dîner tout le jour, pour passer le temps.

Lorsqu’une pareille catastrophe survient, il ne faut pas non plus être pressés de partir. Celui qui s’exposerait à gravir, soit à pied qu’à cheval, les chemins boueux et glissants, qui aboutissent à la Turbie, risquerait de se casser le cou.

Comme, aussi,  il n’est pas aussi aisé qu’on le pense, de s’embarquer lorsque l’impétuosité des vagues, se brisant contre les écueils de la côte, empêche les embarcations d’aborder à la grève.

Quoi qu’il en soit, je ne me permet cette remarque, que comme une simple notice historique, indispensable au voyageur. Pour mon compte, je ne serais que trop heureux de me trouver souvent ainsi, bloqué à Saint Laurent.

Toutefois, en dépit d’un Ciel menaçant et pluvieux, nous en partîmes après un séjour de huit jours. Nos dames, véritables lionnes du désert, si non du monde bruyant, n’eurent garde de braver les élémens pour nous accompagner jusqu’au petit pont de rondins (le pontin) jeté en  travers du vallon, aux pieds du Santo.

C’est là qu’elles nous firent leurs adieux, tandis que nous gravissions sur nos mules, le coteau escarpé.

Aussitôt que la cavalcade eut abordé au plateau, je me tournai en arrière, en m’appuyant sur les arçons saillants de la selle monstre où j’étais engouffré, pour voir, encore une fois ce ciel, cette mer, et cette terre hospitalière de Saint Laurent, où j’avais oublié pendant huit jours, bien des douleurs et d’amers resouvenirs.

 

Nous descendîmes à Nice par la grande route de la Turbie. Tout d’abord, nous fûmes absorbés par le superbe panorama de la mer. Au dessous de nous, nous apercevions à vol d’oiseau, Villefranche, Beaulieu, et Saint Hospice. Puis le petit golfe qui s’appelle la mer d’Esa, ainsi que le pain de sucre, sur le sommet duquel, les ruines du Château du même nom, attirent l’attention du voyageur ; soit par l’excentricité de leur position, que par l’étrangeté de leurs formes, se découpant dans les airs, bizarres et indéfinies.

La grande route serpente tout autour de ce nid d’aigle. Sur ce dernier, une Eglise entourée de quelques masures, surgit dans l’isolement, suspendue entre le ciel et la mer.

Esa était jadis une formidable Châtellenie des Lascaris. Tout autant à l’abri, par sa position, des attaques des terres et des mers, un pareil poste n’avait rien à craindre, rien… que la foudre !

Maintenant, ce pic n’est plus qu’un magnifique et pittoresque hasard de la nature !

Quelques instants après, un spectacle non moins ravissant, frappa nos regards. C’était la riante Vallée du Paglione, rehaussée par sa tapisserie d’orangers, de grenadiers, de cyprès, d’oliviers, de cactus et d’aloès. C’est une mer de verdure à perte de vue, bornée d’un côté par les hauteurs de Cimié, et par la perspective de la ville de Nice, de l’autre.

Celle-ci s’élance du sein de ses jardins embaumés et semblable à une ceinture festonnée, en face, à la base, le rocher du Château, lequel s’élevant  comme un colosse décapité au dessus des clochers de la ville, domine la mer et fait pendant au vieux Château de Montalban, situé sur le point culminant de la côte.

C’est depuis la route qui descend de la Turbie qu’il faut voir la perspective de Nice. C’est de là qu’on découvre cet horizon immense, que les côtes de France bornent à l’ouest, et que l’espace achève en tous sens. C’est bien là que L’art, quelle que soit la valeur de l’Artiste, se trouvera toujours en défaut.